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MPL, la quête d’une accessible étoile

MPL - Photo Xavier Lours

MPL - Photo Xavier Lours

Un groupe concept, un album concept. Est-ce que ça vous fait peur ? Vous auriez tort. Voici un des albums de l’année, non une suite de chansons enchaînant les thèmes à la recherche d’un style ou une cohérence, mais une de ces œuvres totales racontant, sinon une histoire, du moins une expérience émotionnelle. Le genre d’album dont on ressort changé, remué en profondeur. Comme dans un opéra, il y a une ouverture musicale, un grand maître de cérémonie aussi, le gourou Arthur Dagallier, dont la voix grave annonce la couleur : « Je vous vois mes ami·e·s / remonter ensemble la pente / Vous souffrez trop du manque d’elle / Et votre allure est lente. » MPL (1), ce sont cinq ami.e.s d’enfance, où Lucette joue le rôle de Paulette, en tête sur sa bicyclette (plutôt en danseuse…), devant quatre garçons éblouis : « On était tous amoureux d’elle / On se sentait pousser des ailes ». Et puis, en 2012, Lucette est partie. Alors les amis orphelins ont décidé de la faire vivre dans un groupe, recréant un monde où Lulu serait toujours là avec eux, et c’est un premier album en 2015 (2), une centaine de concerts, et cinq ans plus tard, un nouvel album pour leur étoile. « La nostalgie est la seule émotion véritable ».

Sur la forme, du parlé à la Fauve, avec la voix de Cédric Bouteiller, immédiatement identifiable, claire et voilée, articulée, parfois chantée, et les chœurs de Manu (Manuel Rouzier) et Julien (Abitbol), tous deux à la guitare, et Andreas (Radwan), à la basse, qui n’hésitent pas à donner de la voix dans des harmonies riches, souvent chorales, quelquefois lyriques, parfois traitées d’effets subtils jamais dénués de sens. 
Complété avec les beaux violons du studio. Une musique aussi éternelle que parfaitement contemporaine, dans ce rock véritablement indépendant, mélodique, lumineux, où les sons électro répondent aux glissements des cordes, où les rythmes voyagent, parfois jusqu’aux Caraïbes. Le sens et le son, c’est ce type de musique qu’on devrait qualifier de « french touch ». 

MPL 2020 L-etoileLe texte est un récit épique et libre, où les mots, simples, content avec une force descriptive, poétisent dans leur commotion. Nous embarquons dans de mystérieuses abysses, à la recherche d’une faille insondable, de ces bulles qui venaient troubler le silence : « Qui veut voyager loin ménage ses blessures ». Des blessures que Cédric n’hésite pas à creuser jusqu’à l’os, jusqu’aux Cendres, dans une mélancolie à la fois profonde et légère, à l’ascension de la montagne : « Le vent se gonfle des âmes qui gisaient là depuis longtemps  ». Les malheurs se préparent : « Tu divagues-vague / dans le wagon-wagon / Ton regard dans le vague / en dit long, en dit long ! ». Dans une belle atmosphère aquatique, il revisite le mythe de Narcisse à Valdrade, inquiétante ville dont les habitants ne se reconnaissent plus dans leur reflet dans l’eau. Et pour atteindre les cimes protectrices il nous l’avoue : « Je vois la vie en or j’ai tout plaqué or j’ai tout plaqué ! ».

L’amour, le bel amour, suscite les
images cinématographiques de champ-contrechamp, des jeux de sons, de sens, avec cette M-A-espace-M-I-E décliné un peu à la façon d’un Gainsbourg, mais sans son cynisme. Toujours ce goût des mots et des allitérations, ce jeu de rôles avec cette extraordinaire ECDT« Je suis en chien de toi / Je veux ma tête posée sur tes genoux. » et cet aveu si rare : « Je suis possédé·e par des pensées tendres / Je suis dans tous mes états de t’attendre. ». Et puis ce conte moderne, si craquant dans sa naïveté, bien dans la veine du dessin animé français (encore une « touche française » !), de ce gentil amoureux qui s’enflamme à chaque fois : « Moi j’me tatoue que des cœurs moi ! / Que des cœurs ! », avec cette chute que je vous laisse le soin de découvrir.

Un album si original qu’on a bien envie d’en reprendre plusieurs fois, entre balade initiatique et nostalgique, réminiscences de chanson traditionnelle ou exotique, pointe d’humour – la tempête Joséphine : « Un nom d’humain ! Pas étonnant…/ Qu’elles cassent tout ! » – , rap sensible et virtuose, berceuse consolante, un hymne à la vie. Et une joie dans la mélancolie, une fraîcheur de sentiment bienvenues. Qui se termine par une douce profession de foi, Jouir, et si vous savez entendre la mer dans les coquillages, par un cadeau précieux sur les ailes du vent. Merci à eux.

MPL – L’étoile, autoproduit 2020. 

Existe en double vinyle ou en album carton illustré incluant un poster, à commander de préférence sur leur site.

(1) Ma pauvre Lucette
(2) Paroles et tablatures sur leur site, merci qui ?

 

 

MPL sera en concert à La Cigale à Paris le 23 novembre 2020.
L’album fait l’objet d’une suite de vidéos, huit à ce jour, qui font autant partie de l’aventure que l’album et les scènes. Par exemple (mais il faut tout regarder !):

Le mystère abyssal
Image de prévisualisation YouTube
Paysage
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Wagon-Wagon
Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à MPL, la quête d’une accessible étoile

  1. Agnès André 22 avril 2020 à 3 h 02 min

    Oui, très belle découverte pour moi. Je ne suis pas fan de tous leurs titres, mais je dois me rendre devant les paroles et le style (les styles) de l’ensemble qui n’ont rien à voir avec du prémâché. Et il est certain que le Fauve n’est pas loin en leurs lignes…
    Merci pour cet article!

    Répondre

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