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Georges Chelon, les étrennes de l’octogénaire

 

Georges Chelon (photo Ghislain Debailleul)

Georges Chelon (photo Ghislain Debailleul)

Nous sommes mi-décembre et voici qu’arrive un tout nouvel album de Georges Chelon, un an après son dernier disque La Rencontre et quelques semaines avant l’année 2023 qui verra l’artiste fêter ses 80 ans, le 4 janvier précisément. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a conservé une voix de presque jeune homme, celle qu’il avait en 1964 à l’aube de sa carrière. Sa production est tellement féconde qu’il y a belle lurette que nous avons cessé de compter ses disques, des premiers 45 tours aux récents disques compacts.

Ce nouvel enregistrement débute avec le morceau qui donne son titre à l’album Ah ! La vie…, dans la formule la plus dépouillée qui soit, « façon Brassens » voix, guitare et contrebasse. Le titre qui suit, sur un contrechant sautillant de son complice Pilou, s’inscrit dans une veine connue de l’auteur, Tout d’mon crû, un poil polissonne bien dans une certaine tradition française. En remontant très loin, on pourrait citer la chanson Le trou de mon quai composée en 1906 et popularisée par Dranem. Autre constante au fil des albums, un titre, La déchirure, à la touche franchement jazzy ponctuée de quelques beaux solos de saxophone.

Chelon n’oublie pas qu’il a commencé des études à Grenoble en Sciences Po quand il veut commenter l’actualité dans Mais pour qui se prend-il ? afin de dénoncer, sur fond de tambours, l’attitude belliqueuse de Vladimir Poutine. De même, avec l’exercice de style « Je t’apostrophe M », il démontre, si besoin en était encore, qu’il est passé maître dans l’art de jongler avec les mots, fût-ce en les épelant. Une autre constance chez notre auteur-compositeur-interprète, est son sens de l’auto-dérision. Pour preuve le titre suivant Chanteur d’une autre époque à la lucidité teintée d’une pointe de nostalgie et, juste avant à la fin de la chanson, d’une lueur d’espoir.

La plage suivante, Murmure, est un texte superbe et poétique de Louis Parisel qui a reçu en 2021 le Grand Prix Georges Chelon de la Société des Poètes et Artistes de France (SPAF) à Barbizon. L’humour et l’autodérision sont une fois encore au rendez-vous pour La chanson de l’œuf dur qui s’adresse à sa fille. Je voudrais te parler de moi est une supplique empreinte d’humilité. Dans Pour être grand, Chelon se fait philosophe, son grand âge et son expérience l’y autorise, pour donner un ultime conseil aux jeunes générations. Le disque ne serait pas complet sans une petite chanson coquine, voilà qui est fait avec La porte ouverte.

Pour commander cet album, cliquez sur la photo

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Aux onze nouvelles chansons sont ajoutés quatre titres extraits du dernier disque de son intégrale, parue entre 2004 et 2008, consacrée à la mise en chansons des Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. C’est Le voyage, long poème de plus de treize minutes, Franciscae meae laudes chanté en latin, Les petites vieilles que Baudelaire dédia à Victor Hugo, et enfin le très court Un cabaret folâtre de seulement deux strophes de quatre vers chacune.

Si vous avez la curiosité de jeter un œil aux réseaux sociaux, vous pourrez constater que Georges Chelon continue de bénéficier du soutien d’un groupe d’inconditionnels, certes pas de prime jeunesse, mais totalement dévoués à sa cause à grand renfort de louanges au poète avec un grand P, au troubadour avec un grand T. Cela fait sourire certes, mais à chaque nouvel album force est de constater la qualité de ses textes, la beauté de sa voix et la fraîcheur de ses mélodies même si bien souvent elles rappellent de plus anciennes chansons.

Il est indéniable que Georges Chelon, comme il le reconnait lui-même, est un chanteur d’une autre époque avec des chansons d’un autre temps. Mais je vous fiche mon billet, tout comme lui-même l’espère, qu’il ressuscitera dans les décennies à venir et à intervalles réguliers pour faire le miel d’amateurs de belles chansons. Qui parmi vous, amis lecteurs, prend du plaisir à réécouter les Beaucarne, Barrier, Leprest, Magny, Sauvage, Sylvestre et autre Tachan (liste non exhaustive où chacun ajoutera l’un ou l’autre nom), autant d’artistes qui n’ont peut-être pas eu l’aura médiatique qu’ils ou elles méritaient ? Eh bien, de même, vous aurez plaisir à écouter et à réécouter ce nouvel album. Pour paraphraser Paul Claudel, je veux rassurer Georges Chelon. Sa résurrection n’est pas tout entière dans le futur, elle est aussi en lui, elle commence, elle a déjà commencé. Ces étrennes d’un presqu’octogénaire, Ah ! La vie… l’atteste.

 

Georges Chelon, Ah ! La vie…, EPM, 2022. Le site de Georges Chelon, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Ah ! La vie… » : Image de prévisualisation YouTube

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