CMS

Stavelot 2022. Clotilde, la Moulin de mon coeur

 

Clotilde Moulin

Clotilde Moulin (photos Benjamin Georges)

21 octobre 2022, Abbaye de Stavelot, « Une chanson peut en cacher une autre », 

 

Au festival de Stavelot règnent la surprise et la découverte. Il faut dire que les artistes qui y sont programmés sont pour le moins rarissimes sur les scènes belges, quand il ne s’agit tout simplement pas de leur première venue dans nos contrées.

Tel est le cas, en ce riant vendredi soir, de Clotilde Moulin, qui débarque parmi nous en pays de méconnaissance. « Du jamais vu », nous avait annoncé le big boss du Festival. Avec clairvoyance ! Clotilde, c’est certain, c’est du pas courant, du hors-rails, du chemin de traverse. Pourtant, il ne lui a guère fallu plus d’une chanson pour conquérir la salle bien remplie. Serait-ce cela qu’on appelle le talent ?

308156754_3254887801427319_5040557888583279834_n312625623_790445635354032_5149743492021751785_n312707599_1306395799898805_4929655951315011261_nOn pressentait l’originalité. Jugez plutôt : pendant l’entracte, à côté du piano habituel, la scène s’était garnie d’une imposante harpe ! Voilà bien un instrument que l’on a rarement l’habitude de côtoyer dans les salles consacrées à la chanson. Etonnement aussi avec l’entrée de l’artiste, dans sa robe rouge qui ne dénoterait pas dans un concert classique, mais pieds nus et tatouages apparents. Et la belle d’attaquer avec Arcs en ciel, chanson d’amour aussi éthérée que charnelle : « Tes regards qui me fixent / Sont mes rayons de soleil / Avec ce qu’il faut de X / Pour que j’en perde le sommeil ». Une première chanson censée être sacrifiée, nous dit-elle, puisqu’on écoute toujours distraitement le morceau d’ouverture d’un concert. Et de souhaiter dès lors que nous ne l’ayons pas suivie avec trop d’attention ! Il ne nous a ainsi fallu que cinq minutes pour avoir l’assurance d’une soirée mémorable, tous les ingrédients étant réunis : une artiste à la voix superbe, un accompagnement musical de haut vol par une multi-instrumentiste émérite, des textes soignés, de l’humour pour emballer le tout.

L’enchantement se maintiendra jusqu’au bout. Un concert sans faille, alternant les chansons drôles et les moments de pure émotion. Au rayon des premières, c’est Misanthrope, le morceau-défouloir sur tous les gâcheurs d’existence que sont (entre autres) les chauffards énervés qui collent au cul ou les tout mous qui conduisent comme des tortues. C’est ce surprenant aveu de l’artiste, dont la seule ambition à long terme, c’est d’rencontrer Vincent Delerm (outre de faire la couv’ de Chorus : oui, les paroles ont quelques années…). C’est Chaque matin, cette description irrésistible de la routine conjugale, qui incite à rêver de glisser dans le four le conjoint sans mystère. C’est enfin cette chanson écrite pour devenir une pop star (mais ça n’a pas marché !), dont le public est invité à reprendre le refrain en chœur. Autant de morceaux bien tournés qui arrachent des éclats de rire à une assistance aux anges.

Le sourire n’est cependant pas toujours de mise et s’efface devant la honte partagée avec la chanteuse quand elle décrit l’attitude de repli si commune adoptée face aux gens qui demandent de l’aide. Il laisse même la place aux larmes discrètes, face à cette comptine sur l’enfance abusée, qu’elle interprète accompagnée d’un seul xylophone. Des morceaux poignants, chantés avec justesse, sur le droit fil de l’émotion, sans une once de pathos.

Et comme si ce répertoire que nous découvrions ne pouvait suffire à notre bonheur, s’y sont greffées deux reprises épatantes : l’exubérant Tombé du ciel de Jacques Higelin et le classique féministe Comment je m’appelle d’Anne Sylvestre. Que demander de plus ?

Clotilde Moulin se présente avec malice comme une « artiste émergente depuis 20 ans ». A voir le sourire qui ornait chaque visage au sortir de sa prestation, cette discrétion médiatique est aussi incompréhensible qu’offensante. Allez l’applaudir, achetez ses disques, programmez-la, faites de l’entrisme et de l’agit-prop, mais il faut que cesse cet intolérable scandale !

 

POUR OUVRIR LE BAL…

312410017_518054209805876_1857955302140514741_nDouble programme chaque soir à Stavelot. Le lever de rideau fut assuré par la franco-belge Françoiz Breut, venue nous présenter son dernier opus Flux flou de la foule. Accompagnée de Marc Mélia, aux claviers-synthés et bidouillages, un orchestre à lui tout seul, la chanteuse nous a emmenés dans son univers mystérieux et hypnotique, fantasmagorique et vaporeux. Un concert davantage musical que textuel, l’artiste visant moins à délivrer un propos qu’à susciter une émotion poétique. Ceux qui ont accepté de s’abandonner à son charme ne l’ont pas regretté.

 

 

Le site de Clotilde Moulin, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Le site de Françoiz Breut, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

 

Clotilde Moulin « Tousketonkortoush » : Image de prévisualisation YouTube

Françoiz Breut « Dérives urbaines dans la ville cannibale » : Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives