Jean-Louis Bergère : quelque chose d’infime, d’infiniment beau
Troisième album après Une définition du temps de 2001 et Au lit d’herbes rouges de 2007, un disque tous les six ans donc, largement le temps de nourrir l’attente, de l’appeler à nous.
Lui, Jean-Louis Bergère, angevin dont les premiers pas discographiques furent justement consacrés à Ange, le mythique groupe de Christian Deschamps… Ange, Cohen, Manset, Yound, Reed, Drake, Ferré, Brel, autant de piliers, de presque référents, pour un Bergère qui, loin d’être connu du grand public, est reconnu par ses pairs et par les amateurs d’un art raffiné. Et particulier : reposé, contemplatif, soucieux du détail, inquiet de l’instant, du temps qui file, toujours questionnant. « Au beau milieu sur le côté / En éclaireur attentionné / Sous la découpe du pointillé / Rien ne nous dit par où aller / Rien ne nous dit par où passer… » Sur le thème de « l’apparition / disparition » qu’il travaille comme surprenant et probant matériau, Bergère observe et trace, restituant par sa palette chromatique, en une chanson qui tient autant de tubes de couleurs que de milliers de pixels, grain tout en finesse d’une pellicule sensible : « De nuits de jours combien / Nous en reste-t-il encore / Demain / Oh mon amour… »
Il y a la chanson qui se sait être que chanson. Et cette autre qui suggère et convoque d’autres arts, d’autres émotions, bien d’autres sentiments : celle de Jean-Louis Bergère en est et, par lui, l’objet disque s’apparente à une cimaise. Onze tableaux y sont accrochés qui se laissent pénétrer à qui prend le temps, lui aussi, d’écouter, d’y entrer : « Le monde serait-il / Aussi vaste si / Nous n’allions pas à sa rencontre. » Bergère est de ces touches à tout aux touches d’émotions qui explorent le dedans, fouillent le paysage et révèlent l’indicible, ce qui nous semble petit et qui est grand.
On n’aborde pas Jean-Louis Bergère comme on le ferait d’un autre chanteur sur un mange-disque : on s’y prépare, on part avec lui de plages en plages. On voyage dans ses mélopées pop, parfois rock, ici soigneusement travaillées avec d’exemplaires musiciens, atmosphères planantes où chaque vers trouve sa juste place, s’y pose. S’y reposent.
Jean-Louis Bergère, Demain de nuits de jours, autoproduit, 2013. Le site de Jean-Louis Bergère, c’est ici.
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Très bel album (comme ses précédents) que je recommande aussi, notamment pour sa haute teneur poétique. Rare.
Ils y en a qui vont être surpris !
Je suis entièrement d’accord avec Michel Kemper.
Je me permettrais juste de rajouter aux 3 disques
précédemment cités,
le non moins excellent
« Bouches de silence »
de Memento Mori,
composé de Jean-Louis Bergère, Frédéric Pellerin et Romain Desjonquières.
Cette première écoute est une invitation au voyage, et c’est vrai, on a pas envie d’en rester là avec ce chanteur , mais de s’installer dans son univers, s’attarder et le suivre longtemps … Il nous rejoint dans nos émotions , nos sentiments les plus profonds, et là, il a gagné son pari . Sa tentative de nous rejoindre, « au milieu du monde », d’ »écrire vers nous » , il peut en être heureux, est réussie .
Très belle découverte ! Ce chanteur qui ne peut s’écouter qu’avec grande attention tant le texte est plein de charme et de poésie.
J’aime que la plume de notre ami Michel se fasse ainsi aérienne et sensible pour accompagner cette sortie d’album …tout en subtiles nuances comme cette vidéo superbe où la danseuse ajoute au charme de cette chanson ! C’est un beau cadeau aux lecteurs de ce site !
La Chanson en sort grandie, vraiment !