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En avant Marsh !

Emilie Marsh (capture d'écran)

Emilie Marsh (capture d’écran)

Parfois, les disques vous emmènent en voyage. Un aller simple immédiat vers une contrée lointaine. Une virée imaginaire dans un ailleurs fantasmé. Une route qu’on emprunte pour le seul plaisir de tracer.

Il en est ainsi du deuxième album de l’auteure-compositrice Émilie Marsh, paru en octobre sur le label qu’elle a fondé avec ses consœurs Katel et Robi. Rien que son nom donne un avant-goût de partance : Nevada. Pourtant, ce n’est pas tant l’état américain qui est au cœur de la chanson-titre, que la voiture du même nom. Prendre la route, même sans aller loin, c’est toujours partir. Et si le trajet se vit aux côtés de l’être aimé, l’aventure est assurée : Emmène-moi / Embrassons-nous encore une fois dans la Nevada / Regarde autour et aux alentours / Rien ne vaut ce que nous avons là.

L’album s’ouvre sur une reprise d’Isabelle Mayereau : Chevrolet Impala. Encore une voiture au nom porteur d’évasion. Encore une histoire métaphorique et nostalgique de voyage et d’amour. Une mélodie sublime, magnifiquement mise en valeur : guitares vibrantes, synthés caressants et chœurs qui ont le bon goût d’être discrets (pour lesquels la chanteuse a rameuté nombre de ses collègues, de Garance à Clou, en passant par Buridane, Claire Joseph ou Skye…). Embarquement immédiat.

NevadaC’est que la pop-folk d’Émilie a ce don magique de nous faire rêver, de nous entraîner sans coup férir dans son univers. D’abord par sa musique, où la mélodie est mise en avant, chacune de ses chansons – de forme classique : le couplet-refrain est de mise ! – se révélant vite addictive. Par sa voix ensuite, un peu sourde et brisée, qui semble ne chuchoter que pour nous. Par sa plume enfin, qui nous conte essentiellement des histoires de rupture, d’amour brisé et de regrets. Une écriture cinématographique, enchaînant les images comme un réalisateur les plans muets. « Au rétro un sourire que tu faisais pour moi », « J’aime les fumoirs, j’aime le danger / J’aime les soirs et j’aime les journées », « Le Caire Granville / Daka Séville / Deux cœurs, une île / Je voyage immobile » …

L’expédition a été orchestrée par Sébastien Collinet (déjà à l’œuvre sur le Comme un ours d’Alexis HK), qui a su magnifier les musiques, trouvant à chaque fois la bonne mesure : rock mais pas trop, avec des chœurs jamais envahissants et une variété d’ambiances qui empêche toute monotonie. Dans son périple, Émilie a en outre pu compter sur deux comparses plus renommés, puisque l’album se pare de deux duos. L’un avec Gaëtan Roussel, l’autre avec la Grande Sophie. Deux artistes dont on peut par ailleurs ressentir l’influence (par ex., le titre Tout commençait la nuit pourrait sans problème figurer au répertoire du chanteur de Louise attaque), leur participation prenant la couleur d’un émouvant passage de relais. Signalons enfin trois intermèdes dans la balade musicale, trois courts monologues intitulés Errances (I, II et III), trois messages laissés sur une boîte vocale, racontant en quelques phrases une intrigante histoire d’amour qui s’éteint sur fond de voyage en voiture.

Nevada est un très beau disque nocturne, un album aux allures de road-movie, qui respire les grands espaces, l’échappée belle et l’évasion. Idéal en cette période étriquée et confinée.

 

Émilie Marsh, Nevada, Fraca !!!, 2021. Le site d’Émilie Marsh, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Nevada » : Image de prévisualisation YouTube

« Dunhill (road session) » : Image de prévisualisation YouTube

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