CMS

Barjac 2022. Marion Cousineau, la foi en l’humain

Marion Cousineau Photo© Anne-Marie Panigada

Marion Cousineau Photos© Anne-Marie Panigada

30 juillet 2022, Barjac m’enchante

 

Quatre notes de basse, une voix grave et profonde qui s’élève. Le silence se fait brutalement dans la cour du château de Barjac. Marion Cousineau s’avance pieds nus, en noir et rouge, sur une reprise de Kurt Weill, Youkali : « C’est l’espérance qui est au cœur de tous les humains, la délivrance que nous attendons tous pour demain. »

Elle s’adresse au public d’une voix douce pour le faire entrer de plain-pied dans son processus d’écriture. D’une sensation physique à une phrase, sur laquelle elle tire comme un fil pour la comprendre, elle déroule un texte entier. Elle récite sans musique : « il y a un trou là, au milieu », répété encore et encore, comme un refrain « qui nous relie » malgré le vide en nous, entre eux.

0cP1060780La chanteuse raconte. Sa professeure de musique, Marie-Claire Séguin. Sa terre natale, le Québec, sa géographie, ses poètes, son vocabulaire si spécifique — qu’elle explicite parfois trop, comme si elle ne faisait pas confiance au pouvoir des mots à parler eux-mêmes. La voix se fait ronde et pleine, sur un rythme de lente balade amoureuse, pour Je reviens. Puis elle délaisse la basse pour le piano, toujours en mode mineur, même toucher léger et économie de notes, pour dépeindre les paysages maritime de Moi qui n’ai pas d’ailes : « j’ai vu des ciels si beaux que parfois ça me hante. » Grand frisson quand le public entier fredonne l’air à l’unisson pour clore la chanson.

Le ton passe à la bonne humeur avec Vas-y doucement, une chanson de courage prudent : « desserre juste un peu les dents / un pas à la fois, c’est ça / regarde pas en bas. » Jolie complicité quand elle se met à rire aux cris d’oiseaux poussés par les spectateurs pour ponctuer le refrain. Guillerette, Marion se fait conteuse en vers pour nous faire imaginer un dansant Monsieur Langlois, son compagnon marion-nette. Elle redevient grave pour La foi en l’homme, qu’elle a composée pour le groupe Mes Souliers Sont Rouges, et interprète accompagnée de ses seuls claquements de doigts. Dans cette épure, alliance d’histoires et de chants de marin, elle nous replonge dans l’univers des veillées traditionnelles au coin du feu.

0cP1060801Pendant une reprise de Leprest (Chut), le chroniqueur s’interroge : dans la palette d’émotions déployées ce soir, une est étrangement absente. La colère. Comme pour répondre à cette question muette, l’artiste déroule un long texte sur la prise de conscience de sa propre misogynie, cette « vieille rancœur contre son âme sœur, qui ne guérit pas » intégrée à force d’imprégnation : « si rien ne me bouscule, si je capitule, où va la colère ? […] J’ai déraciné la femme en colère, je l’ai brûlée vive. » Alors nul besoin d’hurler. C’est par le choix des mots qu’elle espère « faire un pas de côté, […] renaître de ses cendres ». Dire pour faire bouger, ensemble.

Ce concert d’ouverture se termine trop vite (45 minutes) par deux textes d’une émotion intense. Une chanson d’amour intime, Lala, qui serpente sensuellement autour d’une ligne de basse discrète : « Ton regard sur le monde / ta tendresse vagabonde / d’être insaisissable / Tes airs de tournesol / tes cheveux qui raffolent / du mistral […] Je surprends tout cela / dans mon corps te voilà / qui refait surface / Viens, laisse tes traces / Je t’ai fait de la place. » Et un dernier poème : « alors je pars, le cœur léger. » Elle nous le laisse, enchanté.

 

Le site de Marion Cousineau, c’est ici ; ce que Nos Enchanteurs en a déjà dit, c’est là. Prochains concerts en août et septembre au Canada, et de nombreuses autres dates à venir sur son site

Vas-y doucement, Vidéo Alain Withier à Venelles Image de prévisualisation YouTube

Je reviens, Vidéoclip Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives