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Salut les copies !*

Ah ! Télérama et la chanson, longue et douloureuse histoire, configurée « je t’aime moi non plus » ! Il y a sûrement plus de chanteurs abonnés à Télérama que de journalistes de Télérama sachant vraiment ce qu’est la chanson. D’ailleurs, y’en a-t-il seulement un ? Que L soient sacrée par la une de Télérama comme la personnification de la chanson était un peu exagéré (et sans doute lourd à porter pour elle) ; que la disparition d’Allain Leprest ne fasse l’objet que d’un article passe-partout, certes bien écrit, était en dessous du minimum requis : c’est un autre Brel qu’on inhumait et qui eut mérité (était-ce vraiment trop demander ?) la une de l’hebdo ! Que la chanson y soit si maigre, et finalement si mal traitée, guère mieux qu’à France-Inter, play-liste quasi identique…

Bernard Lavilliers, une inspiration très littéraire… (photo Jean-Pierre Grouille)

Voilà que Télérama s’intéresse, cette semaine, aux plagiats (un peu comme tout le monde, à croire que là encore on copie son voisin…) : Joseph Macé-Scaron et son « intertextualité », PPDA et « ses notes de lecture » sur Hemingway, sont passés par là ! Jusqu’à en faire sa une (« Plagiat, tous copieurs ? »), et un dossier à l’intérieur. C’est sur les écrivains. Et les journalistes. Avec, même, un encadré sur le cinéma. Et un autre sur la télé, sur la photo aussi. Et sur la « musique » (Dylan, Harrison, Madonna, Farmer…). Sur la chanson ? Et ben non ! Pauvre Valérie Lehoux qui n’a rien pigé à ce dossier… Rien sur la chanson. Et surtout pas une ligne sur Bernard Lavilliers, qui, côté « ressemblances caractérisées », se pose là, en incontestable champion. Un livre est sorti en fin 2010 (ils l’ont reçu à Télérama, comme chez tous leurs confrères, et personne n’a osé défier Nanar et Universal en y consacrant la moindre ligne, tous couards, tous vendus !), narrant entre autres, à la manière d’un limier, les emprunts de Lavilliers pour nourrir de toutes pièces sa légende. Et ceux, presque copiés-collés, d’auteurs prestigieux, pour nourrir pas mal de ses chansons. Jacques Prévert, Jean-Roger Caussimon, Louis Brauquier, Joyce Mansour, Colette Seghers, Rainer Maria Rilke, Victor Hugo, Claude Roy, René Laporte, André Hardellet, Charles Baudelaire, Boris Vian, Pierre Louÿs, Stéphane Mallarmé et j’en oublie, que des copiés ! Que l’un de nos plus grands chanteurs ait puisé parfois, souvent, dans le meilleur de notre littérature, de notre poésie, et personne n’en fait mention. Surtout pas ! Qu’un livre courageux en fasse mention et on en fait silence. Un tel dossier, cher Télérama, était l’occasion rêvée de réparer votre étonnant oubli journalistique. Pourquoi ? Messieurs, Mesdames mes confrères, mes consoeurs, qui donc vous tient par les couilles ?
Il y a quelques mois, un journaliste de Marianne demandait de toute urgence un exemplaire de Les Vies liées de Lavilliers à l’éditeur, Flammarion : un coursier lui amena séance tenante ; il n’y a jamais eu de papier sur l’hebdo dont le rédacteur en chef adjoint n’est autre que Macé-Scaron. On peut comprendre… Mais les autres, qui tous se copient la même couardise, la dupliquant à l’infini ? Des Inrocks au Nouvel Obs, du Figaro à L’Huma, de Télé 7 jours à Télérama, même combat, même omerta. Putain, ça fait chier ! Triste, triste presse…

Allons… allons chercher loin les journalistes qui ont osé. Ici au Québec, par cet article de Francis Hébert sur Voir. (*) Le titre de ce billet est pompé sur Télérama, y’a pas d’raison ! Le livre Les Vies liées de Lavilliers est paru en novembre 2010 aux éditions Flammarion, 380 pages, 20 euros. Il est toujours disponible, ne serait-ce que sur le net, faites-le savoir.

8 Réponses à Salut les copies !*

  1. andré 23 septembre 2011 à 11 h 18 min

    Cher Michel,
    Je comprends votre « coup de sang » et en même temps je ne peux pas croire que vous soyez naïf. Vous savez bien que l’omerta règne dans tous les milieux : politiques (évidemment !), financiers, industriels, médicaux… Alors pourquoi n’en serait-il pas de même dans la presse et les médias en général ?
    Courage, malgré tout, nous sommes un grand nombre à vous soutenir !

    Réponse : Bien entendu, André, j’ai perdu, et en de nombreux domaines, cette naïveté depuis longtemps. Suffit de voir l’actualité pour en être affranchi définitivement. Reste que j’aime bien Télérama, autant que j’aime bien les Inrocks… Qui aime bien châtie bien, dit-on : je leur foutrais bien un sacré coup de pied au cul avec mes souliers pointus ! MK

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  2. Philipe 23 septembre 2011 à 15 h 59 min

    Donc se souvenir d’un des rares articles courageux paru dans Sud-Ouest, dont j’avais envoyé le lien :
    http://www.sudouest.fr/2011/03/26/bernard-lavilliers-du-blush-sur-le-cv-353656-4608.php
    Mais de quoi ont peur les médias Parisianistes ? Des muscles de notre grand Fauve d’Amazone ou de la multinationale Universal ?

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  3. Henri Schmitt 23 septembre 2011 à 19 h 52 min

    Je lis ce bouquin en ce moment. Et je commence à comprendre pourquoi, malgré un talent incontestable, des chansons bien foutues et même remarquables pour certaines, pourquoi Lavilliers et son entourage ne veulent pas s’exprimer sur cet ouvrage : toute la légende fout le camp quand on le lit ! J’ai entendu les dernières de Bernard en ligne, et je suis toujours client, comme il dit, mais on ne peut quand même pas s’empêcher de réfléchir. Et, surtout, la légende est quand même un peu écornée quand on arrive a cette histoire « d’emprunts », et aux explications pitoyables qui nous sont servies en réponse… C’est très frustrant quand on admire le chanteur, auteur compositeur interprète qui a créé son style dans les années 80. On peut se demander aussi si cette histoire d’emprunt se limite à la chanson et a la poésie. Quelle est la part de réalité/de sincérité par rapport aux idées politiques du monsieur ? Anar, de gauche etc… Oui, ça jette un doute et c’est bien désagréable.

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  4. joan 23 septembre 2011 à 20 h 43 min

    Léo Ferré a déjà répondu s’agissant de l’omerta du Show-Biz:

    Tant pis si t’es dans la débine
    T’avais qu’à êt’ dans la maffia.
    Un coup d’sourdine,
    Deux sous d’combine
    Et t’avais ton rata.
    Tandis qu’toi tu joues à l’homme,
    Tu m’la fais au cousu d’or.
    Tu n’es qu’un’ pomme,
    Car les vrais hommes,
    Ça fait des p’tits efforts.(…)

    Tant pis si t’es au bas d’l'affiche,
    T’avais qu’à être dans la maffia.
    Un p’tit pourliche
    Et te v’là riche,
    Avec un nom comm’ ça !
    Tandis qu’toi tu prends des poses,
    T’es mêm’ pas dans le Bottin.
    Ça indispose, mais c’est à cause
    De ça qu’t'es dans l’pétrin.
    Méfi la maffia s’ramène.
    T’es ni José ni Carmen,
    Quand tu chant’s c’est la bohème,
    Et la maffia, elle aim’ pas ça !
    Tu vas traînant tes rengaines
    Le long de la longue Seine
    En crachant sur ceux qui t’gênent
    Et la maffia, elle aim’ pas ça !

    Tiens faudrait que Nanar la reprenne celle-là !

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  5. Philippe 23 septembre 2011 à 21 h 43 min

    La sincérité des idées politiques du personnage ?
    Ça me parait tout aussi fabriqué que sa légende !

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  6. francishebert 23 septembre 2011 à 22 h 46 min

    Pour moi, Télérama a tout de même accueilli deux des plus belles plumes qui écrivent sur la chanson française: Anne-Marie Paquotte et Valérie Lehoux.

    Et longtemps, sans conspiration aucune, je tombais amoureux d’albums de chanson française qui étaient également encensés par Télérama ou l’Académie Charles-Cros. C’est d’ailleurs la grâce que je vous souhaite car votre livre, je l’écrivais dans mon papier, est tout de même un ouvrage de référence. Il mérite un prix. Mais, n’est-ce pas Lavilliers lui-même qui était sur le jury d’un prix du même genre (le nom m’échappe, mais la grande Clarika y était nommée).

    Je suis certain que la France est comme le Québec: un milieu très petit, où tout le monde est pote, journalistes avec chanteurs, et où c’est par conséquent impossible de bien faire son travail d’informer le lecteur.

    Mais Télérama et Valérie Lehoux ne sont pas infaillibles bien sûr. Celle-ci se plaignait dans un article qu’on ne parlait pas assez d’Anne Sylvestre mais elle-même n’en parle pas dans son émission de radio Les Sonos Tonnent…

    Je pense qu’il faut se faire une raison: cette chanson poétique que nous aimons, les Louis Capart, Gérard Pierron, Anne Sylvestre, ça n’intéresse plus personne de nos jours et, même s’ils tournaient sur France Inter, ça ne marcherait pas davantage.

    Et puis, honnêtement, vous aimeriez ça que France Inter diffuse toute la journée du Allain Leprest, Francesca Solleville, Romain Didier, Dick Annegarn?

    On deviendrait fou.

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  7. Odile 24 septembre 2011 à 7 h 59 min

    Ah oui alors je deviendrai folle d’Amour !
    Mais toute la journée, on n’en demande pas tant !
    C’est pas demain la veille !

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  8. Claude Vlérick 24 septembre 2011 à 8 h 48 min

    A ceux et celles qui attendent leur tour.

    Sur la scène, il n’y a qu’un spectacle. La vie suinte dans la coulisse et dégouline dans la rue. A défaut de la vivre on peut en faire un jeu de miroirs. La tentation est alors grande de chercher plus d’expansion de soi dans l’exacerbation de ce que j’appellerais une discipline, à laquelle on va se livrer et (pour certains) même vouer sa vie… Rien que d’inévitable là-dedans et même de salutaire si chacun (le spectateur et toi) s’accroche à ses prémisses et persiste à ne pas être dupe : garder énormément conscience que l’on évolue dans le couloir du permis… à défaut de… Sinon, le risque est grand de se laisser enfermer et de se perdre dans la fascination d’un espace que l’on va emplir de toutes les nuances particulières et magnifiques de la quête de soi, de s’extraire … et d’oublier que le point de départ de sa démarche provenait d’une tentative de faire sauter les limites réelles de sa vie… Si ce n’est pas le cas, tout finira, comme tout le reste, dans l’enclos de la marchandise, des distinctions honorifiques … et de l’éloge funèbre.
    Claude.

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