CMS

Off Avignon 2021, Gwen Soli et Monsieur G, cherchez la femme

Gwen Soli et Monsieur G ©Jean Delmarty

Gwen Soli et Monsieur G ©Jean Delmarty

L’Atypik Théâtre, 21 juillet 2021

C’est dans ce petit amphithéâtre de l’Atypik que nous retrouvons en solo, échappée de son collectif Évasion, Gwénaëlle Baudin, alias Gwen. Solo est un terme inexact, puisqu’elle est accompagnée, soutenue, mise en valeur, taquinée, admirée par son guitariste Daniel Gasquet, alias Monsieur G, compositeur de nombre des titre s de cette soirée. Qui chantera aussi, au final  une chanson d’amour décalée « Je ne t’apporte pas de roses  / Car je n’aime pas toucher aux choses / Elles aiment à vivre aussi ». D’où Soli, qui est le pluriel de Solo, non ?

Le groupe originaire de tous les horizons, auquel elle est intimement liée depuis plus de trente ans,  a chanté a cappella  des  chansons des femmes les plus inspirantes, de celles, Michèle Bernard ou Anne Sylvestre, fières et indomptables, qui ont si bien su parler des femmes, des hommes aussi, avec un regard enfin différent de celui, exclusif, des mâles.  Gwen va nous démontrer qu’elle peut encore apporter du nouveau au sujet. 

C’est à un exercice de pure séduction, où féminisme rime avec féminitude, que va se livrer la bretonne au sacré caractère, dans une mise en scène originale qui fait la part belle aux talents féminins. On a pu admirer le jeu de scène des costumes noirs et rouges de Mathilde Brette, qui passent d’un ensemble pantalon noir, par une jolie chute de tissus, à une jupe longue, sa veste de tailleur rouge pour évoquer la femme de pouvoir (dédicace Christine Lagarde), avant de revêtir, déshabillée derrière un paravent, bustier rouge et jupe courte. Si Gwénaëlle a mis en musique quelques uns des poèmes qu’elle chante, Brève invitée d’Andrée Chedid, ou ce cri de souffrance intense, habillé de rock, de la jeune poétesse Sabine Sicaud, morte à quinze ans de l’horrible ostéomyélite, Laissez-moi crier,  c’est par ses qualités d’interprète qu’elle se fait tout d’abord remarquer. Interrogeant son miroir, derrière Le masque, elle est autant championne du lâcher prise, avec un talent dramatique, que capable aussi de séduction mutine, et de murmures plein de douceurs : elle est toutes les femmes. Elle fait siennes toutes les chansons, tant qu’on pourrait croire qu’elles sont de sa plume.

Et lorsque elle chante tout ce qui remplit la vie d’une femme, le J’ai d’Amandine Barillon s’entend aussi G, point G. L’occasion pour Gasquet de nous faire sa conférence sur l’orthographe. Effet de comique assuré, mais le fond est vrai : si l’on a réformé l’orthographe au XVIIeme sièce, réforme dont on subit encore les conséquences, c’est pour marquer la différence entre l’élite et .. « les gens qui ne sont rien », disent certains… Ou les simples femmes. Se rappeler Molière : « une femme en sait toujours assez / Quand la capacité de son esprit se hausse /À connaître un pourpoint d’avec un haut de chausse. » (Les femmes savantes). Opinion qui reste encore partagée sous certaines latitudes.
Mais apparemment pas pour Gwen, qui a emprunté à Garance plusieurs de ses chansons de féministe souriante et séduisante, mais néanmoins battante. Et en premier un hymne à la féminitude des flux qui s’écoulent tous les mois Ça roule, « Ça coule… ça gonfle »  avec cette fière assumation, lancée comme un défi au monde  « Ça me va, ça me chante même /J’ai la joie au ventre même… J’ai du pouvoir au ventre », qui reviendra en leitmotiv du spectacle. Mine de rien, cette chanson est une vraie provocation, une révolution, une démolition de tabous ancrés depuis des millénaires.

Alternent chansons légères (celle de La ménagère, qui refuse le devoir qu’on enseignait aux femmes comme étant vocation naturelle, encore dans les années 60-70), de séduction à l’ancienne (La chatte de Charles Cros) ou moderne  « J’ai mis du sel dans ton sucre / Tu étais beaucoup trop sucré tu vois » (Garance), poétique « Doux le moment » voire mythique -Ah cette sorcière qui se venge des affronts et change les garçons en poissons dans la Rivière, superbe chanson d’Hervé Peyrard).  Et sujets grave, la Banalité du viol et de l’abus, qui dénonce tous les poncifs et l’inversion de la faute attribuée à la victime (un texte d’Amandine Barillon), ou la vie cachée de la femme qui se vend, avec toute l’empathie d’Allain Leprest (Dans le sac à mains de la putain).

En rappel, chanté a cappella comme une chanson du monde, tribale, Fais battre ton tambour, d’Emilie Loizeau.

Un concert  qui sort des sentiers battus, surprend parfois et séduit encore plus.

Le site de Gwen Soli, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là. Ce que NosEnchanteurs a dit d’Évasion, ici.

Gwen Soli et Monsieur G en duo, dernier jour le mardi 27 juillet à 16h50 à l’Atypik Théâtre, 95 rue de la Bonneterie, 04 86 37 27 27

Teaser Image de prévisualisation YouTube

Ça roule Image de prévisualisation YouTube

 

 

Une réponse à Off Avignon 2021, Gwen Soli et Monsieur G, cherchez la femme

  1. Camerlynck 28 juillet 2021 à 8 h 00 min

    Hâte de voir et découvrir BRAVO

    Répondre

Répondre à Camerlynck Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives