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William Dunker, 1959-2023

 

William Dunker (photo non créditée tirée de sa page facebook)

William Dunker (photo non créditée tirée de sa page facebook)

Triste nouvelle, nous n’aurons plus l’occasion de recroiser la bouille joviale de William Dunker, catalogué chanteur de blues wallon, mais aussi comédien de théâtre et figure emblématique de Charleroi.

Son nom ne dira probablement pas grand-chose à nos lecteurs français. Sans doute évoquera-t-il par contre quelques souvenirs aux Québécois ? Sous le nom des Fabuleux élégants, l’artiste belge avait en effet, fin des années 90, créé un groupe de country avec trois musiciens de là-bas, qui avait abondamment tourné dans la Belle Province. Ou peut-être aussi les amateurs de I Muvrini savent-ils qu’il apparaît sur un titre de leur album Umani (en 2002), pour un mariage de ces langues régionales chères aux frérots Bernardini ?

William Dunker avait donc la renommée modeste. Peut-il de toutes manières en être autrement quand on chante en wallon ? Allez franchir les frontières avec des albums s’intitulant Trop tchaud ou Ey’Adon !, dans lesquels on trouvait des chansons nommées El mambo del loke à rlokter, Toudis su’l voye ou Nwèr cafè, fèl cafard… Une démarche artistique originale, à mille lieux de tout passéisme, sans folklore aucun. Par la grâce de son talent, le wallon retrouvait dans ses chansons son statut de langue vivante, une langue qui swingue et sonne. Mais avec une diffusion forcément limitée, ce ne sont pas les chanteurs bretons ou occitans qui nous contrediront.

Alors il a bien fallu que William Dunker se contente d’être roi chez lui, plutôt que prince à Paris. Dans ce périmètre restreint de la Wallonie, il fut un maître des scènes, de la fin du XXème au début du XXIème siècle. Un concert de notre bluesman sans tifs, c’était l’assurance d’une soirée réussie. D’abord parce que l’homme savait s’entourer (sa garde rapprochée était constituée de deux guitaristes d’origine américaine qui savaient y faire, Marty Townsend et Kevin Mulligan) et que musicalement, ça balançait fort et bien, entre le blues du Delta et la country des grands espaces. Le Bill Deraime de Charleroi, quoi ! En moins sérieux toutefois : le chanteur était à l’image de son physique rondouillet, affable, bon vivant, souriant, toujours l’humour à fleur de peau et le bon mot au bord des lèvres. Un artiste que l’on devinait aussi sympathique à la ville qu’à la scène. Cela lui valut une réelle popularité, qu’aucun chanteur n’a jamais pu acquérir dans ce type de répertoire et, on peut le craindre, que plus personne n’atteindra jamais non plus.

On l’avait un peu perdu de vue ces dernières années. Sa discographie, pas bien nourrie, s’était achevée en 2015 par un disque enregistré en public, tandis que les occasions de l’applaudir en tant que chanteur-solo s’étaient raréfiées.

Pourtant, il a suffi que tombe l’annonce de son décès pour qu’une immense émotion s’empare de tous ceux qui avaient suivi son parcours. Une bouffée de nostalgie pour un artiste apprécié, qui laisse une œuvre qui mérite la (re)découverte. Vous ne comprendrez probablement pas grand-chose aux paroles, mais est-ce bien différent lorsque vous avez affaire à un chanteur acadien ? Le country-blues en wallon vaut assurément celui de là-bas. Et l’émotion qui vous étreint à l’écoute d’un Djan Pinson est universelle.

William Dunker nous chantait être Toudis su’l voye (version wallonne et clin d’œil du On the road again). Ce dimanche il a trouvé le bout de son chemin. El bouneur est vrémint rale achteure.

 

« Djan pinson » : Image de prévisualisation YouTube

« Toudis su’l voye » : Image de prévisualisation YouTube

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