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Jane Birkin façon Étienne Daho

Jane Birkin

Jane Birkin (photo Agnès Joffre)

Quand les douleurs et les peines ne sont plus muettes cela donne un album aux multiples facettes successivement crues et élégantes. Entre mélancolie, empathie, chagrins et mise à nu de l’intime. En tout cas loin de tout formatage. Oh ! Pardon tu dormais sorti cette première quinzaine de décembre est bien l’album le plus personnel de Jane Birkin pour les textes, porté par les musiques d’Étienne Daho et de Jean-Louis Piérot (ex Valentins). Du sur-mesure pour une artiste jamais trop sûre d’elle-même, en quête de reconnaissance et très tôt touchée par les difficultés d’autrui.

Il a fallu une dizaine d’années pour que le propos doux-amer d’un film devenu ensuite pièce de théâtre inspire des chansons. C’est au sortir d’une représentation parisienne de Oh ! Pardon tu dormais quÉtienne Daho s’était dit convaincu auprès de Jane Birkin qu’un album serait possible. Au final la persévérance a payé: « Daho m’a accouchée d’une ancienne douleur d’être, sauvée de la mélancolie et de l’inertie » reconnaît aujourd’hui Jane Birkin. Pas moins pour mesurer la portée de cette entreprise. Il y a douze ans Jane Birkin s’était essayée à l’écriture avec Enfants d’hiver. Elle passe à un stade supérieur avec l’aide d’Étienne Daho aux manettes. Il révèle une autre Jane Birkin, l’Anglaise préférée des Français.

Treize titres dont deux en anglais s’inspirent à la fois de la pièce coup de poing, une union se déchire, et de l’évocation du deuil d’une mère. Plus précisément celui de Jane Birkin pour sa fille aînée Kate prématurément disparue en 2013. Étienne Daho a « malaxé », « tissé » les textes aux lumières sombres de Jane Birkin à partir de cette double source.

Oh-Pardon-tu-dormais-Edition-LimiteeOn est d’abord surpris par le rythme enlevé de Cigarettes, un texte écrit dans un moment de chagrin intense ; chanson indécente et juste à la fois assure Jane Birkin. « Ma fille s’est foutue en l’air, et par terre on l’a retrouvée » sont les mots de l’inconsolable habillés de couleurs musicales façon Kurt Weil. Avec Ces murs épais la mélancolie donne encore le ton : « Ta vie coule de mes doigts griffés/ Perles si rouges, sauvages roses, vengées/Moi dehors, toi dessous, cri muet, muet ». Dans Jeux interdits voici les facéties de fillettes dans un petit cimetière. Ses deux filles qui se « fabriquaient des histoires… Secrètes et clandestines »

Des tempêtes sous un crâne il y en a d’autres dans cet album maîtrisé. Comme cette évocation d’une jalousie féroce « Telle est ma maladie envers toi ». Ou les fantômes de Ghosts, libérés à la façon des dessins hallucinés de Gustave Doré. A Marée haute, inspirée par la vision d’une plage du Finistère où les souvenirs submergent le présent du désamour. Textes mis en ordre par Étienne Daho, complice de cette plongée en territoire « birkinien » « Je voulais être une telle perfection pour toi », par exemple, a été écrite en compilant les phrases et expressions tirées de la pièce « Oh ! pardon ». Sorte de cadavre exquis surréaliste « fabriqué comme de la dentelle » assure l’auteure.

Pour celles et ceux qui souhaitent se replonger dans le parcours chansons de Jane Birkin, muse de Gainsbourg, Universal vient de publier un Best Of de 3 CD et un Very Best Of Vinyle.

 

Jane Birkin, Oh ! Pardon tu dormais, Kachalou/Barclay/Universal 2020. Le facebook de Jane Birkin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Concert de Jane Birkin, en direct du Studio 104, mercredi 27 janvier 2021 à 20 heures sur France-Inter.

« Les jeux interdits » : Image de prévisualisation YouTube
« Ta sentinelle » :Image de prévisualisation YouTube

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