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Loizeau et ceux qui se brûlent les ailes

Emiliy Loizeau (photos non créditées tirées de sa page facebook)

Emily Loizeau (photos non créditées tirées de sa page facebook)

6 février 2022, festival Les PolySons, théâtre des Pénitents à Montbrison,

 

La salle est pleine. Attente du début du concert égayée par des chants incongrus et beaux : c’est ici que « migrent les oiseaux« …

« Quelle est donc cette douleur étrange ? Comme un nouveau poids sur l’existence / L’insouciance était telle que nous pensions ensemble soulever de nos mains le Monde qui semblait éternel. » Un immense soleil surplombe la scène ; on a vidé des sacs de terre à terre. Ça s’appelle poser le décor. Nous allons constamment osciller entre l’espoir et l’inquiétude, danser sur un volcan. L’album qu’Émily Loizeau nous présente ce soir, écrit dans l’angoisse d’une pandémie, nous parle de bien pire encore, de notre terre malmenée, outragée, en dangereux sursis : tel Icare, à trop vouloir tout, l’homme s’est brûlé les ailes ; Loizeau s’inquiète, « I care ».

« Si tu vas où le soleil est trop chaud / Que la terre se ride et que craque ta peau… » C’est un tout, musical et physique, où l’artiste se donne entière, en un implacable plaidoyer. L’homme saccage la Terre, la salope, la condamne, se condamne en premier.

244684357_427967175454333_6895337250772999498_nFranco-Britannique, Émily Loizeau écrit et chante dans les deux langues. Le concert est en conséquence mi-français, mi-anglais. Difficile pour les non-anglophones qui de fait ratent la moitié du propos, du développement. Mais l’engagement et les codes sont tels qu’on en saisit l’idée, la force surtout.

Émily Loizeau est pile de pure énergie, son engagement est fait de tout son corps. Il faut voir ses bras, ses jambes en des mouvements quasi tribaux, comme si elle invitait à elle toutes les forces telluriques et ce qu’il reste d’humains censés. « Le compte à rebours a commencé / Le Monde est comme un sablier / Sur le point de se retourner / Est-ce qu’on retombera sur nos pieds ? »

242255871_415490923368625_827131966508942969_nTonalité très rock (servie par un trio composé de Boris Boublil à la basse, Sacha Toorop à la batterie et Csaba à la guitare électrique) et larges plages d’Émily au piano. Ce concert est beau : ça se voit, ça s’entend. Mais il est différent : nous ne sommes plus tout à tout dans le registre du spectacle, nous le dépassons et de loin. Sans être meeting, il catalyse sur l’instant nos émotions, nos peurs et nos espoirs, les met en perspective. Fasse qu’il ne reste pas qu’un souvenir scénique mais nous renforce dans notre détermination, dans nos actions présentes et à venir. Tout raffiné et créatif qu’il soit, ce concert est activiste, engagé comme peu le sont. C’est dire si on souhaite qu’Émily Loizeau soit chaque soir en scène, devant des salles bondées comme ici, plus encore même. Et que son chant porte loin, très loin.

 

Émily Loizeau, I care, Les Éditions de la dernière pluie/[Pias] 2021. Le site d’Emily Loizeau, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Le poids de l’existence » : Image de prévisualisation YouTube

« Renversé » : Image de prévisualisation YouTube

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