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Magma, que Vander toujours mène à la baguette

Magma.KartehlC’est un groupe vieux comme Hérode, dont l’art fusionnel ne s’est pas érodé avec le temps. Depuis 1969, Christian Vander mène Magma à la baguette, aux siennes, de derrière son inépuisable batterie, son disque dur. Bien sûr, la formation a souvent muté, tant qu’il est même grisant de constater la chronologie de la composition du groupe (allez sur la page Wikipédia, c’est bien fait), véritable creuset par lequel la crème du free jazz et du rock progressif français a émergé.

Certes, NosEnchanteurs se voue plutôt à ce qui est chanté en français (il y a bien d’autres supports que le nôtre pour nous speaker in english). Là, c’est différent, autre et suprême audace : depuis plus d’un demi-siècle, Magma chante non en volapük mais en kobaïen, et nous n’avons toujours pas la grille de lecture, encore moins le nécessaire dico kobaïo-français qui puisse nous permettre de voyager à travers les mots de Vander & Cie. À croire ce batteur aussi fou que carrément génial, sa musique est liée au concept du Zeuhl, qu’il définit comme “une sorte de mémoire cosmique en relation avec l’univers, qui aurait mémorisé tous les sons existants dans les profondeurs de notre esprit. C’est lorsqu’on arrive à se dégager de toutes choses en musique que cette mémoire entre en activité pour correspondre avec l’univers tout entier”. C’est dire si Magma peut stimuler notre imagination et ça c’est tout bon pour nos neurones si malmenées à l’écoute de ces stations de radio qui ne nous déversent peu ou prou qu’une daube formatée et impropre à la consommation.

Nous sommes toujours au croisement, à la fusion des genres. Du rock progressif, du free-jazz et du classique, de la musique contemporaine, de l’expérimental. Les Vander (Christian et Stella – c’est elle qui a réalisé ce nouvel opus) et leur bande, fût-elle en partie régénérée, ont toujours cette longueur d’avance qui en fait comme des éclaireurs, de lumineux défricheurs.

Voici donc Kãrtëhl, le quinzième album studio de Magma. Sauf si le livret de ce CD (nous l’ignorons, n’ayant reçu comme souvent qu’un disque en fourreau, orphelin de tout ce qui pourrait éclairer et étayer notre regard, notre connaissance et donc notre restitution…) nous instruit de chacun des titres, nous ne tenterons pas d’explorer, expliquer le dedans de chacun des titres. Du reste, apprécier Magma ce n’est pas ça : c’est l’art, le talent voire le génie de cette formation qui toujours se régénère, puise sa force dans un historique et hystérique énergie renouvelable. Vander est Vonder, une pile atomique qui, selon les crus, irrigue plus ou moins son œuvre.

Reste qu’après le précédent, Zëss, de 2019, qui pouvait nous faire songer à un avenir sombre, le prédire presque, Kãrtël fait résolument dans l’optimisme. Est-ce l’effet confinement ? C’est aussi vraiment un album de groupe « comme nous n’en avions pas réalisé depuis longtemps ». Et ça, le repos généreusement concédé par le fruit des amours coupables de la chauve-souris et du pangolin y est pour quelque chose. Merci la pandémie.

 

 

Magma, Kãrtëhl, Seventh Records 2022. Le site de Magma, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de ce groupe, c’est là.

 

« Magma au Montreux Jazz Festival » (ça débute à 2’20″) : Image de prévisualisation YouTube

 

 

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