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Julos Beaucarne « Lettre à Kissinger »

C’était il y a quarante ans, au Chili. Un 11 septembre à la Moneda, le dernier jour d’un président démocratiquement élu. Une junte militaire dirigée par Augusto Pinochet, et son financement par la CIA, par Richard Nixon, bientôt englué par le scandale du Watergate, et par Henry Kissinger, « prix Nobel de la paix » cette même année 1973…

115275444Il y a des centaines de silences qui assassinent
Pendant des siècles et des siècles
Nos oreilles sont là pour nous tenir éveillés
Il y a des réveille-matin qui sonnent comme des clairons
Il y en a peu qui chantent des berceuses

Je veux te raconter, Kissinger,
L'histoire d'un de mes amis
Son nom ne te dira rien
Il était chanteur au Chili

Ça se passait dans un grand stade
On avait amené une table
Mon ami qui s'appelait Jara
Fut amené tout près de là

On lui fit mettre la main gauche
Sur la table, et un officier
D'un seul coup avec une hache
Les doigts de la gauche a tranchés

D'un autre coup, il sectionna
Les doigts de la dextre et Jara
Tomba, tout son sang giclait
Six mille prisonniers criaient

L'officier déposa la hache
Il s'appelait p't-être Kissinger
Il piétina Victor Jara
"Chante !" dit-il "Tu es moins fier"

Julos Beaucarne

Paroles de Julos Beaucarne, Musique de Marc Moulin. Extrait de l'album "Chandeleur Septante-Cinq" (1975)

3 Réponses à Julos Beaucarne « Lettre à Kissinger »

  1. Jilber 13 septembre 2013 à 16 h 07 min

    Il manque les derniers couplets des paroles de la chanson :

    Levant les mains vides des doigts
    Qui pinçaient hier la guitare
    Jara se releva doucement
    « Faisons plaisir au commandant »

    Il entonna l’hymne de l’U
    De l’Unité Populaire
    Repris par les six mille voix
    Des prisonniers de cet enfer

    Une rafale de mitraillette
    Abattit alors mon ami
    Celui qui a pointé son arme
    S’appelait peut-être Kissinger

    Lire le récit poignant de la reconnaissance du corps de Victor Jara et son enterrement par Hector dans le n° 25 de la Lettre Anonyme

    Cette histoire que j’ai racontée,
    Kissinger, ne se passait pas
    En quarante-deux mais hier
    En septembre septante-trois

    Répondre
  2. Jilber 13 septembre 2013 à 16 h 11 min

    La Lettre Anonyme n° 25 est disponible dans l’onglet « La Lettre » du site http://jilber.fr

    Répondre

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