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Monsieur Bordes, nous sommes là, écoutez-nous !

Corentin Coko, un des multiples représentants d'une chanson boudé par les ondes (photo DR)

Corentin Coko, un des multiples représentants d’une chanson boudée par les ondes (photo DR)

Jean-Marc Bordes se voit confier
par la ministre de la culture une mission
sur l’exposition de la musique dans les médias.
Entendra-t-il le cri étouffé de la chanson ?
 

De cette année 2013, que retiendrons-nous de cette année chanson ? Les grands gagnants à l’audimat sont Charles Trenet (100e anniversaire de sa naissance), Léo Ferré (20e de sa mort) et Edith Piaf (50ans après sa disparition). Ainsi que Jacques Brel (35 ans déjà en début octobre). Passés inaperçus, les 25e anniversaire de la disparition de Nino Ferrer et de Félix Leclerc en août… Autre et notable événement : le décès de Georges Moustaki.

Dites, c’est ça la chanson ? Que des morts ? Je l’ai déjà dit ici : on voudrait nous persuader que la chanson est morte et bien morte qu’on ne s’y prendrait pas autrement. C’est fait exprès ? Dans quel but ?

J’aime le concept de « chanson vivante » qui me parle de toute cette chanson qui se vit, qui se chante. Et souhaite que ces défunts cités plus haut soient chantés longtemps encore. Je souhaite tout autant, plus encore, que l’on s’intéresse à la chanson qui se crée aujourd’hui, à tous ces artistes qui, bien vivants, font montre de leur art sur scène et, par défaut, sur disque.

Ils sont nombreux, tant qu’on ne saurait les dénombrer, qu’aucune structure, même officielle – même le ministère en charge de la culture -  ne saurait dire le nombre. Ça fait indiscutablement partie de la richesse de ce pays, mais personne ne s’y intéresse vraiment. Nos élites s’en foutent, s’en moquent, méprisent la chanson ; les gens de presse sont dans leur presque totalité incultes et ne voient en la chanson que sa part commerciale, ses strass et ses paillettes, sa couverture people, les cigares de Barclay et les tweets de Pascal Nègre, ignorants (et ne voulant surtout pas savoir) que, derrière la « variété » se cache, se terre, l’incroyable foisonnement d’une (vraie) chanson.

Ça, nous le disons, nous le clamons à NosEnchanteurs. Et ne sommes sans doute pas les seuls. Mais sans presse, sans moyens, sans porte-voix, sans Olympia, la parole reste veine.

vvvvvvvv

Le nouveau « Monsieur Musique dans les médias »

Connaissez-vous monsieur Jean-Marc Bordes, ancien directeur général délégué de l’INA, l’Institut National de l’Audiovisuel ? Ce monsieur vient de se voir confier par la ministre Aurélie Filipetti une mission sur « l’exposition de la musique dans les médias. » Il devrait établir « en s’appuyant sur une consultation large des professionnels concernés, un état des lieux qualitatif et quantitatif de l’exposition actuelle de la musique sur les différents médias, du secteur privé comme du secteur public. »

Qui, de la « chanson », sera consulté-t-il par ce monsieur ? Monsieur Bordes sait-il, du reste, l’incroyable diversité de la chanson ou n’aura-t-il, en sa possession, que la liste des productions Universal, Sony et Warner qui, me semble-t-il, n’ont guère de difficultés pour se frayer un chemin vers la diffusion ? Sait-il, ce monsieur, la richesse de notre patrimoine et la vivacité de la chanson française, qui est de fait interdite d’antenne ? Est-il ouvert, est-il prêt à écouter cette chanson pour enfin faire taire cette censure qui condamne l’essentiel de la chanson au silence, au maquis ? S’est-il rendu compte que, en cette année 2013, jamais la chanson n’a été autant chassée des grands médias audiovisuels (France-Inter, France2, France3), parfois pour y être remplacée par sa pire caricature ?

Monsieur Bordes, la chanson n’est pas que celle qu’on vous présente. Elle n’est pas que le fruit juteux des grandes majors, elle n’est pas que morte non plus : elle est puissante, prodigieuse, riche de diversité (pas de variété !), elle est l’expression du peuple, simplement et injustement absente de tous les médias (lisez simplement l’index du site NosEnchanteurs, bien que nous n’ayons pas encore traité de tous les artistes en exercice, loin s’en faut). Invitez-nous, consultez-nous : nous vous en entretiendrons, nous vous la ferons écouter. Pour qu’enfin une oreille attentive rompe cet assourdissant silence.

 

Lecteurs, vous pouvez soutenir financièrement NosEnchanteurs,
le site de la chanson francophone. Cliquez ici pour tous renseignements.

14 Réponses à Monsieur Bordes, nous sommes là, écoutez-nous !

  1. Norbert Gabriel 22 septembre 2013 à 10 h 16 min

    Les médias…. Y a du boulot… à part un ou deux rescapés de Télérama, il y a combien de temps qu’on n’a pas vu un journaliste des « médias » dans une salle de concert, autre que l’Olympia?
    Pour Paris, ça me semble une exception aussi rare que « la chanson à texte » en prime-time Tv…
    Pour les départements, je ne sais pas, si quelqu’un a des infos…

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  2. Frédéric Pagès 22 septembre 2013 à 11 h 44 min

    Cela fait plus de 30 ans que j’essaie d’exercer ce métier (Auteur-compositeur-interprète). Bien entendu il n’a jamais été facile de diffuser un travail (qu’on espère) de qualité mais je n’ai jamais vu un tel climat de censure. Partout la création musicale est étouffée, la presque totalité des canaux de diffusion est bouchée. Sur la télé publique, par exemple (financée en partie par nos impôts, on ne le répétera jamais assez), nous sommes toutes et tous, purement et simplement, interdits d’antenne. Des maffias puissantes occupent le terrain, pompent l’argent public et se partagent le gâteau des droits d’auteurs. Mais ce qui est peut-être pire dans tout cela c’est la désorganisation de la profession devant ce scandale. Chacun cherche à s’en tirer dans son coin par des combines et le « Système » profite à plein de cet individualisme forcené. S’indigner par oral ou par écrit c’est nécessaire mais s’unir, se manifester et faire pression c’est mieux. La nomination de ce monsieur peut constituer une occasion d’avancer nos pions. Alors allons-y ! Comment ? Frédéric Pagès

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  3. Odette Estorgues 22 septembre 2013 à 14 h 31 min

    Monsieur Jean-Marc Bordes, je viens d’apprendre l’annonce de votre nomination par Aurélie Filipetti : »pour l’exposition de la musique dans les médias ». Et cette nouvelle me parvient avec l’appel lancé dans le blog SI ÇA VOUS CHANTE dont j’apprécie les messages, défendant l’idée que la chanson est la plus voix du peuple et de tous ceux qui ont vraiment de l’espoir musical à échanger, à partager, à faire rêver. SVP, écoutez cet appel !

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  4. Fred Hidalgo 22 septembre 2013 à 14 h 34 min

    Juste pour rappel, cher Michel, il y a trente ans exactement, je travaillais aux côtés de Jean-Michel Boris, Jacques Bertin, François Rauber, Daniel Colling, Roger Siffer, Michel Jonasz, Patrice Blanc Francard, etc., dans une « Commission consultative nationale pour la chanson et les variétés » créée par Jack Lang (et surtout l’excellent Maurice Fleuret, directeur de la Musique et de la Danse) pour dresser un état des lieux de la chanson française à la radio et à la télé.
    Un an de travail (bénévole bien sûr, y compris les frais de déplacement comme Siffer faisant l’aller-retour depuis Strasbourg à chacune de nos réunions).
    L’histoire balbutie : notre ministre de la Culture actuelle a-t-elle seulement eu vent de nos travaux… dont le rapport final fut enterré du jour au lendemain par la nomination d’un certain « Monsieur Chanson » ?!…

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    • Camerlynck 22 septembre 2013 à 18 h 25 min

      Et comment qui s’appelait déjà? Et ça a servi à quoi? À Qui….

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  5. Claude Fèvre 22 septembre 2013 à 14 h 42 min

    Saine humeur de notre rédacteur « en chef » !! Autour de notre soirée du 9 novembre, j’accumule des RV auprès des adjoints à la culture et des autres acteurs de la Musique… et je parle obstinément Chanson et projet de diffusions ! Si chacun en fait autant dans son coin… Une piste, non ??

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  6. Dblocnote 22 septembre 2013 à 14 h 52 min

    s’il n’y avait que dans les médias, on pourrait presque s’en satisfaire, hélas, les salles subventionnées par les collectivités locales ont des programmations qui sombrent dans la médiocrité du déjà vu à la télé… un exemple, une salle en région rouennaise qui programmait 17 à 18 spectacles par an, n’en programme plus que 7 avec le même budget, et pour inviter qui ?
    Amel Bent, Hélène Ségara, Patrick Sébastien, 2 pièces de théâtre l’une avec le footballeur Franck Leboeuf, l’autre avec l’animateur Stéphane Plaza…
    Ne parlons même pas du prix des places, tarif 25 € pour les hors commune, et 15 pour les locaux, on est loin du système d’abonnement qui permettait de payer un spectacle plein tarif entre 22 et 26 € puis un tarif dégressif pour les spectacles suivants, ce qui permettait de découvrir Amélie les crayons à ses débuts, Gérald Genty, Alexis HK, etc. pour 7 €..
    Aujourd’hui, le contribuable devient le sponsor du show bizz, malgré des places à 25 €, même avec les un peu moins de 500 places occupées, les entrées ne couvrent même pas la moitié de la plupart des cachets…
    Et c’est une ville socialiste, autant dire que ça fait belle lurette qu’ils ont déserté le domaine de la culture…

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    • Norbert Gabriel 22 septembre 2013 à 18 h 41 min

      On a bien vu avec l’affaire de Narbonne (le concert « Aznavour ») qu’il y a le pire et parfois le meilleur comme le beau festival Le Quesnoy en Chanteurs, qui va fêter sa 20 ème année et qui est soutenu par une mairie socialiste, et par beaucoup de bénévoles…

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  7. Camerlynck 22 septembre 2013 à 18 h 21 min

    Tout a fait d’accord avec mon ami Michel Kemper et aussi avec l’ami Fred Hidalgo. D’accord aussi en partie avec Dbognote. S’il n’y avait que les médias, interrogeons nous aussi nous même sur la programation de nos festivals, sur le nombre d’hommage à… Sur le peu de place aux interprètes général

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  8. Marc Feuillet 22 septembre 2013 à 20 h 32 min

    Patience, les artistes, patience, dans cinquante ans on vous remettra un belle médaille sur votre cercueil. ça a toujours été comme ça et on voudrait qu’un clown de ministre de gauche aille jouer contre le jeu des grosses maisons qui le nourrissent grassement.. Pas de confiance dans les politiques. Seule la diffusion parallèle et le combat associatif de petits « réseaux musicaux » fonctionne. Car ça fonctionne. il y a du monde qui se déplace pour voir des gens totalement inconnus et talentueux et il serait dommage que ces gens là se fassent happer par le système pourri du business et des politiques vendus. Le principal c’est d’avoir de quoi manger et un toit et surtout des chansons à chanter. Le reste… Les oiseaux n’ont pas de carte sacem…

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  9. Danièle Sala 22 septembre 2013 à 21 h 53 min

    Puisse t-il lire cet article ce monsieur Bordes ! En attendant il y a des gens qui se battent pour faire venir des chanteurs dans des petites salles de province, et on a en Auvergne nombre de petits lieux où l’on peut voir ( et écouter surtout) beaucoup de ceux qui ont les justes honneurs de Nos Enchanteurs . C’est en Auvergne que j’ai découvert Joyet , Miravette, Bobin, Coline Malice et bien d’autres, et Michèle Bernard à côté de chez moi, à l’Arlequin à Mozac . Et les salles sont pleines, et les albums se vendent à la sortie des concerts . C’est ainsi que vit l’autre chanson, alors qu’importe les médias ! La chanson que nous aimons est bien vivante .

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  10. Jean 23 septembre 2013 à 8 h 29 min

    Ce sujet est un faux problème. Prenez le théâtre, par exemple, il dispose d’une visibilité médiatique (tv, radios, presse écrite) nettement plus réduite par rapport à la chanson. Cela n’empêche pas ce domaine artistique d’être très vivant dans notre pays et le public d’être au rendez-vous.

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    • Norbert Gabriel 23 septembre 2013 à 13 h 06 min

      c’est peut-être grâce à la présence du théâtre en milieu scolaire… Pour la musique, les américains sont souvent bien préparés par « l’école du dimanche » et les cantiques divers. Je me demande si en Italie, où l’opéra est très populaire (dans tous les sens du terme) la chanson est aussi absente des médias ?

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  11. jean-guy BARKAN 23 septembre 2013 à 9 h 22 min

    l’important ce n’est pas tant les chanteurs que LA Chanson
    dont les chanteurs ne sont que les serviteurs ,on a vite oublié les CORRINGE ,CARRADEC et autres troubadours des années 70 mais leurs chansons ( la route ,etc ,,,sont encore là dans la mememoire collective ,,,,, ,
    ,défendons d’abord LA chanson francaise avant que l’anglicisme sévissant ne la relègue au rang de dialecte regional de l’europe
    quand on constate le parcourt du combattant qu’est le simple fait de se faire programmer dans des circuits parallèles ,décement payé -pour un travail effectif d’artisan que suppose un concert-
    eux aussi monopolisés par des agences ,,, des lieux se créent aussi vite que d’autres ferment faute de la simple curiosité d’un public qui est conditionné par les medias ,,et le net n’a rien arrangé dans tout ça
    - je suis toujours à la recherche des droits sacem génerés -normalement par les passages dans les petites stations de la FM ,,,
    le chomage aidant on peut comprendre que bien des arrtistes en herbe tant qu’a galèrer ,preferent le faire pour qq chose qu’ils aiment ,,
    la vache enragée est finalement plus tendre accompagnée d’applaudissements et de chaleur humaine ,
    allez je continue de repeter ma « chanson des gueux  » en vue d’improbables prochains lives ;

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