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Emmanuel Della Torre, « amérisques et périls »

Emmanuel Della Torre

Emmanuel Della Torre (photo de presse fournie par l’artiste)

« J’ai enterré ma hache de guerre, chassé l’esprit de vengeance / Laissé s’éloigner mes repères sur un long serpent de silence… »

Si je vous dis qu’Emmanuel Della Torre se la joue Ouest américain, vous ne pourrez que vous en réjouir, maintenant que les nouvelles venues des States renouent enfin avec le sourire et l’espoir, même si deux States se retrouvent face à face, pour l’heure difficilement réconciliables. Oui, mais c’est d’un Ouest mythique qu’il s’agit ici, quand tout était encore possible, d’un mythe porté sur l’écran blanc de nos nuits noires par la crème de la cinématographie, de John Ford à Howard Hawks, de John Wayne à Steve McQueen, même parfois cuisinée aux spaghettis. Emmanuel Della Torre, émérite songwriter d’Île-de-France, se la joue western. Mieux, il se le chante, se l’enchante. On dit même qu’il chante plus vite que son ombre…

Et nous écoutons ça comme on lirait une bonne bédé, un Blueberry, un Mac Coy, un Lucky Luke, un Jerry Spring. Ça pourrait en être la bande-son, même parfois dans les rêves du sergent Cornélius M. Chesterfield et du caporal Blutch, dans les pages colorées des Tuniques bleues.

« L’ange noir, John l’évangile / Colts à la ceinture / Le canyon serpentine / La faucheuse murmure : / I come from my home sweet home / From my home sweet home ». Certes, vous me direz que Della Torre n’a pas assez la voix rongée par le mauvais alcool et le tabac, façon Philippe Léotard ou Tom Waits. Mais elle n’en a pas moins une folle élégance si peu que vous daignez vous mettre sur sa fréquence. « Une voix douce » me souffle mon estimée consœur Catherine Laugier, et c’est tout à fait ça, qui emporte sans mal notre adhésion. La rencontre d’un folk roots intimiste et d’une pop mélodique 70’s, fruit de la complicité entre Emmanuel Della Tore et Renaud Lemaître.

De « love me tender », « tambourine man » à « i am a poor lonesome cowboy », c’est aussi festival de références piquées à la chanson, au cinoche, à la bédé. De clins d’œil. Sinon nos valeurs au moins notre culture commune, comme un jeu, un parcours fléché, ludique à souhait. Et des bons mots qui généreusement parsèment les textes : « Je lézarde sur les murs de pierres, au soleil en bord de rivière / Amérisques et périls, Amérisques inutiles. »

a1440014409_10Ce disque ressemble (je ne dois pas me tromper de beaucoup) à un rêve de gosse, comme quand au pied du sapin on reçoit sa panoplie de garçon vacher de cow-boy. Une manière sans doute de s’affranchir de ce qu’est devenu ce monde, parfois de l’évoquer, le suggérer, à travers ce philtre mythique. De vivre l’aventure, la vraie, d’États dans tous leurs états, d’Ouest en Est, du Sud au Nord, de l’ardent soleil qui vous brûle le cuir au blizzard : « On a tous un détroit dans l’âme, une lueur à la rescousse / Souffler, raviver la flamme, ignorer la mort aux trousses / Sur la piste des soleils la nuit a des allures de jour / Le jour prolonge son éveil… l’imprévu, lui, court… / Toujours »

Le folk, l’or et l’horizon : le produit est conforme à l’étiquette : « Au son du folklore, y’a l’horizon… / Au chant du croque-mort, l’Armageddon ! / Hier, les sages ont dansé à l’orée du désert / Esprit Natif a tranché : Laissons dormir l’or des rivières, l’or des rivières. »

Ce cinquième album de Della Torre (avec pas moins six EP depuis son précédent album de 2015) est un singulier et sincère dépaysement, treize titres où se côtoient et s’accordent l’intime et les grands espaces.. Une réussite.

 

Emmanuel Della Torre, Le folk, l’or et l’horizon. Autoproduit 2020. Le site d’Emmanuel Della Torre, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Laora Rosewood » : Image de prévisualisation YouTube

« From my home sweet home » : Image de prévisualisation YouTube

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