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Patrizia Poli : comment va le monde ?

Patrizia Poli et Pascal Arroyo (photos Dominique Degli-Esposti)

Patrizia Poli et Pascal Arroyo (photos Dominique Degli-Esposti)

« A mio isula hà inventatu u mare / A mio isula salvatica è fiera… [Mon île a inventé la mer / Mon île si sauvage et si fière...] » Étrange et séduisant, ce nouvel album de la Bastiaise Patrizia Poli, chanteuse qui, naguère, créa tant les Nouvelles Polyphonies Corses que pas mal d’autres formations insulaires, comme E Duie Patrizie, ou le trio Soledonna (avec sa soeur Lydia et sa complice de toujours Patrizia Gattaceca). Ça a beau être un disque de chansons corses, il sonne bien plus large que sa stricte terre natale ; l’identité est plus forte encore, gagne d’autres rives, chaloupe sur la mer, tangote à la lune et diffuse ses parfums. Parfums de femme sans nul doute, parfums d’amour, parfums de combats. De luttes : celles de son île comme celles de ces femmes musulmanes, juives, chrétiennes ou athées qui défilent pour la paix en Israël et en Palestine (Donna Surella). Parfums d’universel, d’intemporel, d’une terre en résonance avec d’autres terres. Ça fait bien longtemps que le chant profond de Patrizia Poli résonne à l’unisson d’autres grandes voix féminines de par le monde. Est-ce parce que, récemment, elle a travaillé avec Teófilo Chantre, parolier de Cesaria Evora, toujours est-il que dans sa voix corse on sent poindre celle de la Cap-Verdienne… A moins que ce ne soit l’empreinte, évidente, de Bernard Lavilliers, toujours bien présente. Deux titres de Lavilliers dans cet opus (et des notes cousines dans d’autres titres), dont on connaît son attachement à la Corse, ami de longue date de Patrizia. Un inédit offert à la chanteuse, seule chanson ici entièrement en français, Les hommes, (auto)portrait peu flatteur pour ceux-ci. Et la reprise, en langue corse, d’État des lieux : « Cume và u mondu ? Hè rossu sangue, è hâ da durà, a ti dicu franca [Comment va le monde ? Il est rouge sang / Et à mon avis, il l’est pour longtemps] ». Lavilliers a mis en scène il y a cinq ans tout un spectacle pour Patrizia Poli, donné (une fois seulement) au Théâtre de Bastia. Pascal Arroyo, ancien compagnon de route de Lavilliers, par ailleurs compagnon de Patrizia, signe comme compositeur pas moins de six titres de cet album.

870x489_sans_titre-5En solo comme en groupe, la citoyenne du monde qu’est Patrizia Poli a toujours chanté ses indignations face aux dérives et aux injustices de notre société. Nulle surprise donc à ce que son chant rencontre celui d’autres révolté-e-s, qui plus est d’un égal talent ; nulle surprise à ce qu’il gagne le large.

« È ballà è campà a vita qui subitu avà / È traccià l’infinitu memoria chi và… [Danser et vivre la vie ici et maintenant / Tracer l’infini, mémoire en voyage...] » Chant universel pour opus fragile, magnifique. Ce disque dédié « à Nilda », autre de ses fameux amis, charrie des vers de bon sens ciselés dans les plus fins des minéraux. Tous les titres y sont joyaux, et Prigione [Prison] le plus beau des coraux, qui évoque ces « étranges, étrangers, passagers / qui espèrent le salut, s’agrippent au navire / quand la tempête faire rage… » La tristesse y est définitivement belle.

 

Patrizia Poli, Versuniversu, Coda Media 219. Le site de Patrizia Poli, c’est ici. On peut commander ce disque ici.

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