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Les Mécanos, costauds du trad’ franco-occitan

Les Mécanos (photos d'archives Bruno Chenu)

Les Mécanos (photos d’archives Bruno Chenu)

20 septembre 2020, Espace Albert-Camus au Chambon-Feugerolles,

 

Rien que la scène, même baignée d’obscurité, suggère l’atelier. C’est dire si ces dix-là ne déparent pas. Des costauds, des forts en gueule qui ont travaillé leur voix, l’ont usinée, des gars trapus en tenue de travail, de chauffe, la plupart barbus, tatoués. Qui paradoxalement font dans la dentelle.

Nous sommes au Chambon-Feugerolles, vallée de l’Ondaine, limitrophe de Saint-Étienne. Sait-on que jadis, nous étions ici même à l’exacte frontière entre l’Occitanie et le reste du monde ? Qu’au gré des cours d’eau et des rues, c’était langue d’oc ou langue d’oil.

Nos Mécanos sont Stéphanois, ville d’art et d’industrie. Ils chantent dans les deux langues. Ils chantent des merveilles tirées des temps anciens. Tellement dévoyé, mis à toutes les sauces, le terme de « folk » ne veut désormais plus rien dire, mais c’en est bien. Et comme le public de ce soir a les tempes aussi poivre et sel que les miennes, c’est bien un concert de folk auquel ils assistent. Dans les paroles et portées occitanes, on peut reconnaître des chansons jadis interprétés par Mélusine ou Malicorne, style « C’est le matin au point du jour / J’entends battre ce maudit tambour / Qui nous appelle à faire l’exercice / Et toi pauvre soldat c’est ton plus grand supplice ». Ne me remerciez pas, j’ai fait occitan deuxième langue.

Les Mécanos 3_crédit Bruno CHENUCinq grands tambours et nos dix chanteurs en demi-cercle : ça peut faire songer furtivement aux Tambours du Bronx mais ça s’arrête là, nous sommes dans un tout autre registre. Jeunes, nos mécanos exhument un répertoire très ancien pour, ce soir, un public assez vieux : on ne doute pas qu’en d’autres lieux, ils savent aussi toucher un auditoire de leur génération. Car ce répertoire touche à l’intemporel, peu importe le barrage de la langue d’Oc.

La guerre, l’amour (la belle éplorée que le galant laisse pour aller à la bataille) et des chansons à boire… Les fondamentaux du trad’, à savoir de nos origines, sont là. « Si vous voulez que je chante / Faites-moi venir du vin / Le vin bannit le chagrin / Rend la voix plus éclatante… » « Ah si l’amour prenait racine, j’en planterais dans mon jardin… » Ces thèmes-là et la reprise des Canuts : « C’est nous les canuts / Nous allons tout nus ». Des branles et bourrées, du trad arrangé (de la part de mécanos on dira « bricolé »), tout un travail d’orfèvres, mécanique de précision qui nous rassure sur la survivance du genre, la pérennité de telles chansons. Bravo !

Les Mécanos_crédit Bruno CHENUCe récital avait pour prétexte la présentation de la saison culturelle intercommunale et son format avait été réduit en conséquence. Dommage, j’en aurais bien pris pour 90 minutes ou plus. A voir la réaction unanime et enthousiaste du public, lui aussi. Pour tout rappel, a capella, La Rue des Lilas, du breton Sylvain Giro et son groupe Katé-Mé, interprétation exemplaire de ce titre qui, en pleine guerre d’Ukraine, pleine folie russe, prend une dimension incroyable : elle fait corps, les mots sont tangibles, tragiques : « Car la guerre c’est un massacre / De gens qui ne se connaissent pas / Au profit de gens qui toujours se connaissent / Mais qui ne se massacrent pas », le même constat, plus de cent ans après, que dans La Chanson de Craonne.

Simplement magnifique !

 

 

Parmi plus de deux mille candidats, Les Mécanos font partie des trente sélectionnés pour le Womex Worldwide Music Expo) 2022, qui se déroulera du 19 au 23 octobre 2022 au Portugal, où ils se produiront en showcase. C’est bien plus qu’un marchepied international pour ce groupe stéphanois.

 

Le facebook des Mécanos, c’est ici.

 

Les Mécanos « La-baish en tèrra plana » : Image de prévisualisation YouTube

Les Mécanos « L’ivrogne » : Image de prévisualisation YouTube

Pour mémoire, « La Rue des Lilas » par Sylvain Giro et Katé-Mé : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Les Mécanos, costauds du trad’ franco-occitan

  1. babou 24 septembre 2022 à 11 h 55 min

    Excellente découverte, de la belle ouvrage !

    Répondre

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