CMS

André Labeur, 1948-2020

André Labeur photo d'archives ©Philippe Petit

André Labeur photo d’archives ©Philippe Petit

André Labeur nous a quittés fin juillet. Ancien instituteur, formé à l’Ecole normale d’instituteur de Melun, ayant fait sa carrière en région parisienne, il revenait régulièrement  se ressourcer en son pays, Lavelanet en Ariège, dans la maison de sa naissance, celle de son père Roger Labeur, figure du Stade Lavelanetien (Rugby) du temps de son plus grand essor, étant lui-même rugbyman. Il était également très impliqué dans le club de vélo local, et avait publié son premier livre, La mine des cuivres, un conte philosophique plein de rebondissements où un couple d’ogres représente l’altérité. Un récit qui promène son scénario entre deux guerres mondiales, une forêt, et le monde de la musique, entre cuivres et violon, qui représente la résistance au monde du profit, du racisme et de la belligérance :

«  La musique ! La voilà, l’idée. Voilà comment nous allons exprimer notre résistance, notre combat… Par la musique! »

Il avait renoué avec ses passions, la guitare et la composition, l’écriture et chanson. Il interprétait les grands de la chanson et de la poésie, mais en choisissant souvent des pépites moins connues auxquelles il pouvait apporter une nouvelle existence tout en y imprimant son empreinte. De Brassens – dont il avait mis en musique des textes inédits, comme
Une petite Eve en trop  - à Aznavour (Ecoutez sa Mamma) en passant par Dimey, Trenet ou Ferrat…, et de tous les plus grands de la chanson, et ses propres créations.
Tous les Brassensophiles se souviennent notamment de sa participation à l’Intégrale Brassens avec Marie Volta, mais on le retrouvait sur d’autres scènes de Marrakech à Amsterdam, en Allemagne ou en Belgique, en Bretagne, au théâtre d’Orange, à Perpignan et dans les cabarets parisiens. Il aimait chanter des chansons moins connues de Brassens, des chansons hors album, voire inédites, comme
Le petit fils d’Œdipe dans le registre paillard, ou La pacifiste, toutes deux composées par Jacques Muñoz, ou Tant qu’il y a des Pyrénéesdans l’engagement. On le retrouvait également engagé dans la cause des femmes, avec la chanson Femmes battues de Pierre Perret ou Il y aura toujours de Marie Volta. 
Il interprétait tous ses titres de sa voix tour à tour douce ou éclatante, avec justesse, délicatesse et émotion, et c’est particulièrement émouvant de l’entendre par exemple, sur
La vieillesse de Moustaki.  Et puis une chanson inspirée du célèbre tableau de Fragonard, le Verrou, des enseignants Laurent Pautrat et Stéphane Delettrez, un bijou, tant pis si l’image est mauvaise.

Ses compositions allaient de l’émotion d’Au fond des yeux , Ma femme ou On a volé l’homme qui marche à l’hommage slammé au passé textile de son pays, avec Rue Victor Hugo.  

En 2012 il était programmé à Festiv’Art dans sa bonne ville de Lavelanet – où notre consœur Claude Fèvre exerçait ses talents artistiques (comédienne, conteuse, lectrice de poèmes) et d’organisation d’événements – avec d’autres artistes chers à NosEnchanteurs, tels Jeanne Plante, Garance, Nicolas Bacchus, Zorozora, Coline Malice ou Chouf en Quartet .

C’est ainsi qu’en 2012 Claude Fèvre, qui collaborait à l’époque à NosEnchanteurs, nous parlait d’André à l’occasion de la fête de la Musique : « Le père d’André chantait ; il chantait tout le temps. Il chantait en travaillant sur son métier à tisser. C’est pour cet homme là qu’André a pris un jour une guitare et s’est mis à chanter. Aujourd’hui il rassemble dans sa cour, qui porte le doux nom de Place des Louisous, quatre vingt personnes : les cousins, les neveux, les amis… pas un ne manque à l’appel ! (…) André a offert une quinzaine de titres, variant les registres et les auteurs, l’incontournable Brassens (dans une chanson peu connue : Jeanne Martin), Trenet, Queneau, Dimey, Louki, Ferrat… sans oublier ses propres chansons. C’est sur la bonne humeur, avec le Cul de ma sœur de Bernard Dimey, qu’André termine après avoir si délicatement improvisé sur le poème de Prévert que je préfère : Dans ma maison.
Dans la petite cour tout le monde s’embrasse, se salue, félicite André pendant que nous nous régalons d’oreillettes accompagnées d’une Blanquette de Limoux. »

Tous les ans, et jusqu’en 2019, il a été fidèle à la fête de la Musique à Lavelanet dont il était le pilier dans sa Place des Louisous. En mars il chantait son testament musical avec les marins de la Noue à Vaux le Pénil près de Melun, voulant encore et toujours croire à la vie. « Un personnage généreux et très attachant ».

Le profil facebook d’André Labeur.

Voleur de vie, au Festival Chants marins de Vaux Le Pénil en mars 2020 (les marins de la Noue)Image de prévisualisation YouTube
Sur le pressoir (La tordue) Image de prévisualisation YouTube
Clémentine (Jean Rougeul/Christiane Verger pour Yves Montand) Image de prévisualisation YouTube

Ce 15 août 2020 nous rajoutons cette chanson de Maurice Lellieux qui vient d’être mise en ligne (audio), La mort n’existe pas (musique André Labeur)
Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à André Labeur, 1948-2020

  1. MARIETTE Michel 11 août 2020 à 11 h 31 min

    Bravo pour ce très joli « papier ».
    Digne de lui .
    bien cordialement.
    Michel .

    Répondre
  2. Maurice Leullieux 22 août 2020 à 13 h 16 min

    Merci d’avoir publié la chanson que j’ai eu plaisir, il y a trois ans maintenant, de transmettre les paroles à André qui en a fait une très belle chanson presque prémonitoire malheureusement.
    Maurice

    Répondre
  3. Marc Havet 11 septembre 2020 à 20 h 33 min

    André et moi, nous avions chanté en duo, de Brassens : « Ce n’est pas tout d’être mon père » avec une joie partagée aux Intégrales Brassens.Il était venu dans notre cabaret Au Magique chanter des chansons de Paul Villaz assez méconnues et il en communiquait la truculence. Lui aussi, il invitait des artistes à chanter à « Graines de café » à Acheres. Salut André, sacré Voleur de vie !

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives