Alysce, en on ne sait quel pays

Alysce (photo Esther Baron)

« Quand je tombe amoureuse / En sol majeur / J’ai plus envie d’aller voir ailleurs… » Drôle de visuel, androgyne, que celui de ce disque d’Alysce, chanteuse qui partage avec Olivia Ruiz cette affirmation ne souffrant pas de commentaire « Je veux savoir ». Si Ruiz en fait un slogan qui s’affiche ad lib sur son fond de scène, Alysce en fait la chanson-titre de son nouvel album. « Où trouver du courage pour la violence et la tendresse / Je veux savoir / Comment faire avec la boule au ventre et puis la honte / Je veux savoir où va l’histoire des femmes ».

« Bouche à bouche / Je me fonds en toi / Bouche à bouche / Je respire enfin ./ Bouche à bouche / J’ai plus peur de rien / Bouche à bouche ». C’est un disque suave, charnel, délicieusement enivrant, qui peut sans mal s’écouter en boucle-à-boucle tant il vous retient, presque vous passionne. Pas de la grande chanson, certes, si tant est que ça existe, mais de celle qui sent la fin de soirée, quand le corps se relâche, se détend, quand la musique et cette voix prennent le pas, le contrôle. Quand tout est possible.

« Je voudrais chanter comme Barbara si elle avait aimé Jeff Buckey » écrit Alysce en exergue de cet album, comme si elle balisait ainsi son art. On ne sait que peu de choses de cette Alice Ducoin qui, enfant, débuta par la guitare classique (son paternel est guitariste de jazz), par laquelle elle n’a cessé de glaner des récompenses. C’est en passant des concours qu’en parallèle elle lorgne sur la chanson, admirative qu’elle est entre autres de Ferré et de Barbara. Premier disque, un EP, il y a cinq ans, Désirs de révolte, un six titres déjà remarqué, à tel point qu’il lui valut d’être finaliste du Prix Moustaki.

Pour qualifier l’art d’Alysce, on puisera dans l’attirail de mots tout faits le terme de « pop », même si ce n’est pas satisfaisant : en fait une chanson bien foutue, rondement menée, aux vers percutants, à la musique incisive. D’une voix qui ne laisse pas indifférent et, permettez-moi d’insister, dans un monde où il n’est pas besoin d’articuler et d’être audible pour oser se dire chanteuse, d’une belle diction, clarté des mots et des idées. Rien que pour ça, vous pouvez l’essayer, et sans doute l’adopter.

Alysce, Je veux savoir, Zeb Rock 2022. Zeb Rock 2022. Le facebook d’Alysce, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. En concert le 14 janvier 2023 en première partie de Bertrand Belin à Le plan, 91

« Je veux savoir » :