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Olivia Ruiz, que viva España !

 

Olivia Ruiz à Bruxelles (photos Annick Delperdange)

Olivia Ruiz à Bruxelles (photos Annick Delperdange)

Bruxelles, le W:Halll, 9 novembre 2022,

 

Trois des grands-parents d’Olivia Ruiz étaient Espagnols et avaient fui leur patrie et le régime franquiste pour se réfugier en France. Pourtant, dans la maison familiale, ce passé tumultueux n’était jamais évoqué et leur langue natale était proscrite. C’est pour renouer avec ses racines enfouies que l’artiste s’est lancée dans ce spectacle intitulé Bouches cousues, créé en 2019, mis en scène par Jérémie Lippmann, mêlant images et musiques, chansons de l’artiste et chants espagnols. Comme elle nous l’avoue entre deux morceaux : « Je veux savoir d’où je viens pour savoir où je vais ».

Pour qui a déjà eu l’occasion d’applaudir la pétulante chanteuse, le contraste est saisissant. Exit la pop-rock bourrée d’énergie qui est sa marque de fabrique, bonjour le tour de chant grave et solennel, empreint de dignité et d’émotion contenue. Olivia Ruiz nous apparaît métamorphosée, soucieuse de rendre hommage à ces être déracinés que furent les Espagnols de jadis, que sont tous les sans-papiers d’aujourd’hui.

315329072_1590803384705563_1045042599895031844_n315504442_1644453849284615_5511376825814979917_n315322199_1089854991713185_1786834601554819615_nC’est sur une version épurée de El paso del Ebro (plus connue sous le nom de son refrain Ay, Carmela !) que la chanteuse fait son apparition, vêtue de noir et cheveux noués en strict chignon, parcourant la scène à pas lent. D’emblée la gorge se noue, tant la voix claire et posée de l’artiste transbahute la douleur incarnée par ce chant qu’entonnaient les combattants républicains. Le ton général du spectacle est donné, même si, bien heureusement, les chansons seront parfois d’humeur plus joyeuse, comme ce Porque te vas avec lequel elle enchaîne, que le public peut fredonner en chœur.

Le menu de la soirée est donc majoritairement d’obédience hispanique. Des chansons connues de tous (Volver ou Piensa en mi, merci Almodovar !), parfois moins populaires (Alfonsina y el mar, Malaguena…), toutes magnifiées par la voix et l’interprétation d’Olivia Ruiz, au summum de son art. Que les fans se rassurent toutefois : quelques morceaux issus de son propre répertoire sont également de la partie, comme les Non-dits, idéale pour illustrer le silence qui nimbait le passé familial de la chanteuse, les Météores ou cette chanson d’enfance J’traîne des pieds, dans une version mélancolique bien éloignée du ton enjoué qu’on lui connaît.

Pour accompagner le périple identitaire de l’artiste, quatre solides musiciens, des arrangements originaux (scie musicale et verres de cristal remplis d’eau sont même de la partie), une mise en scène soignée, avec projections sur fond de scène ou sur un rideau amovible, des éclairages élégants… Un spectacle fort, dont chaque détail a été pesé et pensé, ne laissant nul espace pour l’improvisation. L’Olivia exubérante que l’on connaît étant temporairement mise entre parenthèses, nous découvrons à la place une chanteuse dont la voix n’a jamais été aussi belle, à la gestuelle ample et théâtrale, s’essayant même à la danse contemporaine par moments. Une nouvelle facette d’une artiste qui n’a pas fini de nous étonner.

 

Le site d’Olivia Ruiz, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

 

« Malagueña » : Image de prévisualisation YouTube

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