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Les pourquoi et les comment de Julien Clerc, simple terrien

Julien Clerc (photo ©️Laurent Humbert)

Julien Clerc (photo ©️Laurent Humbert)

Hiver 2021, déjà de curieuse mémoire. Jean-Louis-Aubert, président d’honneur des 36ème Victoires de la musique, ouvre ce 12 février la cérémonie en entonnant à la guitare son célèbre Téléphonique, « Je rêvais d’un autre monde / Où la vie serait féconde ». Sans public dans la salle mais devant 200 figurants masqués, intermittents du spectacle. Testés négatifs et répartis selon les règles de distanciation. Benjamin Biolay fort de ses deux trophées (artiste masculin de l’année et album de l’année) pour le prémonitoire Grand Prix, a donné le ton : « Ça n’a pas été une année très victorieuse pour la musique ».

C’est ce même vendredi 12 qu’est sorti le nouvel album de Julien Clerc, Terrien. Le 26ème album studio où l’artiste, septuagénaire, offre son nouveau voyage, ses rêves en chansons. Déconfinant, avec ses mélodies ajustées, nos esprits préoccupés.

Comme de coutume Julien Clerc offre un album rassembleur avec les mots des autres. Les onze paroliers de cet album, quasi toutes générations réunies, lui permettent de s’inscrire dans l’air du temps. Tout en lui laissant le champ libre pour apprécier un mélodiste hors-pair et quasi intemporel. Avec une dominante disons féminine, mais sans exclusives, ces textes résonnent en écho à des sujets graves. Étonné lui-même dans un premier temps qu’on propose autant de sujets sociétaux au compositeur de Femmes je vous aime, Julien Clerc impose son tempo. Chaloupé comme dans le premier titre, Mon refuge (texte de Clara Luciani, 28 ans). Titre solaire comme une chanson d’amour, une feuille de route vagabonde : « Emmène-moi / Embrasse-moi à l’ombre des pommiers / Ce sera dimanche tous les jours de l’année / Et tu seras mon refuge où que nous allions ».

Jeanne Cherhal offre un titre fort et délicat La jeune fille en feu pour évoquer les drames des victimes d’abus sexuels. « Combien de filles en flammes / Brulées adolescentes / Sont devenues des femmes vacillantes ». Un titre que le compositeur compare à L’assassin assassiné écrit en 1980 avec un de ses fidèles paroliers aujourd’hui disparu, Jean-Loup Dabadie. Quand un écrin de mots choisis touche aussi intensément que de longues démonstrations.

6089900--terrien-le-nouvel-album-de-julien-cle-950x0-2On retiendra d’autres chansons dans le Julien Clerc label 2021, bonne étape au cœur d’une abondante discographie. Comme ce cri au sujet d’une planète menacée, La rose et le bourdon (texte du rappeur Vincha et de Baptiste Hamon). Où les nouveaux nés demandent, côté développement durable, des comptes à leurs aînés : « Pourquoi n’a-t-on rien fait ? ». Didier Barbelivien, fidèle auteur, rend hommage dans Mademoiselle aux enseignants de l’école républicaine. Terrien (texte de Bruno Guglielmi), comme en écho au livre biblique de l’Ecclésiaste, interroge toutes nos vanités et notre terre : « T’es rien qu’un point dans l’univers / Rien qu’une poussière de poussière ». Des pourquoi et des comment chantés d’une voix claire sur des arrangements fluides. Le réconfort au cœur des tempêtes, l’éclairage de l’intime, les mots d’amour, se déploient encore avec « Automne ». Bernard Lavilliers évoque les saisons plus apaisées et les silences parfumés. Marc Lavoine évoque de son côté dans Ma petite terre les Antilles liées au destin de Paul-Alain Leclerc devenu Julien Clerc. On retiendra encore Brexit (texte de Paul Ecole), chronique d’une séparation et Comment tu vas ? (texte de Marie Bastide), aux accents de pensées empathiques bien de saison. Des auteurs inspirés, des mélodies qui s’accordent, beau cadeau d’un terrien, Julien Clerc, inoxydable chercheur d’émotions qui traverse les modes depuis ses débuts, en 1968, avec le premier cercle du club des patineurs.

 

Julien Clerc, Terrien, Play Two 2021. Le site de Julien Clerc, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Disque réalisé par Marlon B. ; photo de la pochette, clin d’œil au légendaire « N°7 », signée Laurent Humbert. Tournée pour une année, si la situation le permet, l’hiver prochain, intitulée Les jours heureux.

« Mon refuge » : Image de prévisualisation YouTube

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