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Saint-Julien-Molin-Molette : Anne Sylvestre va son chemin…

(photos Anne-Marie Panigada)

(photos Anne-Marie Panigada)

« Je continuerai ma route / Chez moi, on n’ s’arrête pas / Et je laisserai sans doute / Quelque chose derrière moi / Alors le plus bel hommage / Ça serait de me laisser / Me promener dans l’image / Je ne ferais que passer » Anne Sylvestre(Comme un personnage de Sempé, 1986)

cR0530-017C’est un chemin qui prend sa source à proximité de la salle La Passerelle pour se terminer juste devant Le Pré Battoir, là où habite Michèle Bernard. Nous sommes dans le Pilat, à Saint-Julien-Molin-Molette. C’est un dimanche ensoleillé, quasi estival, presque festival. A l’entrée du chemin, un panneau : « Chemin Anne Sylvestre », un panneau provisoire, le définitif n’ayant pas été livré à temps. C’est à cet endroit précis que, ce jour-là, à l’accordéon, Michèle Bernard interprète « Alors merci Madame Anne / D’avoir su allumer / Tes fagots de sorcière / Pendant cinquante années / Dans un rond de lumière ». Madame Anne qu’on va suivre quelques centaines de mètres, le long de ce chemin bucolique, bordé d’indisciplinés coquelicots, « Gentil coquelicot Mesdames / Gentil coquelicot nouveau… » Le chemin longe d’anciennes et hautes usines aux pierres parfois gagnées par la végétation, et des jardins protégés de murets. Les lézards qui se réchauffent au soleil sont étonnés de tant de monde…

MICHÈLE BERNARD, QUI HABITE AU 4, CHEMIN ANNE-SYLVESTRE . Je me suis d’abord dit : « Jamais je n’aurais imaginé avoir un jour pour adresse 4, chemin Anne Sylvestre ». Mais à y regarder de plus près, je réalise que j’ai toujours plus ou moins habité chemin Anne Sylvestre. A l’adolescence, dans les beaux sillons de ses 33 T que j’écoutais en boucle avec mes copines de lycée, dans les rues du Vieux Lyon où je partais faire la manche en chantant ses chansons, dans les loges des théâtres ou sous les chapiteaux des Festivals où j’ai enfin fait sa connaissance, et où au fil des années, nous n’avons cessé de nous croiser, où elle n’a jamais cessé de me tenir la main pour conjurer les difficultés de ce métier. Anne Sylvestre, cette infatigable colporteuse de chansons, au volant de sa voiture légendaire, Berthe, sur les chemins tortueux du spectacle,  ton chemin de mots, les chemins du vent…le chemin des saltimbanques. Je la revois ici même il y a un peu moins d’un an, descendant de voiture, heureuse d’avoir chanté la veille à Portes les Valence, heureuse de savoir qu’elle chanterait le lendemain à Vannes, heureuse de retrouver St Julien Molin Molette, escale incontournable de ses étés. On pouvait la croiser parmi les spectateurs du Festival les Oiseaux Rares place aux six fontaines, ou précieuse conseillère en écriture auprès des stagiaires de Musiques à l’Usine. C’est vous dire l’amitié qu’Anne a su tisser avec toute l’équipe, et finalement, avec le village. Anne a repris la route, c’est tout.  Saltimbanque. Mais comme à chaque fois, elle laisse des traces, de belles traces humaines, et surtout celle de ses chansons, nous pourrions tous ici témoigner à quel point elles accompagnent  nos rêves, nos colères, nos luttes et aussi nos éclats de rires. Alors merci à l’Equipe Municipale, de la part de Musiques à l’Usine, et de la part de nous tous ici je crois, pour cette jolie idée du « chemin Anne Sylvestre », un chemin de campagne, oui, mais plein de mémoire ouvrière aussi, de campements gitans, de rêves d’artistes, un chemin pas trop long, parce que « les grandes balades » c’était pas son truc, juste ce qu’il faut de terre, de fleurs et de cailloux pour ne pas effaroucher les oiseaux du rêve, et saluer ce « bel oiseau à tête rouge » qu’Anne reste pour nous à tout jamais. MICHÈLE BERNARD 

MICHÈLE BERNARD,
QUI HABITE AU 4, CHEMIN ANNE-SYLVESTRE
.
Je me suis d’abord dit : « Jamais je n’aurais imaginé avoir un jour pour adresse 4, chemin Anne Sylvestre ». Mais à y regarder de plus près, je réalise que j’ai toujours plus ou moins habité chemin Anne Sylvestre. A l’adolescence, dans les beaux sillons de ses 33 T que j’écoutais en boucle avec mes copines de lycée, dans les rues du Vieux Lyon où je partais faire la manche en chantant ses chansons, dans les loges des théâtres ou sous les chapiteaux des Festivals où j’ai enfin fait sa connaissance, et où au fil des années, nous n’avons cessé de nous croiser, où elle n’a jamais cessé de me tenir la main pour conjurer les difficultés de ce métier.
Anne Sylvestre, cette infatigable colporteuse de chansons, au volant de sa voiture légendaire, Berthe, sur les chemins tortueux du spectacle, ton chemin de mots, les chemins du vent…le chemin des saltimbanques.
Je la revois ici même il y a un peu moins d’un an, descendant de voiture, heureuse d’avoir chanté la veille à Portes les Valence, heureuse de savoir qu’elle chanterait le lendemain à Vannes, heureuse de retrouver St Julien Molin Molette, escale incontournable de ses étés. On pouvait la croiser parmi les spectateurs du Festival les Oiseaux Rares place aux six fontaines, ou précieuse conseillère en écriture auprès des stagiaires de Musiques à l’Usine.
C’est vous dire l’amitié qu’Anne a su tisser avec toute l’équipe, et finalement, avec le village.
Anne a repris la route, c’est tout. Saltimbanque. Mais comme à chaque fois, elle laisse des traces, de belles traces humaines, et surtout celle de ses chansons, nous pourrions tous ici témoigner à quel point elles accompagnent nos rêves, nos colères, nos luttes et aussi nos éclats de rires.
Alors merci à l’Equipe Municipale, de la part de Musiques à l’Usine, et de la part de nous tous ici je crois, pour cette jolie idée du « chemin Anne Sylvestre », un chemin de campagne, oui, mais plein de mémoire ouvrière aussi, de campements gitans, de rêves d’artistes, un chemin pas trop long, parce que « les grandes balades » c’était pas son truc, juste ce qu’il faut de terre, de fleurs et de cailloux pour ne pas effaroucher les oiseaux du rêve, et saluer ce « bel oiseau à tête rouge » qu’Anne reste pour nous à tout jamais.
MICHÈLE BERNARD

Deux ou trois cents personnes ici rassemblées. Elles sont venues de partout, principalement de la région lyonnaise, les amis d’Anne Sylvestre. Il y a dans l’air la joie de retrouvailles, après si long confinement. Comme une liberté retrouvée…

Elle n’aimait pas bien la marche, chacun le sait, mais ce chemin-là, Anne Sylvestre aimait l’arpenter. On ne peut que lui donner raison. Elle ne savait pas qu’il porterait un jour son nom, pour longtemps, pour toujours. Entre nous, ce chemin-là vaut largement la plus prestigieuse avenue.

Les 3 Becs

Les 3 Becs

Au terme du chemin, une place. Un micro, une délégation d’élues de la commune, Michèle Bernard, Les Trois Becs et Musiques à l’Usine. Des discours d’une rare intelligence, de grande sensibilité, et des chansons. Beaucoup d’applaudissements. Et cette surprise d’apprendre que, l’an prochain, la salle des fêtes et la salle La Passerelle deviendront l’« Espace Michèle-Bernard », occasion, on s’en doute, d’une bien belle fête.

Les Clés à Molette

Musiques à l’Usine

Au pique-nique qui suit, beaucoup de chansons encore : le répertoire de Sylvestre est si beau, si vaste… Pas de tristesse ici, mais le bonheur d’être rassemblés pour saluer Anne. Comme une évidence.

 

Discours des élues de Saint-Julien-Molin-Molette :

cR0530-014Voix 1
Nous sommes heureuses et émues d’inaugurer ensemble le chemin Anne Sylvestre.
Anne aimait à se promener sur ce chemin pour aller du Pré Battoir à la salle de la Passerelle. On se souvient de son pas tranquille, de sa haute silhouette habillée de tuniques amples, et de ses cheveux flamboyants !
Anne nous a donné la joie de sa présence aux festivals des Oiseaux Rares. Elle a animé des ateliers d’écriture et chanté aux scènes ouvertes.
C’est en juillet 2018 qu’elle a chanté pour la dernière fois en solo Place aux 6 fontaines.
Voix 2 
Par ailleurs, nous sommes fières que la première plaque de rue que nous posons honore une femme.
En France, seulement 6 % des rues portent le nom d’une femme. C’est peu pour la moitié de l’humanité. Nous voulons donner aux femmes une visibilité dans le « patrimoine ». Mettre à jour le « matrimoine » c’est dire qu’elles ont compté à égalité dans notre histoire. Anne d’ailleurs nous l’a beaucoup dit dans ses chansons, avec force et souvent avec humour.
On a un regret cependant, c’est celui de ne pas lui avoir dit merci quand elle était là, de ne pas lui avoir rendu hommage en sa présence.
Cette dernière année nous a appris l’importance de dire notre amour et notre gratitude aux êtres que nous aimons.
Voix 3
C’est pourquoi nous aimerions dire à Michèle combien sa présence au village est belle. Nous aimerions dès l’année prochaine que la salle des fêtes et la salle de la passerelle deviennent l’« Espace Michèle Bernard ». Ce pourra être l’occasion d’un beau moment de fête et de chanson. Nous tenons à remercier Gisèle Jacquemet. Elle a réalisé les deux visuels qui expliquent aux promeneurs et promeneuses qui était Anne Sylvestre et ce qu’elle a apporté au monde de la chanson.
Enfin pour finir, nous laissons la parole à la poétesse et grande dame de la chanson, Anne Sylvestre :
 Voix 4
Je continuerai ma route
Chez moi, on n’ s’arrête pas
Et je laisserai sans doute
Quelque chose derrière moi
Alors le plus bel hommage
Ça serait de me laisser
Me promener dans l’image
Je ne ferais que passer
Et je serais provisoire
Une fourmi dans l’histoire
Rassurée
Un être humain dans la foule
Dans la tendresse qui coule

 

Anne Sylvestre « Les grandes balades » : Image de prévisualisation YouTube

Anne Sylvestre « Comme un personnage de Sempé » : Image de prévisualisation YouTube

Michèle Bernard « Madame Anne » : Image de prévisualisation YouTube

3 Réponses à Saint-Julien-Molin-Molette : Anne Sylvestre va son chemin…

  1. Françoise Maertens 1 juin 2021 à 20 h 52 min

    Mettre les mots au féminin, c’est une belle façon de reconnaître l’apport des femmes dans ce domaine. C’est une question d’habitude… Vous allez voir qu’à force de l’entendre et de le dire, vous allez vous y habituer. C’est toujours comme ça avec les mots nouveaux.

    Répondre
  2. Florence Courmont 1 juin 2021 à 20 h 54 min

    Un très bel article qui dit si bien toutes nos émotions dimanche…

    Répondre
  3. Yannick le Tord 1 juin 2021 à 20 h 55 min

    Très beau compte-rendu de Michel Kemper que j’ai lu avec tant de plaisir.

    Répondre

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