CMS

Chimène Badi dans les traces de Piaf

Chimène Badi (photo Stany Noël)

Chimène Badi (photo Stany Noël)

Bruxelles, le W:Halll, 22 octobre 2023,

 

Chimène Badi chante Piaf. L’annonce d’un tel spectacle (avec un disque à la clé, paru en janvier) fait craindre le pire, avouons-le. Cela sent l’opportunisme (on célèbre en 2023 les soixante ans de la disparition de la Môme), le réchauffé (en 2013, nous avions eu droit à Patricia Kaas chante Piaf !), le moyen facile de se rappeler au bon souvenir des médias quand on subit un creux de carrière…

Et puis, après coup, on se dit qu’on a tout faux. Ou du moins que la sincérité qui se dégage du concert prime sur les autres considérations qui ont pu faciliter sa mise sur pied. Saluons donc la clairvoyance du centre culturel du W:Halll d’avoir osé programmer ce joli spectacle, passant outre l’image de chanteuse de variété facile associée à Chimène Badi.

(photo Stany Noël)

(photo Stany Noël)

(photo Stany Noël)

(photo Stany Noël)

Rien de révolutionnaire toutefois : le but n’est pas de nous présenter une Piaf revisitée. Nous sommes dans le registre de l’hommage respectueux, tant des chansons que de leur illustre interprète. Avec un certain passéisme pittoresque, la mise en scène fait appel à tous les poncifs de l’imagerie du Paris de ces années-là : le banc de parc, la table de bistrot, les lampadaires… Sur les deux côtés du plateau, des écrans accueillent des projections illustratives de la chanson en cours (un carrousel pour Mon manège à moi, un café parisien pour Les amants d’un jour et sa serveuse qui essuie les verres…), ainsi que des extraits d’interview d’Edith Piaf clamant l’importance de l’amour dans sa vie. Tout cela n’est certes pas d’une originalité à toute épreuve, mais reconnaissons que le travail est très soigné, avec des splendides lumières de la star des projos Jacques Rouveyrollis et un accompagnement musical sobre et délicat : Sébastien Debard à l’accordéon (un peu sous-employé, malheureusement) et Cyril Barbessol au piano.

Quant au répertoire, il se concentre sur les morceaux intemporels (La foule, Milord, L’Hymne à l’amour, Non je ne regrette rien, La vie en rose…), se risquant juste à reprendre quelques titres moins célèbres, comme Mon Dieu ou Jezebel. Le public chante donc spontanément les refrains les plus connus, applaudit à tout rompre Un homme à la moto pétaradant, bat des mains sur un entraînant A quoi ça sert l’amour ?, ou écrase une larme avec la très belle version de Plus bleu que tes yeux… Qui pourra expliquer le mystère de Piaf, dont les chansons sont pourtant datées, véritables mélodrames emplis de filles à soldat, de femmes passionnées mais incomprises et d’amours tragiques ? Comment ces rengaines arrivent-elles ainsi à traverser le temps et à toujours étreindre les cœurs, quand toutes celles de ses consœurs de l’époque ne provoquent plus qu’un sourire amusé ?

Et puis, il y a Chimène Badi. De noire vêtue évidemment, pantalon et veste blazer, perchée sur des talons vertigineux. Avec une gestuelle tout en élégance, retenue et efficacité. Dotée d’une voix puissante et d’un chant parfait, tant dans la justesse, la diction que dans la variété de tons. D’une touchante simplicité dans sa manière de s’adresser à nous et de nous remercier d’être là pour ce projet qui lui tient tant à cœur. Elle nous avoue entre deux chansons que son amour pour Piaf remonte à sa petite enfance, mais qu’il lui a fallu attendre d’avoir 40 ans pour se sentir capable de la chanter, ne voulant pas simplement reproduire ces tubes du temps passé mais pouvoir les vivre et les ressentir profondément. L’énergie et la passion qu’elle déploie attestent de la sincérité du propos.

CHIMENE BADI cdLe spectacle s’achève sur cinq chansons issues de son propre répertoire (Entre nous, Je viens du sud, Le jour d’après…), avec une boîte à rythme en renfort du piano, histoire de donner une touche de modernité. Peut-être pas la meilleure idée de la soirée, vu le décalage entre les deux registres. L’initiative, reconnaissons-le, a cependant ravi son public.

Chimène Badi chante Piaf a donc un double mérite. D’une part, il donne l’occasion de réentendre des morceaux devenus des classiques, ce qui fait toujours plaisir. Il permet aux néophytes, d’autre part, de découvrir les impressionnants talents vocaux d’une excellente chanteuse. Une aubaine à saisir, en quelque sorte.

 

Le facebook de Chimène Badi, c’est ici.

 

« Non, je ne regrette rien » : Image de prévisualisation YouTube

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives