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JeHan, du 2 mars au Dimey

Jehan à la Buissonnière (photos Babette Richard)

JeHan à la Buissonnière (photos Babette Richard)

2 mars 2019, Auberge de La Buissonnière à Courzieu,

 

C’était il y a vingt ans, la sortie du disque Divin Dimey, par JeHan : une pierre – que dis-je, un menhir ! – posée dans le champ de la chanson. Disque mémorable, vite épuisé, qu’EPM vient de ressortir, et NosEnchanteurs n’y est pas pour rien. JeHan reprend la route, seul à la guitare, pour toujours fleurir les vers de Bernard Dimey, les arroser d’eau ou de vin : « Si tu me payes un verre, on ira jusqu’au bout / Nous referons le monde, oscillants mais debout ».

Nous sommes à La Buissonnière, un des antres de Paccoud, là où en juillet se tient le (fameux) Festival des fromages de chèvre. Délicieux resto où les tables cèdent la place au public à l’approche des premières chansons. Un cadre rustique, familier, chaleureux, une bonne adresse pour qui aime les paroles et musiques.

JeHan y est chanteur. Et tout autant conteur, raconteur. Ses bras, ses yeux, parlent abondamment. De Dimey, qu’il n’a pas connu ; de Nougaro, qu’il a côtoyé de près… De Leprest aussi à qui il réserve ses rappels, explorant des titres peu connus, de jeunesse. Trois personnages haut en couleurs, qui animent la voix et le regard de JeHan, l’habitent. JeHan n’est ici qu’interprète, un des meilleurs dit-on. Sa voix est rocailleuse, majestueuse : « Si j’ai la voix qui déraille / C’est que l’alcool est doux au guerrier ». Il a fait ses guerres et guerroie encore mais c’est Dimey qui boit. Puis Leprest : « Dans quels verres faut-il que je verse ce vin que vous ne boirez plus ? » 

Jehan 6Les mots de Dimey sont en eux-mêmes des pierres précieuses, encore faut-il être joaillier pour les dire, les chanter. JeHan est orfèvre en la matière qui sait les magnifier plus encore, incarnant les personnages qui y vivent, aiment, doutent et meurent dedans. « Allume un grand feu qui se voit de loin / Et viens m’attendre au bord du chemin / Arrivez nombreux, préviens les copains / Je suis heureux, je reviens demain / J’ai tout vu, tout connu / J’ai tout gagné, tout perdu… »

Oh, cette main qui se ballade et virevolte sur les cordes de la guitare, les frôlant d’une manière insolite. Et ces expressions qui se succèdent au visage du chanteur, qui déjà trahissent les mots qui vont suivre, la dramaturgie, le plaisir, la malice, l’envie, le désir… « Avec un cul comm’ ça, si tu fais pas fortune / Ou bien ce s’ra la flemme ou bien ce s’ra qu’t’es con ! Va-t-en un peu l’offrir un peu le soir au clair de lune / Et tu verras ma sœur si c’est moi qu’ai raison ». Si désirables soient-elles, y’a pas que des femmes qui s’illustrent dans la faune de Dimey. Tenez, comme cet « enfant dressé sur les places publiques ». Ou ce Frédo, hélas coupable : « Bref il avait qu´des qualités / Ça fait mal quand on l´imagine / En train d´basculer sous l´couteau / De leur saloperie d´guillotine / Un mec aussi gentil qu´Frédo ». Y’a d’la vie, toujours et de partout, même aux derniers instants.

3540139870077A croire que Dimey s’en laissait conter : JeHan nous régale de ses vers orphelins de notes, de cette prose sans nulle musique. « Tu viens c’t’ après-midi à la crucifixion ? / T’as qu’à v’nir avec moi, ça t’chang’ra les idées ! / Ta bergère est pas là, profit’de l’occasion / Moi j’ai prév’nu Lévy que j ’prenais ma journée / J’y ai dit « j’veux voir ça, et pis j’ai mes raisons ! » Ça et L’histoire de France d’ivrogne, deux grands classiques qui à eux seuls animeraient une telle veillée.

Délicieuse soirée, drôle et recueillie à la fois. La voix est un rien hypnotique, qui unit le rugueux et le doux au service d’un répertoire splendide : « Je ne crois pas en Dieu mais j’aime les églises / Et ce soir je repense au gisant vénitien / Qui me ressemblait tant… » Pour peu on appuierait la touche replay pour se donner du rab de plaisir, pour prolonger du 2 mars au Dimey, presque éternellement.

 

JeHan, Divin Dimey, réédition EPM 2019. Le facebook de JeHan, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Pour commander le CD, c’est ici. JeHan en concert à A Thou bout d’Chant, à Lyon, les 8 et 9 mars 2019.

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Une réponse à JeHan, du 2 mars au Dimey

  1. Max Robert 27 décembre 2019 à 23 h 00 min

    Vu dans un festival il y a pas mal de temps cet artiste m’avait subjugué… Heureux de voir (trop tard car je ne connaissais pas encore l’existence de ce site ) qu’il donne des concerts. Encore un banni des « grandes » radios. Je ne parle même pas de la télé où qui connaît Dimey !

    Répondre

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