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Frédéric Bobin et Hélène Piris, double ration d’émotion

Fred Bobin et Hélène Piris MJC de Venelles 2019 ©N. Blanchard

Fred Bobin et Hélène Piris MJC de Venelles 2019 (photos ©Nicolas Blanchard)

27 avril 2019, Frédéric Bobin, Hélène Piris, Les larmes d’or, MJC Venelles (en coplateau avec François Gaillard et Marie Bobin),

 

Après le voyage fait d’itinérances et de rencontres de François Gaillard et Marie Bobin, voici le deuxième plateau de cette soirée inoubliable des quinze ans de la MJC, Frédéric Bobin (qui n’est pas apparenté à Marie, mais complice de nombreuses créations artistiques avec François), à la guitare, et Hélène Piris au violoncelle, versant des Larmes d’or sur notre époque décadente.

En 2015 Frédéric était venu à la MJC en trio pour défendre son deuxième album, le voici de retour en duo masculin-féminin dans un très bel accord. Le récital puise aussi dans les deux opus précédents. Quel plaisir de retrouver ces grands classiques : Ce siècle avait deux ans, qui sonne comme une déclaration d’amour :  « Juste deux cœurs qui planent / Dans un monde incertain » .
La vieille ouvrière,
Le Creusot, lente, rythmée et dissonante, où le ralentissement progressif des machines est magnifiquement rendu par la guitare, dans la lignée des plus belles chansons consacrées à la mort de ces villes, au désarroi de ces ouvriers dont les mains d’or ne semblent plus être là que pour se tordre ou pour mendier. Saint-Etienne de Lavilliers, la (les) ville de l’Est pour Frasiak, et de Fred lui-même celle dont l’usine a foutu le camp à Singapour. Et dont le périph n’abrite que les désillusions d’une Tatiana venue chercher en vain la liberté.
Et puis
Joe de Georgie occasion d’un beau solo de guitare, profond et mélancolique comme le sujet, les vétérans des guerres, de l’Europe au Viet-Nam. « Le corps irradié, une jambe en moins et tu es radié (…) tu t’installes sur un vieux carton ». On pense au Lieutenant Dan… Et lorsque soudain s’élève la plainte de l’archet sur le violoncelle, l’émotion est à son comble.

BOBIN Guit élec MJC 2019 N BlanchardLe concert démarre comme l’album, et prend beaucoup d’intensité dans cette configuration resserrée où le violoncelle donne de la profondeur aux guitares, tantôt acoustique, tantôt électrique. Le folk-rock de Bobin prend des allures lyriques, un relief particulier, la voix claire d’Hélène fait écho à celle, chaleureuse et douce, de Fred, avec des silences, des parties presque à cappella, des duos à bouche fermée, des riff électriques et des cordes pincées.

Plongée dans un grand bain de douceur, dès que Le soir tombe…et je n’ai pas changé le monde. Nous sommes emportés dans cette tendresse mélancolique, le violoncelle épousant parfaitement les doux arpèges de la musique. Les lumières bleues dessinent les silhouettes à contre jour, tous deux de noirs vêtus, elle avec son joli turban qui la fait ressembler à la jeune fille à la perle, lui aux longues jambes de folkman. Cette chanson chantée a cappella, La maison de mon grand-père, fait d’ailleurs surgir des images à la Hopper.

PIRIS Hélène MJC 2019 NBlanchardFred chante aussi les souvenirs de vie qui défilent comme En super 8, les amours parties ou éphémères, « Que sont mes amoureuses devenues… » clin d’œil à la poésie médiévale, regrettant La vie qu’on aurait pu vivre sur de belles sonorités rock. « Avant toi jamais je n’aimais, avant toi jamais, les escales exquises » sont l’occasion d’un duo amoureux évoquant joliment des étreintes intermittentes.

Tant qu’il y aura des hommes dépeint toutes les horreurs créés par les hommes, guerres, prisons, violences et filles maudites…, laissant pourtant une ouverture : « Et pour un géranium qui pousse dans les charniers / Tant qu’il y aura des hommes, on pourra espérer ».
Car les messages restent doux, et Sinbad, voyageur fatigué, éternel nomade, cherche son refuge, dans une semi obscurité où seul luit le violoncelle profond.
Quand Hélène se lève pour jouer de son instrument à cordes pincées, les gouttes d’eau s’égrènent sur les deux instruments, tandis qu’elle renforce subtilement la voix de Frédéric : « Oh revenus de guerre, revenus de tout (…) on cherche un autre eldorado, une goutte d’eau ».
Une émotion toute française dans cette belle interprétation de l’écriture de Philippe Bobin, frère et alter-ego de Fred, une pincée d’humour, une louchée de tendresse, qui se combine avec un folk aérien, où malgré tout l’espoir surgit de la mélancolie.

BOBIN GAILLARD MJC 2019 NBlanchardEn rappel Les larmes d’or, douce berceuse qui transforme les chagrins en doux refrain

Puis, agréable habitude avec les co-plateaux, Fred Bobin et François Gaillard décident de nous donner en cadeau Deuxième génération (Slimane) et Mistral gagnant de Renaud.
Pas de souci à se faire pour ses chansons : il est de sensibles interprètes pour les faire vivre et vibrer avec leur cœur, et d’autres se lèveront pour les faire courir dans les rues…


Après une escale parisienne le 12, Frederic Bobin poursuit ses concerts, le dimanche 26 mai 2019 à Lyon, autres dates sur son site.

 

Tant qu’il y aura des hommes, Une vidéo saisie au cours des Journées Marc Robine en juillet 2018 à Volvic par une grande amatrice de chanson, Martine Fargeix.
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La vieille ouvrière (2009)en 2015 au Backstage.
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Mistral gagnant Frédéric Bobin et François Gaillard à Mâcon en 2018.
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