CMS

Bertrand Tavernier en musique et en chanson

Atelier à Lyon Photo d'illustration Pour Bertrand Tavernier ©Catherine Laugier

Atelier à Lyon – Photo d’illustration pour Bertrand Tavernier ©Catherine Laugier

Avec Bertrand Tavernier (1941-2021), nous perdons un des réalisateurs-producteurs-scénaristes de films qui ont le plus marqué le XXeme et le XIXeme siècle, un acteur, un personnage attachant curieux de tout, spécialiste du cinéma américain – et notamment du western – sur lequel il a écrit plusieurs fois (de 20 ans à…100 ans de cinéma américain, dernière version qui doit sortir en 2021) et bien sûr du cinéma français, son dernier travail étant un Voyage à travers le cinéma français, documentaire de 2016 suivi d’une série télé en 2017 totalisant plus de douze heures. Il était le président de L’Institut Lumière, cinémathèque nationale à Lyon.

Mais aussi un grand amateur de littérature, de musiques, baroque, lyrique, jazz, chanson française et anglo-saxonne… tant que sa filmographie est aussi une liste de musiques et de chansons qui ont marqué l’époque.
C’est avec un immense plaisir que nous l’écoutions dans l’émission estivale Ciné qui chante de Laurent Delmas sur France Inter de 2017 à 2019, où il est venu plusieurs fois.

Dès 1974 il entame une collaboration avec le musicien Philippe Sarde – qui composera par la suite une quantité de bandes originales de ses films – avec L’horloger de Saint-Paul, d’après Simenon, tourné à Lyon avec Philippe Noiret et Jean Rochefort (qu’on entend chanter en voix off), récompensé du Prix Louis Delluc et du Spécial du Jury du Festival de Berlin. Il tournera plusieurs films à Lyon, la ville de ses racines.

En 1975, dans Que la fête commence, Prix Méliès et récompensé de plusieurs César, film en costumes sur la Régence avec Philippe Noiret (Philippe d’Orléans), Jean Rochefort (l’abbé Dubois), Jean-Pierre Marielle (le marquis de Pontcalleq), Marina Vlady… c’est Gilles Servat qui interprète Gwerz Marv Pontkallek (La mort de Pontcalleq, décapité pour avoir voulu instaurer une république bretonne)et d’autres musiques du film sont issues de l’opéra Penthée de Philippe d’Orléans lui-même, ressuscitées par Antoine Duhamel (décédé en 2014) qui dirige l’ensemble Baroque La grande écurie et La Chambre du Roi.

Gwerz Marv Pontkallek par Gilles Servat dans Que la fête commence Image de prévisualisation YouTube

En 1976, Le juge et l’assassin, avec Philippe Noiret et Michel Galabru, toujours sur une musique de Philippe Sarde, comporte plusieurs chansons de la plume de Jean-Roger Caussimon, dont La Commune est en lutte, interprétée deux fois dans le film. Dans la scène finale c’est Isabelle Huppert, puis Jean-Roger Caussimon qui l’interprètent. Meilleur scénario et meilleur acteur pour Michel Galabru aux César.
Outre Jean-Roger Caussimon, Serge Utgé-Royo  et Dominique Grange l’ont également interprétée. 
Sigismond le strasbourgeois, quant à elle, est interprétée par le baryton Bob Morel ancien membre des services secrets français, qui joue le rôle du patriote « Âne rouge ».

La commune est en lutte, final Le Juge et l’assassin Image de prévisualisation YouTube

En 1977, Des enfants gâtés avec Michel Piccoli et Christine Pascal, s’illustre par le magnifique Paris jadis chanté par Rochefort et Marielle, que nous vous présentions en 2017  et par une superbe variation de Philippe Sarde d’après Martin Marais.

Une semaine de vacances (1980) avec une Nathalie Baye en doute sur sa profession d’enseignante en français, bénéficie de deux chansons chantées par Eddy Mitchell, Rien qu’un numéro  et Une semaine ailleurs sur une musique de Pierre Papadiamandis. 

Dans Coup de Torchon (1981) multi nominé aux Césars mais récompensé de Prix moins prestigieux, dont le Méliès, avec Philippe Noiret, Stéphane Audran, Eddy Mitchell dans son premier rôle d’acteur et Isabelle Huppert, l’histoire amorale d’un flic-cave qui se rebiffe (!) et devient un parfait et insoupçonné assassin, Stéphane Audran chante La java de la masochiste  et Isabelle Huppert La chambre vide.

En 1984, dans Un dimanche à la campagne Sabine Azéma, jeune femme moderne et anticonformiste du début du XXeme siècle, remet en cause l’art un peu dépassé de son vieux père Louis Ducreux. On y trouve des musiques de chambre de Gabriel Fauré, des compositions de Louis Ducreux lui-même, de Philippe Sarde et l’accordéon mélancolique de Marc Peronne. 

Autour de minuit, 1986, histoire d’une amitié entre un vieux saxophoniste (inspiré de la vie de Lester Young et du pianiste Bud Powell ) et un dessinateur incompris joué par François Cluzet, obtient le César du meilleur son, le César de la meilleure musique originale et l’Oscar de la meilleure musique en 1987. Le film entièrement consacré au jazz a une bande son de Herbie Hancock et Dexter Gordon, le rôle principal y joue Scrapple from the apple. 

Dexter Gordon, Scrapple from the apple, Autour de minuit Image de prévisualisation YouTube

La passion Béatrice, 1987, avec le sulfureux Bernard-Pierre Donnadieu et la jeune Julie Delpy, ressuscite les musiques du Moyen-âge et les mœurs violentes de l’époque.

La vie et rien d’autre, 1989 avec Philippe Noiret et Sabine Azéma, mêle quête d’un disparu et recherche de la dépouille qui sera honorée en tant que soldat inconnu. La bande son d’Oswald d’Andrea est récompensée du César de la Meilleure musique et nous plonge dans l’ambiance des années 1910-1920, avec entre autres la chanson Femme, comment vous dire… 

En 1990 dans Daddy Nostalgie Jane Birkin  joue avec Dirk Bogarde, et interprète avec Jimmy Rowles These Foolish Things, standard chanté par Billie Holiday en 1936 et repris depuis par de multiples artistes en français comme en anglais.

L 627 (1992) traite du quotidien de la Brigade des Stup de Paris. Philippe Sarde compose une musique grinçante et dramatique comme cette suite.  On le retrouve encore à la musique de La fille de d’Artagnan (1994) avec Sophie Marceau.

En 1996 on retrouve Oswald d’Andrea sur un film consacré au front des Balkans pendant et juste après l’armistice de 1918, en Roumanie, Capitaine Conan avec Philippe Torreton. Sa musique rend l’atmosphère tragique du film

Marie Desgranges interprète Laissez Passer  du film éponyme de 2001 sur la musique d’Antoine Duhamel (Ours d’argent à Berlin).  On y trouve aussi l’interprétation de la Romance de Nadir de Georges Bizet (Les pêcheurs de perle) interprétée par Tino Rossi.  Le film se situe pendant l’occupation dans le milieu du cinéma.

Marie Desgranges, Laissez passer Image de prévisualisation YouTube

Holy Lola (2004) avec Jacques Gamblin et Isabelle Carré, retrace un difficile parcours d’adoption au Cambodge, sur la superbe musique jazz d’Henri Texier.

En 2009, Dans la brume électrique est un film policier franco américain qui se passe en Louisiane et remue de sombres aspects d’humanité, entre crime sexuels en série et meurtre raciste. Ecoutez le thème de la musique du film de Marco Beltrami et la chanson La Terre tremblante  par Dirk Powell et Courtney Granger. 

Dans La princesse de Montpensier (Mélanie Thierry, Gaspard Ulliel) Philippe Sarde reconstitue une ample musique du XVIeme siècle, avec des instruments d’époque .

Avec Bertrand Tavernier, c’est toute l’histoire du cinéma, de la musique, l’histoire tout court que nous évoquons. Merci à lui d’avoir tant fait pour nous faire réfléchir, rêver, espérer, et rire aussi.

Henri Texier, Y’a des Vautours au Cambodge ? B.O du Film Holy Lola Image de prévisualisation YouTube


 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives