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La Croqueuse, chanson forcément à croquer

la-croqueuseIl est plaisant d’écouter un tel album où s’offre une chanson dans sa plus grande simplicité, sans le souci de savoir à quelle subdivision elle appartient, sans calcul d’apothicaire ou de disquaire. Ici, on écrit, on compose, on chante. Quoi de plus naturel. Bien sûr, les mots assemblés font naître des histoires, esquissent des sentiments, des impressions, des émotions, des colères. Bien sûr parfois les notes s’envolent un peu plus haut pour faire le beau, se faire la belle. C’est une chanson comme on aime, à croquer il va de soi.

La Croqueuse est un quatuor de La Mayenne, avec presque six d’ans d’existence et déjà quelques remaniements : en fait, la moitié de son personnel. Les deux qui restent du début de l’aventure, sont Pascal Richard au chant et à la guitare (c’est aussi lui qui écrit et compose) et François Soutif aux chant, ukulélé et concertina. A leurs côtés, Léo Lacroix aux guitares et Olivier Dupuy à la contrebasse. Désolé pour les SMAC, ce n’est pas particulièrement de la musique amplifiée, les électriciens n’étant pour rien dans leur art. Eux, ce n’est pas forcément sur ce genre de scènes qu’on les imagine bien, mais là, devant vous, sur une place ou sur le podium dressé pour une fête communale, chez l’habitant comme dans des petits festivals, de ceux où il n’est pas besoin de se prévenir des décibels à coup de bouchons d’oreilles.

La pochette de leur digipack ne montre qu’une 2 cv camionnette, avec écrit « Chansons » dessus, lourdement chargée sur le toit de leurs instruments. Est-ce cela qu’ils nomment leur « baraque à histoires » faites d’« histoire d’amour, histoire d’absence, histoire de lutte, histoire de chance, sale histoire au goût de rance ». D’histoires donc, qu’ils vont colporter d’une commune l’autre, apporter non la bonne nouvelle (encore que, si c’est pour la musique…) mais un peu beaucoup de joie, même s’il se nichent dans leur répertoire quelques chansons avec des vrais morceaux de grave, de plus sérieux que d’autres, qui savent sortir leurs griffes à bon escient. Leur monde grouille de personnages, surtout féminin : ici une bâtarde pour qui l’accordéon est une échappatoire, là une fille de joie « qui a fait le bonheur des p’tits bourgeois » en croquant des fesses de notaire, d’abbé, de pharmacien, forcément fesses entre toutes respectables. Là, c’est un livre qui se raconte, que les doigts d’une femme feuillettent. Et ces rebelles amoureuses de libertés qui « reviennent toujours sans hésiter / nous dévoiler l’obscurité » : bel hommage aux femmes de caractère, à celles qui se battent.

Sur le monde qui est le nôtre, couplets et refrains se font reproches, se jouent chagrins : « Tu dis qu’t’as mal, que demain te fais peur / La pisse du diable te bouffe tout l’intérieur (…) Réveille-toi, regarde-toi, réveille-toi ». La terre est ici personnifiée comme une femme pillée, martyrisée. Les rimes sont aussi tragiques que belles.

La Croqueuse en croque, du talent il va sans dire. Il serait bien qu’ils aillent désormais enchanter loin de leur base d’origine qu’est le marais mayennais. Leur art est mûr qui peut se frotter à un auditoire beaucoup plus large. On le leur souhaite.

 

La Croqueuse, cd éponyme, autoproduit 2018. La page facebook de La Croqueuse, c’est ici. Contact : Pascal Richard 06 33 19 03 93 4pascal.richard@gmail.com

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