CMS

Béa Tristan, un bon moteur et pas de rétroviseur

Béa Tristan, en tous points unique (photo DR)

De nouveau « dans le circuit », après long silence de presque quatre décennies, Béa Tristan poursuit son étrange voyage entrepris à son retour, en 2007, par le magnifique album Les palissandres, énigmatique et envoûtant road-movie. La même voix, ample, incroyable, envoutante, obsédante, prend la même voie, « voie lactée des anges déchus », magnétique, nous dévoilant chaque fois un peu plus son univers, sa part de vérité, de réalité. Les routes ne procèdent que rarement à son imaginaire : « ce qui ferait mon bonheur : un bon moteur et pas de rétroviseur. »
Le moteur était chaud, la mécanique intacte, la carrosserie pas carrossée, et c’est déjà (enfin ?) un deuxième tour de piste en son circuit ni parallèle ni perpendiculaire, simplement autre : « Trouves-moi une bagnole qui route vite, vite. » Autre opus, donc, et même magie que ce Mr Mécano, dans ses entrelacs de mots et de vies en mouvement, ce spleen et ces turbulences, dans ces sentiments, cette poussière bue, ces kilomètres avalés. Il y a, chez Béa, comme un paradoxe chanté : le mouvement s’allie au contemplatif. Même sans Ry Cooder, on est un peu chez Wenders, Paris Texas… Ses chansons y ont cette ampleur, ce champ, ce grand angle, ces plans américains. Ces Texaco posés au milieu de nulle part. Et cette poussière qui vous pique les yeux, vous pénètre l’oreille. Il y a cette voix énigmatique et fatiguée d’avoir sans doute trop crié à la vie, envoûtante comme jamais, évidente comme toujours. Qui vous hante, vous obsède, longtemps après l’écoute. Et cette mélodie des mots, cette stupéfiante musicalité, cette nostalgie qui n’est pas vôtre mais vous imprègne pareillement, litanie joyeuse et douloureuse, poisseuse et fluide à la fois. Etrange, en tous points unique.
Rien, dans la chanson, n’est équivalent à ce que fait et chante Béa Tristan, rien. Elle est sans famille, sans rien. Juste du cambouis, de la gazoline, des paysages qui défilent et la narration passionnée, passionnante, d’un style de vie qui imprègne et poisse des chansons de future anthologie. Une pure merveille, un vrai bonheur !

Image de prévisualisation YouTube

Béa Tristan, « Mr Mecano », 2011, autoproduit. Le site de Béa Tristan. (ce billet reprend pour partie les chroniques rédigées pour Le Petit format et pour le Thou’Chant). Concert de Béa Tristan le 21 octobre à Viricelles, dans la Loire (réservations au 04.77.54.98.86).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives