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Christian Paccoud & le Sister System : des petits riens qui font un grand tout

Christian Paccoud et le Sister System (photo Patrice Aurand)

Christian Paccoud et le Sister System (photo Patrice Aurand)

Vous connaissez Christian Paccoud, l’un des plus beaux fleurons de la chanson populaire, dans la définition même du populaire : « qui émane du peuple », « propre au peuple ». A ne pas confondre avec populeux, encore moins populiste : y’a d’autres chanteurs pour ça, ils sont même nombreux.

Ça fait dix ans que Paccoud co-anime le Sister System (jadis ça s’appelait les Sœurs Sisters mais le nom devait être déjà pris), quatre chanteuses (ici Eléna Josse, Aurélie Miermont, Sophie Plattner et Armelle Dumoulin). Quatre femmes, et l’accordéoniste-chanteur, qui, souvent par des chants en apparence légers, valses et airs entrainants, font le récit de nos vies, de notre société. Et, en creux, disent la colère, la révolte qui gronde. Légers, oui, comme une fête qui se prépare : « On a planté sur la colline aux herbes folles / Un chapiteau à ciel ouvert et sans patron / Et sous les feux des projecteurs et des lucioles / Les acrobates des coups de gueule et des chansons / Les petits riens font le grand tout sous les lampions ». Longtemps, Paccoud a gueulé la révolte comme rarement on l’a fait, le poing levé, le nez au vent, qui plus est avec une telle force, un tel talent. A lui tout seul il a donné, s’il le fallait, ses lettres de noblesse au terme « chanson engagée » qui fait tant frémir d’horreur les programmateurs à la botte du pouvoir, aux journalistes borgnes et sourds qui ne peuvent voir en la chanson que d’agréables ritournelles écervelées.

paccoud sister systemLe chant est cette fois-ci partagé, quintuplé. Toujours et plus que jamais la même humilité, la même humanité. Ils sont finalement rares ceux qui tentent de consigner le temps présent, de témoigner. C’est travail d’historiens puisé dans cette misère qu’on veut justement taire. Lui, elles, la mettent en chansons pour mieux la colporter, la dénoncer, qui plus est de de jolies mélodies pour qu’elles s’insinuent à nos oreilles.

A écouter le Sister System, on se croirait presque dans une comédie musicale faite d’insolites matériaux : c’est la comédie des gueux, des réprouvés, des licenciés, de ceux qui couchent dehors, bûcherons de la garde et enfants de la mire. C’est la vie des exclus, celle qui nous reste à vivre et va venir vu comme les choses vont. Sans doute celle des manifestants roués de coups. Paccoud fait même saison 2 de son Avenue du Dragon, presque vingt ans après, « dans la file qui mène à la soupe », comme quoi rien n’a changé, tout a empiré : « Voilà c’est Paul / Qui se noie / Dans la masse / Dans le froid des lèvres en gerçures / Le temps se noue / Quand les lacets / Se cassent / Quand les pieds rêvent de sinécures ».

Ce que nous disions de Paccoud et des « Sœurs Sisters » en 2012 : « Étonnant spectacle, vraiment, où on admire et on guette les Sœurs Sisters dans leurs évolutions, où on attend le chant majeur de Paccoud qui ajoute à la plainte de ses consœurs, où on se délecte de chansons abouties comme rarement, d’une infinie musicalité... Dont on aime le cri, aussi fort, aussi insupportable, aussi beau aussi qu’une toile de Munch. J’ai souvent parlé, ici ou en d’autres lieux, d’autres supports, de Christian Paccoud, de ce chant déchirant, sans recours, sans répit. Ce que Paccoud chante cette fois-ci n’est pas de lui, mais c’est pareil, tout comme. Et ce chant est important. Essentiel. Bouleversant, géant. La vérité sort de la bouche de ce chant. »

Ce que nous disions de Paccoud et des « Sœurs Sisters » en 2012 :
« Étonnant spectacle, vraiment, où on admire et on guette les Sœurs Sisters dans leurs évolutions, où on attend le chant majeur de Paccoud qui ajoute à la plainte de ses consœurs, où on se délecte de chansons abouties comme rarement, d’une infinie musicalité… Dont on aime le cri, aussi fort, aussi insupportable, aussi beau aussi qu’une toile de Munch. J’ai souvent parlé, ici ou en d’autres lieux, d’autres supports, de Christian Paccoud, de ce chant déchirant, sans recours, sans répit. Ce que Paccoud chante cette fois-ci n’est pas de lui, mais c’est pareil, tout comme. Et ce chant est important. Essentiel. Bouleversant, géant. La vérité sort de la bouche de ce chant. »

Disons-le tout net, ce disque est un enchantement qui n’a d’égal que les fleurs sauvages au printemps. Tant qu’à peine sorti des presses, il peut et doit être une des pièces incontournables de votre discothèque, pas pour rester sagement sur l’étagère, mais pour le faire écouter, le partager. Pour en reprendre les chansons. Il nous dit, nous rappelle qu’on peut se révolter en chantant, que la chanson ça sert à ça. Même le samedi sous les lacrymos. Avec enthousiasme, comme une ode à la vie, à l’amour. Il donne même envie d’à nouveau se parler : « Qui ranimera, qui refleurira, qui réchauffera / Les mots d’amours gelés / L’Humanité fait la belle / On se clique et on s’appelle / Plus on se parle et plus on se tait / Le mot de liberté / Se taille sa prison / On avance en numéraire / On ingère et on digère / On a du mal à passer / Devant les humiliés / Du goudron ».

J’vous dis ça, j’dis rien mais, avant de s’achever, ce disque nous offre par la voix d’Armelle Dumoulin une chanson jusqu’ici inédite d’Allain Leprest, mise en musique par Paccoud, Le Cimetière des trains : « J’ai écrit mes réservations / Sur le guichet de mes chansons / Mes rimes et mes rames font grève / Votre long amour fut un rêve / Et qu’on fleurisse mon jardin / Dans le cimetière des trains ». Salut au cheminot qui chemine tout là-haut.

 

Paccoud et Le Sister System, Le Grand tout, autoproduit/Le Furieux 2019. Le site de Christian Paccoud (à la page des Sister System), c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est ici.

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Une réponse à Christian Paccoud & le Sister System : des petits riens qui font un grand tout

  1. criccraccroc 26 mars 2019 à 16 h 43 min

    Il passe à ST ETIENNE le 30-3 !

    Répondre

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