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Baraton, sans baratin

Marie Baraton (photo non créditée prélevée à la page facebook de Marie Baraton)

Marie Baraton (photo non créditée prélevée à la page facebook de Marie Baraton)

Marie Baraton, Forum Léo-Ferré, Ivry-sur-Seine, 18 septembre 2014,

 

Je vous l’avais (un peu) promis lors de la Fête de l’Huma, il ne nous aura pas fallu bien longtemps pour retrouver la trace de la prometteuse Marie Baraton. L’oreille attirée il y a fort peu de lurettes par sa (trop courte) prestation lors de la présentation de saison du Forum Léo-Ferré, l’occasion était trop belle de venir l’écouter in situ et de vérifier par là-même le bon fonctionnement de mon RAT (Radar à Talent). Il faut dire qu’un bouche-à-oreille des plus flatteurs entoure la demoiselle, sans parler de ce qui a pu être déjà écrit sur elle en ces lieux. Oui, à NosEnchanteurs, on aime vraiment bien LA Baraton, comme on dira un jour… Comme quoi, loin, bien loin de l’image de gros méchants que d’aucuns se plaisent à colporter, de tendres cœurs battent sous nos rudes écorces, même chez certains collaborateurs que je ne nommerais évidemment pas…

6bf74772ad8dd54e09ab2aeb02b41aceAccueilli comme à l’accoutumé avec chaleur par la sympathique équipe du Forum, la soirée débute par une première partie, ce dont on ne saurait assez se réjouir, tant il est à l’honneur de cette salle de permettre ainsi à des artistes en herbe de rencontrer ce qui est bien souvent leur tout premier public. C’est ainsi que se présentait devant nous la toute jeune Alma Forrer (photo ci-contre). Deux guitares, une voix discrète, très discrète, et parfois malheureusement à la limite de la justesse. Faut-il incriminer le trac ou l’inexpérience, toujours est-il que le timbre, façon Marie Laforêt, se cherche sans vraiment se trouver et que l’interprétation, tout autant que le jeu de guitare, est très appliqué, pour ne pas dire scolaire. Stylistiquement, on est proche d’une chanson/ folk un peu molle… Espérons simplement pour elle que l’avenir se chargera de me donner tort… A noter une adaptation intéressante de Phil Ochs, folk-singer méconnu trop tôt disparu. Soyons juste, la timidité avec laquelle elle présente son tout premier 4 titres est vraiment touchante…

Saluons l’intégrité, donc, de Marie Baraton, qui précise dès le début de son concert qu’elle n’est QUE co-compositrice de son répertoire et que, à l’exception d’un titre d’elle (fort beau d’ailleurs), les textes sont signés Pierre-André Athané, lequel l’accompagne au piano et parfois à la guitare. Toujours ce débat prégnant sur la primauté des mots sur les notes ou sur la supposée prééminence de l’auteur sur l’interprète, débat qui vous est familier, chers Enlecteurs attentifs… Toujours est-il que sur scène ce soir, la complicité est palpable entre ces deux-là, bientôt rejoints par une pointure, une épée, un gentleman, bref, un cador de la six cordes, Monsieur Michel Haumont lui-même, en chair et en cordes. Ainsi brillamment entourée, la voix s’installe comme chez elle, une belle voix mate et bien placée, une voix jeune et pourtant dans la grande tradition de la chanson réaliste, une voix souple, ample et intimiste à la fois, une voix posée là comme une évidence. Une voix très personnelle, mais que l’on pourrait situer un peu entre celles d’Enzo Enzo et de Claire Elzière. Je vous prie de croire que c’est un compliment… Le tour de chant est parfaitement construit, alternant à merveille les compositions présentes sur son album L’un et l’autre et les reprises fort intelligemment choisies.

Michel Haumont (photo Michel Lâg Chavarria)

Michel Haumont (photo Michel Lâg Chavarria)

C’est ainsi que l’on a le plaisir de (re)-découvrir les fort agréables Valse d’amour (Paris Combo), J’ai peur et Tu t’laisses aller (Aznavour), La Parisienne (Marie-Paule Belle), Dans les embouteillages (Sansevérino) ou Alphonse (Lynda Lemay). Les textes s’envolent, libres et fiers, les musiques s’épanouissent comme autant de bouquets sonores chatoyants. A ce propos, petite anecdote personnelle savoureuse : Michel Haumont inaugure ce soir-là une superbe guitare flambant neuve, une petite Lâg au son chaud et brillant, laquelle vient tout juste d’être préparée spécialement pour lui par les mains expertes d’un célèbre luthier parisien dont j’aperçois précisément l’atelier par la fenêtre de ma chambre… Petit clin d’œil de la musique, on dirait presque le début d’une chanson ! On redécouvre ensuite le très beau titre Une autre que toi, d’un certain Guy Béart (eh oui…), et puis La Tour Eiffel est partie (ce n’est pas un fait divers que je vous annonce, mais le titre de la chanson, suivez un peu !), agréable titre aux rythmiques manouches évoquant irrésistiblement un certain Fou Chantant. Et puis… Et puis… un titre très poignant et très intimiste Ma petite main, texte plein de pudeur traitant du handicap, et plus précisément du regard d’autrui sur icelui. Une petite chanson, un grand texte, bouleversant mais sans aucun misérabilisme. Du grand art. En rappel, enfin, Histoire de roses, chanson très tendre de Robert Lamoureux traitant d’une jeune femme de 20 ans mourant de la tuberculose… Plaisir de redécouvrir ces petits trésors méconnus du répertoire. Marie Baraton, une interprète avec laquelle il va falloir apprendre à compter, gageons-le.

Et demain est un autre jour.

 

Le site de Marie Baraton, c’est là. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Vidéo d’origine supprimée, remplacée par une autre de la même époque :

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16 Réponses à Baraton, sans baratin

  1. Norbert Gabriel 21 septembre 2014 à 13 h 57 min

    C’est un peu bêta de jouer au jeu des références, mais bon, il y a quelque chose dans la voix et l’interprétation de Marie Baraton qui me fait penser à Danièle Messia… (Qui est dans mon Panthéon musical) Dommage que le 18 j’aie dû faire un choix cornélien entre Evasion et Marie Baraton…
    J’ajoute que dans l’éloge de Michel Haumont, on peut ajouter que c’est une étoile majeure de la guitare…

    PS : Patriiiick, tes fans savent maintenant dans quel coin tu résides… Attention aux tsunamis d’admiratrices enamourées…

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  2. Danièle Sala 21 septembre 2014 à 18 h 16 min

    Enzo Enzo, Claire Elzière, Danielle Messia, et j’ai même lu « une Jeanne Moreau d’aujourd’hui » selon Gilbert Laffaille. Que de belles références ! Mais Marie Baraton est précieuse et unique, et il suffit de l’écouter pour être touché en plein coeur.

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  3. MariePierre 21 septembre 2014 à 23 h 23 min

    Très bonne surprise et belle soirée ce jeudi au Forum Léo Ferré !
    J’avais entendu quelques chansons, attirée par la voix (que je ne suis pas capable de comparer) et de jolis textes bien écrits (me moquant de savoir par qui ils l’étaient…). Je craignais un spectacle un peu mélancolique, car les textes de Pierre-André Athané ne sont pas d’une gaité folle (à part La Tour Eiffel…). Il n’en est rien, que ceux qui n’ont qu’entendu le CD ne s’y fient pas !
    Marie Baraton a une belle présence sur scène, pendant et entre les chansons, sait avoir de l’humour à l’occasion, et l’alternance avec les reprises (pas forcément très connues, ce qui fait du bien) allège le tout, même si certaines ne sont pas si légères que ça non plus… J’encourage tous les Enlecteurs à aller l’écouter et la voir…
    Quant à Alma Forrer… Elle est tout jeune, laissez lui le temps d’apprendre et de s’affirmer !

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  4. ThéodoreM 22 septembre 2014 à 10 h 42 min

    Alma Forrer est une merveille. Elle a fait pleurer une salle remplie de 200 personnes aux Trois Baudets, quelques jours seulement avant d’être chez vous, pauvre gens du Forum Léo Ferré.
    Vous, qui n’avez même pas l’ouverture d’esprit de comprendre que se dessine devant vous l’avenir de la chanson française, trop embourbés que vous êtes dans vos principes arriérés.
    Vous n’avez aucun respect pour les gens et pour l’art. Orgueilleux, vieux, mais surtout, complètement dépassés.
    Ne vous en faites pas, la relève est prise.

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    • Michel Kemper 22 septembre 2014 à 11 h 00 min

      Comment vous y allez, vous, de vos mots prétentieux, orgueilleux, aveuglés. Si Alma Forrer dessine l’avenir de la chanson, elle le prouvera, soyez sans crainte. Nos « principes arriérés » font que depuis plus de cinq ans et plus de 2600 articles tout de même, nous dessinons le présent et l’avenir de la chanson, souvent par des découvertes. Et s’il y a des remarques à leur faire, à ces découvertes, nous le faisons. Nous ne vous avons pas attendu, monsieur, pour appeler des lendemains qui chantent et chantent bien.

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    • Norbert Gabriel 22 septembre 2014 à 11 h 23 min

      Cher Théodore, vous critiquez les « pauvres gens du Forum Léo Ferré », qui sont donc des gens dépassés pour avoir invité Marie Baraton et Alma Forrer, vous ne voyez pas l’incohérence de votre propos? D’autre part, l’auteur de l’article qui vous désoblige est un chroniqueur indépendant qui n’a de lien avec le Forum que celui d’un spectateur indépendant. Le respect pour l’art, et les artistes, c’est d’abord l’honnêteté dans ce que qu’on perçoit d’un spectacle, un jour donné. L’admiration sans aucune réserve est peut-être agréable pour l’artiste, mais pas forcément ce qui le/la fait avancer.

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  5. Louis-Marie 22 septembre 2014 à 13 h 04 min

    Il est toujours dommage que certains chroniqueurs ne puissent s’empêcher de « casser » de jeunes chanteurs pourtant porteurs d’émotions, ce qui est le cas d’Alma Forrer à qui il faut laisser le temps de s’affirmer. Il y a des auditeurs qui cherchent l’erreur ou la faute, d’autres qui préfèrent profiter de leur soirée en se fixant davantage sur les qualités des artistes. C’est connu, certains « critiques », du fait de leur nom, se croient obligés de critiquer. Sur scène quel est le chanteur ou le musicien qui ne loupe pas quelque note ou intonation, y compris parmi les plus grands ? Le Forum soutient les artistes de façon remarquable et ses choix sont toujours avisés et intéressants. Si certains ont la dent dure, c’est peut-être que quelque part ça fait du bien à leur ego, nous faisant profiter profitant de leurs « bons »mots, mais il est certainement beaucoup plus positif de soutenir les artistes. Mais chacun est libre… De toute façon une très belle programmation en cette soirée et des artistes qui ont donné le meilleur d’eux-même en tenant compte de leur expérience à chacun. Merci « aux gens du Forum », à leur accueil et à l’atmosphère chaleureuse et sympathique qu’ils savent nous offrir.

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    • Michel Kemper 22 septembre 2014 à 13 h 15 min

      Si on ne peut rien dire au prétexte qu’un jeune chanteur c’est sacré, alors ne lisez pas ce genre d’articles : fuyez ! Réfugiez-vous dans le déni : oui votre artiste est belle, est beau, c’est le ou la meilleure, c’est sûr. Nous, nous ne cherchons pas l’erreur ni la faute : nous exprimons un ressenti. Bien souvent nous avons vu auparavant des centaines voire des milliers de concerts et nous pouvons nous permettre quelques remarques, qui de toutes façons ne feront jamais grand mal à votre artiste qui gagnerait sans doute à lire, écouter, entendre de telles remarques. Brel à ses débuts à eu beaucoup de critiques, de railleries même. Il a eu souvent l’humilité d’en tenir compte.
      A qui le tour ?

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    • Norbert Gabriel 22 septembre 2014 à 15 h 02 min

      « Si certains ont la dent dure, c’est peut-être que quelque part ça fait du bien à leur ego, nous faisant profiter profitant de leurs « bons »mots, mais il est certainement beaucoup plus positif de soutenir les artistes.  »

      Nous n’avons pas la même approche du soutien aux artistes, et pas non plus du respect qu’on leur doit, respect qui implique d’être honnête avec eux, pas de les louer systématiquement quel que soit le spectacle, et ce qui s’est passé un soir donné. Par ailleurs, quelques fidèles contradicteurs nous reprochent régulièrement d’être trop gentils (voire complices) quand nous faisons l’éloge de ceux qu’ils n’aiment pas.

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  6. Danièle Sala 22 septembre 2014 à 13 h 13 min

    Patrick ne « casse pas », relisez un peu ce qu’il dit, avec justesse et précision, il dit son ressenti de spectateur, en toute sincérité, et il est plus positif pour une artiste débutante d’être critiquée de la sorte, plutôt qu’aveuglement encensée, enfin, c’est mon avis.

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  7. Claude Fèvre/ Festiv'Art 22 septembre 2014 à 13 h 59 min

    Oh, comme il est dommage de lire certains commentaires qui dérivent vers des terres dont je souhaiterais me tenir à jamais éloignée.
    Comme c’est triste quand l’article et la magnifique chanson en vidéo, incitent à la douceur et la beauté !
    Je ne vois rien de méchant dans ce qui est dit de la jeune Alma (elle en a un bien joli prénom qui l’aidera sûrement à prendre de la hauteur, « alma », en latin « bienfaisante, maternelle, douce, bonne ») et si l’on sait lire (mais c’est une activité somme toute pas aussi simple que ça en a l’air !) on découvre une espérance, celle que l’on place dans toute cette émergence en chansons. Nous les aimons, nous chroniqueurs, tous ces jeunes; il sont la raison même de ce site. Alors, par pitié, permettez que nous écrivions en paix nos sensations, émotions; permettez que nous poursuivions notre soutien à la Chanson d’aujourd’hui et de demain !

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  8. Norbert Gabriel 22 septembre 2014 à 14 h 49 min

    On a eu récemment quelques débats assez vifs et très animés sur ce qu’on peut appeler « critique » quand une chronique de spectacle égratigne plus ou moins ce qui a été un moment de spectacle, dans un lieu précis, et des circonstances précises… Pas la peine d’y revenir.
    Toutefois, il y a un point que les enflammés défenseurs des artistes « critiqués » oublient souvent, il arrive que le concert ne soit pas réussi, totalement ou partiellement. Et un artiste lucide en est conscient, il est son premier critique, en ciblant parfois des choses que le public n’a pas perçues, ou qu’il a perçues différemment. S’il s’agit d’une fausse note, d’une erreur dans le texte, d’un musicien qui a raté son chorus, il serait parfaitement hypocrite de crier à la merveille, que tout était beau, les intéressés savent ce qu’il en est, et les éloges déplacés ne vont pas les rassurer sur la crédibilité de ceux qui louent sans discernement. Après spectacle, si les liens amicaux le permettent, on peut discuter, argumenter, sur ce qu’on a perçu dans la salle, sur les réactions du public que les gens en scène ne perçoivent pas toujours, ou qu’ils interprètent plus ou moins bien, souvent moins…
    Mais pas de courtisanerie à la façon de ces obséquieux qui s’esbaudissent que ça sent la rose quand le roi a pété.

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  9. Louis-Marie 22 septembre 2014 à 23 h 24 min

    Je n’avais fait que donner mon ressenti, moi aussi. Comme je le dis également, chacun est libre, j’ose espérer sans exclusive. Merci pour votre commentaire, Norbert : « Mais pas de courtisanerie à la façon de ces obséquieux qui s’esbaudissent que ça sent la rose quand le roi a pété. » Il a immédiatement élevé le niveau ! Bien cordialement.

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  10. Norbert Gabriel 23 septembre 2014 à 1 h 01 min

    Post Scriptum: pour la citation sur les courtisans, je crois que c’est Nicolas Ferrial, dit Triboulet, un connaisseur en rois et courtisans qui avait fait cette réflexion à son « cousin François 1 er » … A moins que ce soit un personnage de Shakespeare ??

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  11. catherine Laugier 27 septembre 2014 à 18 h 45 min

    J’ai beaucoup apprécié la chanson de Marie Baraton reprise ici, son aisance et sa simplicité.
    Quant à la jeune Alma Forrer, je comprends qu’on la trouve charmante, et je pense qu’elle sera très bien quand elle aura pris un peu plus d’assurance, car elle chante timidement encore, et c’est normal. J’ai écouté sur YT Bobby, puis En grandissant: http://youtu.be/i8TGFL8zkXY, prémonitoire sans doute, elle va certainement s’affirmer « en grandissant », c’est ce que je lui souhaite en tout cas. (Et elle sera encore plus jolie dans quelques années, vous verrez !)
    Quant à la citation de Norbert, certainement ancienne car figurant dans nombre de chansons paillardes, je l’ai retrouvée dans le Jeu vidéo Dragon Age ou dans la série Game of Thrones, toujours royal en tout cas.
    On peut penser aussi au conte d’Andersen Les Habits neufs de l’Empereur, où ce dernier est habillé, par un escroc, soi-disant d’un tissu que seuls peuvent voir les gens de bien, et où finalement, après qu’un enfant a innocemment lancé « Mais il est tout nu », la foule reprend en cœur la vérité, Il est tout nu !

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  12. BUREAU 4 septembre 2016 à 16 h 10 min

    J’ai vu deux fois Marie cette année : une fois au festival Brassens de Vaison et j’avais été déçu, puis à Barjac où je l’ai trouvée beaucoup mieux.

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