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Faby Perier, 1968-2020

Faby Périer (photo Sawicka Iza)

Faby Périer (photo Sawicka Iza)

À la suivre chaque jour ou presque sur les réseaux sociaux, nous savions son combat quotidien contre le crabe, à jouer au bras de fer contre lui avec une détermination qui, pour toujours, doit nous être une singulière leçon de vie. Treize ans de combats, peu de répits, que des victoires pour elle, qui, forcément, ne pouvaient que précéder la chute finale.

Faby Perier est morte. Bien sûr il nous faut garder la mémoire de cette femme-courage. Mais il faut aussi, plus encore, garder la mémoire de l’artiste qu’elle fut, jusqu’au bout, trouvant sans beaucoup défaillir la force d’être de surcroît chanteuse. Et écrivaine. Faby Perier était une somme de projets enthousiastes même si elle savait que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain.

Une artiste dont, depuis l’enfance (abandonnée à 2 mois, elle est enfant de la DDASS. adoptée « sans amour » l’année de ses quatre ans), la vie peut ressembler un roman fait de difficultés, d’embûches, de vents contraires : « Ma vie est devenue une source intarissable d’inspiration ; mon enfance bien entendu, les repères qu’on doit construire soi-même, les relations difficiles qui en découlent comme une fatalité, mais aussi mes enfants et l’amour indéfectible que nous avons su faire grandir, l’intolérance, la liberté, le droit des femmes… Et le cancer contre lequel je me bats depuis 2008 ».

126823711_10215198669118615_2556862645397413861_n« De 8 à 14 ans, je faisais 4 heures de musique par jour, piano et violoncelle. A 9 ans, lors d’une audition au conservatoire, j’ai découvert qu’on pouvait toucher les gens, même des inconnus,simplement en jouant un morceau avec envie. Je rêvais alors de devenir concertiste, je ne pensais qu’à ça. Je travaillais dur. Mon rêve me suivait. Mes professeurs me trouvaient très douée. Ma mère, de son côté, n’entendait que de l’incompétence. A 14 ans, elle a balancé mon violoncelle. J’ai tout arrêté. La lecture est devenue ma meilleure amie, les mots mes plus fidèles alliés. Je dévorais les livres jusqu’au petit matin. Ils m’ont beaucoup appris sur la vie, les gens, les émotions et l’amour qu’on me refusait encore. A 18 ans, j’ai dû partir. Alors j’ai fait comme j’ai pu, le système D. Des années de galères. Encore. Et puis un jour, dans un piano-bar, je rencontre un musicien qui me demande de chanter. Ce fût une révélation. Ma voix plaisait et je prenais du plaisir à partager des émotions avec le public. Partager des émotions, enfin… Pendant des années j’ai chanté dans les piano-bars, interprétant les chansons des autres, celles d’un répertoire choisi, aux textes affûtés. Puis l’envie d’écrire a pris le dessus… »

Les artistes sont des intermittents, dit-on. De quelle intermittence relevait t’elle, Faby ? De son métier de saltimbanque, des couloirs hospitaliers et des chimiothérapies ? NosEnchanteurs ne lui a consacré qu’un seul et grand papier (nous vous engageons à le re-découvrir, ici), la chronique de son dernier album : un grand disque, nul doute, qu’il faut passer sur sa platine pour la chanteuse qu’elle est, pour ses textes, pour ses musiques. Pour son art.

Il y a quelques semaines, Faby Perier a sorti un livre, La renverse (disponible chez fauves-editions.fr), où elle se raconte. Un projet parmi bien d’autres, ce n’est pas ce qui lui manquait, accrochée qu’elle était à son instinct de survie qui contrecarrait autant que faire se peut la peur : c’était d’ailleurs son moteur à l’énergie renouvelable. Celui-là a abouti, les autres resteront lettre morte. C’est une bien belle âme qui, cette nuit, s’en est allée.

 

« Ce matin-là » : Image de prévisualisation YouTube

« Mademoiselle » : Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Faby Perier, 1968-2020

  1. Ange-Pierre Ricoveri 20 novembre 2020 à 16 h 21 min

    Une belle âme, une belle artiste. Merci pour l’hommage !

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  2. Anne Lefebvre 20 novembre 2020 à 16 h 22 min

    Un hommage qui la rend proche et vivante

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  3. GINETTE MORAL 20 novembre 2020 à 17 h 01 min

    j’ai des regrets de ne pas avoir connu cette belle âme, vous nous avez fait la promesse de nous la faire entendre. Je pense à ses enfants, à ses amis, je pense aussi à ce maudit crabe qui nous fait tant souffrir.

    Répondre

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