Lora Gabriel « Ralentis »
J’accélère
Je me lève, l’esprit vide, comme hier
J’accélère
Un café trop amer pour les nerfs
Pour tout c’que j’ai à faire
J’accélère
Je dérive mais je crois que je gère
J’accélère
C’est simple, quand ma tête, oblitère
Tant pis pour mes artères
Mon bateau prend l’eau
Dans je ne sais quelle mer
J’écope, mais je coule en enfer
Lora Gabriel
Paroles et Musique Lora Gabriel. Extrait de l’album « Divine comédie » 2025
Lora Gabriel, chanteuse originaire du Calvados, à l’origine flûtiste puis formée au chant lyrique, a eu aussi des envies d’écritures personnelles.
Active depuis une dizaine d’années, elle a déjà publié un album de chanson-jazz, Résiliences, en 2018.
Puis deux albums courts de chansons pop et profondes, plutôt introspectives, Quand la lumière gronde, cinq titres en 2021, écoutez Immobile, « L’espoir se noie / Sous mes larmes de plomb / Comme c’était bon / Quand elles étaient de joie », son mélancolique duduk et la résilience au bout du chemin « Sur mon champ de bataille / J’ai transformé mes failles / En une terre fertile », tourné au moulin de Maison-Dieu, à La Ferté-Gaucher.
Et Les montagnes russes, six titres, en 2022, écoutez ce titre où l’humour est là pour poser des questions essentielles : À l’américaine « Pourquoi les américains / Ont -ils l’amour si facile ? / Des « love you » presque anodins / Des « love you too » volatiles / Moi je crois que dire je t’aime / C’est un cadeau délicat / Un truc qu’on n’dit pas comme ça… » avec toujours l ‘art du retournement final « Trop tard, c’est bien ma veine / Même à l’américaine Je t’aime ». Des albums réalisés par le multiinstrumentiste, co-compositeur et arrangeur Quentin Bécognée, qui ne dédaigne pas non plus de faire les chœurs.
Divine comédie et ses six titres sera présenté comme un spectacle musical, avec les conseils de Françoise Gillard, de la Comédie-Française. À côté de chansons « à la première personne », elle y élargit sa thématique avec cette fine analyse de notre monde anthropocène : cette incitation à résister aux injonctions de concurrence, de rentabilité, ou avec l’inquiétante chanson-titre, le paradoxe d’un monde où le paraître prime sur l’être. La vague porte le message en douceur, entre questions et satire, « Heureusement qu’Elon veille / Sur les humains / Qui peut bien imaginer la scène de fin / Quand nous n’aurons plus / Qu’une vague idée / De l’océan », tandis qu’en écho subliminal retentit l’inquiétant mantra « Jusqu’ici tout va bien… » Quant à Trop ou pas assez, elle repose l’éternelle question de la chanson, vue non comme acte créateur, mais comme produit industriel de loisir, et ses mots nous interrogent « Ta musique trop classique, angélique, cathartique, trop didactique / Pas assez hypnotique, polémique, névrotique ou atypique »… Un dosage subtil entre une pop électroacoustique, une voix légère, une dose d’humour et une louchée d’écriture bien troussée et avec du sens.
Concert de sortie le 06 octobre 2025 au Solo Théâtre 75011, avec la pianiste Rosie Marie. À suivre sur facebook et YouTube.


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