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Off Avignon 2022. Démon sème merveilles

Dimoné et Jean Marc Sirvens ©Marc Ginot

Dimoné et Jean Marc Sirven Photos ©Marc Ginot

D’emblée, « ça pique les yeux, ça pique le nez, ça pixellise, ça prend la tête« . Et dans la foulée, « ça s’égosille, ça a la trouille, ça gigote et ça grouille, ça s’agglutine, ça a des couilles ». Le ton est donné. On est happé, chopé, agrippé, interloqué, frappé, enveloppé, embarqué dans l’univers balisé d’un démon habité. Car Dimoné n’est pas seul. Ni dans sa tête, ni dans son corps, ni sur scène.

Dimone-Photo-c-MarcGinot2Car s’il est accompagné par ce que d’aucuns appellent un pianiste, il ne s’agit pas d’un duo. Non, Jean-Christophe Sirven – pieds nus et doigts chevillés au corps d’un piano capot ouvert – constitue l’autre partie de cette hydre à deux têtes musicales qu’est Dimoné. Sommes-nous dans le monde de la chanson ? On s’en cogne et « change de rôle si la pudeur n’est pas du voyage » !

Car ce qui est stupéfiant dans cette expérience dans laquelle le spectateur s’immisce, c’est cette collusion – relevant plus de la collision que de l’harmonie – qui unit, contre vents mauvais et marées noires, les notes de JC aux mots de Dominique Terrieu. Et ce qui est frappant mais élégant (et les gants ?), c’est de constater à quels poings le traditionnel « piano-voix rive gauche » est malmené et proche du KO du fait des châtaignes, des marrons et des pêches que les deux puncheurs lui, et nous assènent avec fougue et incandescence, ce qui fait beaucoup de fruits pour liens, j’en conviens ! Et, que les tampons du piano s’abattent sur les cordes avec l’intensité d’un orage estival, ou que JC effleure l’ivoire avec la délicatesse d’une brise de printemps (il m’a, de ce point de vue, fait penser au regretté Greg Gensse), la langue de Dominique s’accorde, discorde, concorde, « se désaltère et go ! »

ÇA PIXELLISE De ces sept titres nous avions déjà retenu ce slam où il se retrouve « sec » et suit  Le cours des choses, magistral dans sa fausse simplicité, et ce Pas connu où il nous « passe l'histoire à la passoire. » sur les lancinantes notes de piano. On pense à ceux qui vous répondent « J'étais pas né » quand on leur parle du passé. Mais lui peut-être efface le passé qui le gêne, « Dans ta fossette je fais reset ». Les mots et les idées fusent, restent volontairement hermétiques pour abriter son monde intérieur.On y accroche ses propres réflexions, sa propre expérience de la vie. Passé à la machine, comme dirait Souchon (tiens, on n'avait pas encore fait la comparaison?), à la lessiveuse de sa pensée. Ton parcours est une époustouflante déclaration : « Je te saurai par cœur / Je te saurai par corps / Je saurai ton parcours / dans cette chasse à cœur », où il distribue des rôles étonnants : « Tu seras l'effaceur / Je serai ton marqueur ». Il y a les injonctions soufflées doucement, un texte moins épuré, qui déborde de mots « C'est sur le trottoir que tu prends de la hauteur et que tu hisses tes couleurs » ou cette délicate Rosée sur les ronces. Un souffle de liberté qui vous irrigue l'âme.  C'est sans doute le seul artiste dont on peut réellement dire qu'il pourrait chanter le bottin et que ce serait passionnant. Cette déclinaison sur le sigle PV est-elles partie d'un malencontreux papillon coincé sous le pare-brise, ou des initiales du Piano Voix (curieusement non citées dans la liste) dans lequel Dimoné se lance à corps perdu ? Sans en être, cela fait penser à une anadiplose, et brillament l'exercice chevauche l'histoire, les arts et l'actualité, se fait gourmand, sensuel ou dénonciateur. Quant au piano de Jean-Christophe Sirvens, il est à la fois discret, subtil et puissant, en parfaite osmose avec l'incroyable créativité verbale de Dimoné. Un couple musical subjuguant, où poésie et attitude rock se renouvellent totalement.  Catherine LAUGIER

ÇA PIXELLISE
De ces sept titres nous avions déjà retenu ce slam où il se retrouve « sec » et suit Le cours des choses, magistral dans sa fausse simplicité, et ce Pas connu où il nous « passe l’histoire à la passoire. » On pense à ceux qui vous répondent « J’étais pas né » quand on leur parle du passé. Mais lui peut-être efface le passé qui le gêne, « Dans ta fossette je fais reset ». Les mots et les idées fusent, restent volontairement hermétiques pour abriter son monde intérieur. On y accroche ses propres réflexions, sa propre expérience de la vie. Passé à la machine, comme dirait Souchon (tiens, on n’avait pas encore fait la comparaison?), à la lessiveuse de sa pensée. Ton parcours est une époustouflante déclaration : « Je te saurai par cœur / Je te saurai par corps / Je saurai ton parcours / dans cette chasse à cœur », où il distribue des rôles étonnants : « Tu seras l’effaceur / Je serai ton marqueur ». Il y a les injonctions soufflées doucement, un texte moins épuré, qui déborde de mots « C’est sur le trottoir que tu prends de la hauteur et que tu hisses tes couleurs » ou cette délicate Rosée sur les ronces. Un souffle de liberté qui vous irrigue l’âme.
C’est sans doute le seul artiste dont on peut réellement dire qu’il pourrait chanter le bottin et que ce serait passionnant. Cette déclinaison sur le sigle PV est-elle partie d’un malencontreux papillon coincé sous le pare-brise, ou des initiales du Piano Voix (curieusement non citées dans la liste) dans lequel Dimoné se lance à corps perdu ? Sans en être, cela fait penser à une anadiplose, et brillamment l’exercice chevauche l’histoire, les arts et l’actualité, se fait gourmand, sensuel ou dénonciateur. Quant au piano de Jean-Christophe Sirven, il est à la fois discret, subtil et puissant, en parfaite osmose avec l’incroyable créativité verbale de Dimoné. Un couple musical subjuguant, où poésie et attitude rock se renouvellent totalement.
Catherine LAUGIER

Et puis, suivant « Le cours des choses » et retrouvant le calme, Dimoné « pose toi et retien[t] rien » et, avec le jeu pointilliste de JC Sirven, admet avec sa voix aux accents occitans rocailleux d’un JeHan que « passe l’histoire à la passoire /  Dans ta fossette je fais reset / Si j’oublie tout te revient / Tu es sel et poivre moi je le fais bien ». Aussi, si sa poésie est parfois apparentée à celle d’un Bashung ou d’un Thiéfaine, certaines paroles et attitudes m’ont plutôt fait penser à Serge Gainsbourg -« rosée sur les ronces pique ton orgueil c’est beau à voir« - ou au stylé Philippe Léotard.

Mais, foin des références et des révérences ! En effet, avec PV, Dimoné redémarre sur les chapeaux de roue, sans regarder à la dépense d’une énergie qui sculpte le temps et l’espace comme peu sont capables de le faire. Car malgré la nudité du plateau où chacun des deux membres articule son art – qui avec un micro, qui avec un piano – l’espace s’emplit soudain d’une drôle de Poésie Volubile de Post-it Volatiles, espèce d’inventaire virtuose à la Prévert, qui nous tient en haleine, pour ne pas dire en apnée.

Et c’est bien à ça qu’on reconnaît la singularité d’un talent : à sa façon de nous embarquer dans son univers, pour nous y faire découvrir ses particularités et ses curiosités (comme le thérémine utilisé à 2 reprises durant le spectacle, par exemple)…

Bref, vous aurez compris que j’ai bien fait d’embarquer dans ce périple déroutant et insolite avec envie et sans préjugé. Et si j’ai souvent eu la sensation d’être une coquille de noix sur un torrent furieux, je dois bien reconnaître que les sensations que cette hydre musicale m’a fait éprouver se sont avérées inédites et intenses : quand l’enraciné s’arrache à la terre, il s’élève… Si j’ai aimé Dimoné ? Affirmatif !

Franck HALIMI

 

Avignon Off dans le cadre de Chanson Off, sélectionné par Fédéchanson :
Dimoné duo Piano/Voix Théâtre de l’arrache-cœur (13, rue du 58è R.I – Porte Limbert) – Salle Moustaki du 07 au 30 juillet 2022 à 13H30 – relâches les 12, 19 et 26 juillet

Dimoné, Ça pixellise, Estampe/L’autre distribution, 2022. Illustration Encre de chine : O’Malley Photos Guillaume Ducreux Artwork Ben Bunsen

Le site de Dimoné, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

Ton parcours (concert) Image de prévisualisation YouTube
PV (clip) Image de prévisualisation YouTube

 

3 Réponses à Off Avignon 2022. Démon sème merveilles

  1. babou 16 juillet 2022 à 21 h 46 min

    Faut compter sur ce grand artiste, tresseur de mots, poète décapant, rocker scandant son univers étrange dans un déluge de guitares. A découvrir de toute urgence.

    Répondre
  2. Christophe 18 juillet 2022 à 18 h 10 min

    Erreur chère Catherine, Piano Voix est bien cité dans PV (presqu’à la fin …)

    Répondre
    • Catherine Laugier 20 juillet 2022 à 18 h 55 min

      Exact, dans les dix derniers mots, entre papillomavirus et pass’voir. Le texte figurant sur le site de Mathpromo comporte (au moins) deux erreurs : parvis est cité deux fois, et piano voix aucune…

      Répondre

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