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Corbier père et fils : transmission, restitution

Wilfried Roux (photo Mike Ibrahim)

Wilfried Roux (photo Mike Ibrahim)

Ce n’est certes qu’un ep de cinq titres, c’est pas beaucoup, c’est même frustrant : treize minutes, on en veut plus, on va pétitionner ! Mais… mais c’est du Corbier dans le texte, parfois dans la musique. Et de son fiston, Wilfried Roux, dans l’interprétation, filiale restitution.

Faut-il le dire aussi : c’est du bon. Il n’y a que la voix qui change : celle de l’héritier fait un peu variété des années soixante-dix, époque Caradec, Delpech ou Nicole Rieu (pas dégueu, donc), ça doit être ça que veut dire le titre « du neuf avec du vieux ».

On ne dira même pas que c’est dans l’esprit de François Corbier, puisque c’en est : comme un peu de rab après un succulent repas, comme un fantôme qui vient nous hanter, nous chatouiller, vous dire des choses raisonnables, poétiques, des souvenirs de l’enfance ; nous distraire de nos actuels plaisirs coupables, de tour ces chanteurs jetables, écoutés et oubliés dans l’instant.

Pour certains d’entre vous, Corbier n’est que le trublion du p’tit écran de jadis, le barbe rousse du paf, toujours dans les jupes de Dorothée. Pour les beaucoup plus vieux et paradoxalement les plus jeunes, il est avant tout cet auteur-compositeur-interprète gentiment frondeur, coquin et écolo. Et pour les lecteurs de Fluide Glacial, ce fréquent figurant des photos-bédés de Léandri. Si vous faites le compte, ce tendre rigolard a dû séduire un public de cinq à cinq cent cinq ans.

1711857890027Dès le premier titre de cet ep, c’est tant le Corbier pour jeune public que le chansonnier qui s’adresse à nous, s’interrogeant : « Dis, papa, qu’est-ce que c’est un arbre ? » Serait-ce la chanson-vedette de dans quelques décennies, quand Ikéa aura tout rasé sur terre, le tube des défenseurs-regretteurs de l’environnement ?

Oh, ce ne sont que cinq titres, certes : quatre inédits et un autre exhumé d’un vieux 45 tours de 1968 alors produit par Alain Barrière. A la chanson sur les arbres s’ajoute un hommage à Jacques Prévert, une divagation érotique d’une homme pour une passante sous la pluie (« Si je suis triste les jours où il pleut / C’est qu’elle me manque un peu »), l’évocation émouvante d’une Vieille en noir

J’ai connu jadis un journaliste psycho-rigide, dans une grande revue de la chanson, qui interdisait qu’on y parle de Corbier au prétexte que notre barbu à guitare aurait pourri nos chères têtes blondes par sa présence chez Dorothée. L’imbécile… Moi je fais le pari que Corbier restera quand la plupart des chanteurs seront oubliés. Que sa simplicité, sa bonhommie, ses refrains tous de bon sens, lui survivront pour peu que des Wilfried (autoproclamé « représentant-en-ritournelles-paternelles-et-grand-légataire-universel-de-l’œuvre ») et d’autres s’en emparent, lui prêtent leur voix.

 

Wilfried, Du neuf avec du vieux, ep Dans l’œil du barbu 2023. Le facebook de Wilfried, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

 

« La Vieille en noir » : Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Corbier père et fils : transmission, restitution

  1. Catherine Laugier 20 avril 2024 à 22 h 04 min

    Je suis bien d’accord, Wilfried Roux fait vraiment du neuf avec du vieux : la voix, l’interprétation sont expressives, sensibles. C’est frais et émouvant, exquis musicalement, et on n’a qu’une envie, c’est d’écouter un album complet.
    Mais en même temps il souligne la profondeur et l’actualité des textes de son père. Quoi de neuf ? Eh bien Corbier dites donc !

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