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Vincent Delerm et nous : vingt ans d’amour

 

Vincent Delerm (photos Laurent Humbert)

Vincent Delerm (photos Laurent Humbert)

Bruxelles, Bozar, 4 novembre 2022,

 

C’est à un bel anniversaire que Vincent Delerm nous convie. Vingt ans ! Non pas vingt ans de carrière (il a débuté sur scène en 1998), mais bien ceux de son premier album, sans titre, paru le 30 avril 2002. Cet album magique qui nous l’a fait connaître et apprécier. Celui qui contient nombre de ses classiques. Le début d’une belle histoire entre un artiste drôle et cultivé, photographe sensible de nos petits travers quotidiens, et un public tombé en amour de sa fragilité et de son humour.

A cette occasion, le chanteur s’est lancé dans une mini-tournée de dix dates, dans la sobre formule piano-voix de ses débuts, sans projections ni éclairages surabondants. Lui et nous, que demander de plus ?

La grande scène du Palais des Beaux-Arts bruxellois, haut lieu principalement dédié à la musique classique, n’est donc garnie que d’un magnifique piano. La salle est bien remplie, d’un public entre deux âges. Probablement Vincent Delerm pourrait-il chanter que les fans de 2002 ont quarante ans aujourd’hui… Se fait alors entendre une annonce diffusée à l’époque sur France Inter, recommandant d’aller l’applaudir à L’Européen, qu’il allait occuper tout le mois de mai 2002. Sourire et nostalgie. C’est le moment pour notre vedette de faire son entrée en toute décontraction, sous les applaudissements chaleureux. Vincent porte beau ses 46 ans, toujours svelte, juste un peu dégarni et blanchi. Et d’attaquer par son incontournable Fanny Ardant et moi, repris évidemment en chœur par l’assistance en liesse. On a déjà connu pire ambiance de début de spectacle !

315095812_684678663093648_5534482544661822543_nPourquoi son plus grand tube en ouverture ? Tel est le concept du concert : nous interpréter dans le même ordre l’intégralité des chansons de ce fameux premier disque. Avec moult anecdotes humoristiques ou remises en contexte distanciées entre les morceaux. S’ensuit donc immédiatement cet autre classique qu’est La vipère du Gabon, et son Ah bon repris par mille voix. Puis viennent Châtenay-Malabry (qu’il avait tenu à mettre en 3ème position de l’album, nous apprend-il, pour que les gens comprennent vite qu’il n’était pas qu’un chanteur rigolo !), Tes parents, Cosmopolitan et le Monologue shakespearien (chanté depuis la salle, au milieu du public), Deauville sans Trintignant (qui lui a valu cette réflexion de son ami Sylvain, à qui il faisait découvrir la chanson : « Qu’est-ce que tu devais te faire chier le dimanche quand t’étais petit » !)… Passage en revue qui permet à chacun de constater combien cet album vieillit bien, les thèmes et la manière de les aborder s’avérant intemporels, contrairement à ce que l’on aurait pu craindre.

Cette première étape achevée, l’artiste nous rappelle qu’il a aussi écrit 6 autres albums et nous le prouve en chantant un extrait de chacun d’eux, de Natation synchronisée à Vie Varda. Ajoutons aussi quelques anciens morceaux qui ne figurent sur aucun de ses albums-studio, comme Les miettes ou L’appartement, une chanson-hommage à sa « soeurette » Jeanne Cherhal, une nouveauté impressionniste sur la vie d’artiste (L’attrape-cœurs), et un medley de tubes populaires (de Claude François à Johnny), juste pour le plaisir de faire chanter la salle. Les filles de 1973 ont trente ans et Le baiser Modiano peuvent alors clôturer le bal.

Voici donc vingt ans que Vincent Delerm a quitté les sous-bois de la confidentialité pour briller sous les projecteurs des plus grandes salles. Son évolution musicale – beaucoup moins de chansons efficaces et drôles, beaucoup plus de poésie intimiste – ne lui a peut-être pas permis d’accrocher les générations suivantes, mais il est clair que ceux qui l’ont aimé à ses débuts sont toujours là pour le suivre, quel que soit le chemin artistique qu’il décide de prendre. Un public qui sait qu’un concert de Delerm est un moment privilégié, où le rire déclenché par ses intermèdes second degré côtoie l’émotion de ses chansons mélancoliques. Une preuve supplémentaire nous en a été donnée ce vendredi.

 

SOUVENIRS SOUVENIRS

ui8gkq2ty4qga_600Une fois n’est pas coutume, c’est la personne dont on fête l’anniversaire qui offre le cadeau. L’ouvrage se nomme Comme une histoire. Il se présente comme un recueil de photos et écrits divers, parcourant toutes les étapes de la carrière de Vincent Delerm, de ses premiers pas théâtraux à Rouen en 1997 à son dernier album de 2019, Panorama. S’y insèrent deux CD. Le premier regroupe quelques chansons inédites (L’attrape-cœurs et Avec Jeanne, chantés sur la scène bruxelloise), parfois écartées des CD pour lesquelles elles avaient été enregistrées (comme le très beau Le silence). Y sont adjoints des témoignages vocaux, des publicités, des extraits d’émissions de radio (un Amour en fuite en duo avec Souchon, par ex.), des bouts de maquette… Le second CD, intitulé Sans paroles, reprend 20 titres de l’artiste en version instrumentale, au piano uniquement.

Un bien beau livre, que l’on feuillette avec une curiosité nimbée de nostalgie. Ce résumé de carrière illustré est toutefois avant tout destiné aux amateurs impénitents du beau Vincent, seuls à même d’en apprécier pleinement le contenu. Le public qui ne le connaît que par bribes risque par contre de rester insensible à ce qui peut apparaître comme un ouvrage nombrilesque.

 

Vincent Delerm, Comme une histoire, Tôt ou Tard, 2022. Le site de Vincent Delerm, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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« L’Attrape-coeurs » : Image de prévisualisation YouTube

« Avec Jeanne » : Image de prévisualisation YouTube

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