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Jack Simard, Y a plus qu’à

Jack Simard Photo Presse

Jack Simard Photo©theglint

Guère plus de deux ans après Nu, issu du confinement, Jack Simard revient avec un nouvel album de colère et d’émancipation de toutes les entraves, toujours et encore plus parlé que chanté, où il abandonne la sobriété du piano voix pour une orchestration plus produite à l’aune du batteur-compositeur-réalisateur-arrangeur Vincent Cegielski. Adieu les confidences douces de J’écris,  Dix doigts ou Je pleure du dernier album, et l’accablement de Je reste là se mue en cri de désespoir et de révolte active sinon violente. Tout l’opus pourrait s’intituler Non, de ce cri de refus de toutes ces injonctions contradictoires dont le monde actuel nous bombarde. Un refus de la médiocrité, des modes, des démonstrations, des notations, des langues de bois, de la dictature des apparences… « Non (…)Au soin, à la forme /  Au bon goût, à la norme / Au bon vouloir, au bon sens / Au bon dieu, à la bien-pensance ». « Alors non, merci, vraiment. »

Renouant avec le chanté au milieu du Sang neuf, il jette son énergie aux yeux du monde, dans un nouveau bain d’électro, tente le tout pour le tout, y croit encore « Y a plus qu’à », même si on est peut-être Trois minutes trente avant la fin des temps. Beau jeu sur la notion de temps dans la chanson titre, avec toujours cette articulation fabuleuse, ce rythme urgent sur un fond percutant sur les trompettes de Gergo Bille, (vous avez remarqué comme les jeunes chanteurs nous parlent de fin du monde ?)« Les planètes s’alignent dans le sens des aiguilles »…  dans un scénario haletant. Ne devrions pas jouir du temps, l’apprécier, plutôt que de le tuer en vains mots … tout l’temps ? Entre son Bref, aveu d’impuissance, et son sarcastique : « Peut mieux faire en humanité, mais pour le reste : Bravo ! » à toutes les erreurs de notre époque,  c’est un bilan pessimiste qu’il dresse, semblant toujours hésiter entre désespoir et sursaut, comme un instinct de vie plus fort que tout. 

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Seul instant de douceur teintée d’amertume, le poignant N’est-ce pas final, composé par le pianiste Sébastien Valle, est un retour au calme après tant de tempêtes, une longue introspection pour « quand je serai plus là ». Prêtant ses réflexions à celle qui restera après lui, Simard  choisit la poésie contre les (mauvais) goûts du monde, fait le bilan de sa vie, « rien su faire d’autres que des alexandrins / que du pain à l’épeautre / Et des caresses au chien / Qu’on s’est pas vu assez / Qu’on s’est trop souvent fui /  Qu’on a pas su s’aimer »…

Un album qui serait désespérant si ce n’était la force de Simard, même lorsqu’il fait ce constat, Qu’est-ce qui nous arrive : « C’est la fin de la belle époque / Et le début d’on ne sait pas quoi (…) Rien ne sera plus comme avant ». Très beau jeu musical, superbe mise en scène de notre époque en déshérence, en un duo poignant. C’est puissant, d’une rare perfection musicale. Avec aussi cette auto-analyse vue d’un ailleurs, vue d’un autre, absolument renversante : Si tu veux bien prendre ma place : « Et s’il a l’air d’être nombreux, c’est qu’il sait pas lequel il est ».

Simard maintient la tension jusqu’à la fin avec ce suspense, Elle est revenue. Mais non, pas une femme, « la rage au cœur, le feu au cul… la belle inconnue », plutôt la liberté ou l’espérance, à vous d’entendre, dans une envolée cuivrée, lyrique…
Alors, « Y a plus qu’à ? »

 

Jack Simard, Trois minutes trente avant la fin des temps,  2023 Le site de Jack Simard c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là.

Jack Simard est en tournée de concerts (voir son site) et sera au Festival Barjac m’enchante le 30 juillet 2023.

« Non », clip officiel 2023 Image de prévisualisation YouTube
« Bref », session 2022 Image de prévisualisation YouTube

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