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« Vive la reprise ! » : Et le vainqueur est…

Michèle Bernard : c'est elle qu'on reprend, qu'on reprise ce soir (photos DR)

Michèle Bernard : c’est elle qu’on reprend, qu’on reprise ce soir (photos DR)

Reportage de Norbert Gabriel et Michel Kemper.

 

C’est ce soir, tard, que nous saurons le nom du vainqueur de la vingtième édition du tremplin Vive la Reprise !, qui succédera donc à Lise Martin, victorieuse l’an passé. Ce qu’on peut facilement prévoir, futés que nous sommes, c’est que ce sera bien un lauréat : pas une seule candidate n’étant arrivée en finale (il y en avait six en demi-finales pour dix-huit hommes). Ironie de l’histoire, cette édition 2014 s’organise autour du répertoire de Michèle Bernard, une des grandes figures s’il en est de la chanson féminine.

Le tremplin du Centre de la Chanson est depuis l’an passé organisé à l’échelle nationale, des demi-finales s’étant tenues en régions : au Mans (par Le Mans Cité Chanson) pour les candidats de Nord-Ouest, à Toulouse (au Bijou) pour ceux de Sud-Ouest, à Lyon (à la Salle des Rancy) pour ceux de Sud-Est, ainsi qu’à Ivry-sur-Seine (au Forum Léo-Ferré) pour ceux d’Ile-de-France et d’ailleurs.

Un tremplin où il y a cependant plus de chances d’être retenu à Toulouse et à Ivry-sur-Seine, qui ont envoyé chacun deux candidats à la finale, qu’au Mans ou qu’à Lyon, avec chacun un seul candidat. Or il y avait strictement autant de postulants à Toulouse qu’au Mans : six partout ! Questions : en quoi un toulousain peut valoir le double d’un manceau ? Au nom de quelle logique, de quel stupide a priori ? Serait-ce deux fois mieux dans la ville rose ? Notons qu’il y avait sept candidats à Ivry pour seulement cinq à Lyon : en toute logique (!) le Forum Léo-Ferré a eu deux lauréats tandis que la salle des Rancy a dû s’en contenter d’un seul. Il serait bien qu’à l’occasion on nous explique cette insolite comptabilité incompatible avec le sérieux qui devrait présider à un tel tremplin.

Car un tel tremplin n’est pas un jeu, mais un enjeu. Financier, un peu, car peu doté. C’est surtout une clef qui peut ouvrir des portes, notamment chez certains partenaires programmateurs. Ça peut être l’occasion pour certains artistes en émergence de se lancer vraiment. Et pour d’autres plus anciens dans le métier de parfois se relancer.

A ce propos, qu’en est-il donc du parcours de quelques lauréats de ces dernières années ? Qu’est-ce que ce tremplin leur a apporté ? Nous les avons questionnés. Voici leurs réponses.

Jérémie Bossone, lauréat en 2011

982« En ce qui me concerne, le fait d’avoir remporté ce tremplin en 2011 m’a fermé au nez quelques portes… mais m’en a ouvert beaucoup d’autres ! Cela m’a incontestablement donné une visibilité plus importante, des dates de concerts ainsi qu’une avalanche de verres de vin et de sourires. Je pense pouvoir dire sans trop de démagogie que tout cela valait bien quelques portes claquées.

Et puis, d’un point de vue plus personnel, cela reste un souvenir inoubliable pour la simple et bonne raison que j’ai pu, à cette occasion, rendre hommage en sa présence à l’un de mes maîtres en matière de picking guitare et de songwriting : Graeme Allwright (ça ne compte pas pour peu dans nos parcours, en tout cas pas pour moi).

Franchement, ce genre d’événements, c’est des coups à vous transformer en optimiste. »

Hervé Lapalud, prix de l’Adami et prix du public en 2006

herve-lapalud-2« Essentiellement un soutien poursuivi de l’Adami sur plusieurs années (de mémoire, deux festivals d’Avignon et deux albums soutenus), et puis du Centre de la Chanson aussi dans la communication, une étape parmi d’autres pour avancer, se rendre visible et crédible. Et, accessoirement, mon meilleur taux horaire en vingt ans de métier (3000 € gagnés en dix minutes, ça avait beaucoup impressionné ma fille à l’époque, depuis, elle a un peu déchanté…). »

 

 

Coline Malice, lauréate en 2006

ColineMalice« En quelques mots, j’ai un souvenir excellent de ce concours. Pour moi, ça a été le point de départ de ma carrière française, puisqu’à l’époque j’étais bruxelloise… Depuis je vis en France et tourne en France principalement.
Le jour même, également, j’ai vécu des expériences très chouettes qui m’ont appris beaucoup de choses qui me servent dans mon métier…
Ce concours m’a permis aussi une vraie réflexion sur ce que c’est interpréter un autre auteur. »

 

Gaëlle Vignaux, lauréate en 2010

OLYMPUS DIGITAL CAMERA« Le jour J de la remise du Prix, j’étais très heureuse et un peu déçue à la fois car que je me retrouvais avec le « Grand prix du Centre »… mais aucune date. En général, on fait ce genre de tremplin pour avoir l’occasion de décrocher quelques dates quand même.
Quelques mois après, Stéphane Riva de la Manufacture chanson m’a proposé d’organiser une résidence au sein de son établissement et c’est à ce moment là que j’ai pu constater les « retombées » du tremplin. Mon nom avait pas mal circulé et la salle était presque toujours pleine (une date par semaine pendant dix semaines, ça arrive rarement). J’ai rencontré un nouveau public, pas forcément nombreux, mais un public fidèle et précieux.
Anne Sylvestre, qui était la « marraine » de l’édition 2010, se déplace à certains de mes concerts et c’est pour moi un honneur de la savoir discrètement présente et bienveillante. »

Andoni Iturrioz (Je Rigole), lauréat en 2012

AndoniIturrioz-16CrditPhotoThibautDerien« Ben c’était d’abord une joie ! Un peu de soutien dans un trajet marginal. Un peu de pognon aussi, si mes souvenirs sont bons, on a pu faire un concert de sortie d’album avec cet argent. Et puis quelques dates, trois moins une qui a été annulée pour des raisons qui m’échappent… Mais ça nous a permis d’aller en suisse, et il se trouve que le réseau suisse s’est bien ouvert à nous… De nos jours c’est encore avec les programmateurs suisses que j’ai le plus de contact ! On y retourne bientôt !). »

 

Davy Kilembé, lauréat en 2010

davy-kilembe« Sur le coup cela m’a apporté de jouer pour pas mal de festivals et salles (Rallye Chantons Français, Charleroi chansons, les Trois Baudets, La Manufacture Chanson…) et je bénéficie encore aujourd’hui de la reconnaissance que ce prix m’a apporté auprès des « acteurs du métier ». »

 

11 Réponses à « Vive la reprise ! » : Et le vainqueur est…

  1. Danièle Sala 3 novembre 2014 à 9 h 08 min

    Une drôle de comptabilité en effet ! Mais quand on voit les noms de ces cinq lauréats, on a plutôt envie de faire confiance à ceux qui choisissent.

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  2. Michel Martin 3 novembre 2014 à 9 h 26 min

    C’est quoi ce binz ! C’est ça la démocratie ? Je croyais que l’éducation populaire c’était aussi l’apprentissage à la citoyenneté, à la démocratie. Et non : un vote compte deux fois plus à Toulouse qu’au Mans. Faites ça à la Présidentielle, ce serait inimaginable. Et là, on accepte, on encourage. Tant que les concours, les tremplins et autres prix ne seront pas irréprochables, ils ne vaudront rien.

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    • Norbert Gabriel 3 novembre 2014 à 10 h 35 min

      C’est la new démocratie, le monde change, et les concepts aussi. C’est comme ça, lalala…

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  3. Marc Rebond 3 novembre 2014 à 10 h 56 min

    un homme = une voix
    un lieu de sélection = un candidat envoyé en finale

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  4. Norbert Gabriel 3 novembre 2014 à 13 h 57 min

    Il y a quand même un truc qui me chiffonne, depuis plusieurs années, il y a Les Lundis de la Chanson (au Vingtième Théâtre) et je comprends mal que cette finale soit programmée un lundi, en concurrence frontale… Et cerise sur le gâteau (!!!) Coline Malice, ex-lauréate chante ce soir en première partie de Francesca Solleville, au Vingtième Théâtre.. Un semblant de coordination ne serait-il pas souhaitable dans le soutien à la chanson francophone??

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  5. Norbert Gabriel 3 novembre 2014 à 14 h 09 min

    Les mystères du web sont parfois impénétrables, une réponse de Julie Rousseau, lauréate en 2007 partie le 2 vient d’arriver, le 4 à 14 h, la voilà

    Difficile en quelques mots mais Vive la reprise m’a apporté beaucoup…
    D’abord bien évidemment des dates un petit peu partout, donc de la visibilité, mon nom a circulé on va dire…
    J’ai été approchée par des professionnels à cette période même si ça n’a rien donné au final, je sentais vraiment un engouement ;-)
    Et enfin, ça m’a fait rencontrer d’autres artistes, avec lesquels j’ai collaboré par la suite ou non, mais en tout cas, nous avons partagé, et c’est précieux!!
    Dernières nouvelles ici http://www.julierousseau.fr/

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  6. Bernadette D. 3 novembre 2014 à 16 h 20 min

    Beaux témoignages je trouve, de ces anciens lauréats. Raison de plus de prendre très au sérieux ces candidatures et la façon dont est mené un tremplin, dans tout son processus, son projet, dans toute sa clarté. Même minime, une erreur peut amener un doute, entacher le palmarès. Si on décrète qu’un lieu de sélection vaut deux fois plus qu’un autre lieu, il n’y a plus de tremplin : il faut d’urgence stopper les sélections régionales pour éviter de telles bourdes.

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  7. Rencontre Prémilhat 3 novembre 2014 à 20 h 58 min

    Ne tirez pas a boulets rouges sur ce tremplin. Il y a peu c’était du « paris-parisianisme ». C’est la première fois, voire la deuxième, qu’il y a plusieurs lieux de sélection. Je pense que ce qui serait le mieux c’est d’avoir 6 sites de sélection avec un sélectionné par site.
    Le centre de la Chanson est en pleine mouvance et renaissance, c’est une de ses nombreuses étapes, il lui en faut encore beaucoup pour être proche de la province et de nos régions afin de sortir de son engourdissement de la capitale.
    Il y a une équipe qui y travaille, laissons-lui un peu de temps, mais c’est vrai que c’est lent… et que certains pensent que la petite couronne c’est déjà la province.
    Je vous propose, si ce n’est fait, d’adhérer au Centre de la Chanson pour qu’il ait plus de moyens. Ce serait bien pour lui.
    Jean-Michel Tomé

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  8. Marc Rebond 3 novembre 2014 à 21 h 30 min

    il me semble qu’il y a surtout beaucoup d’amateurisme. il leur faudrait sans doute plus de moyens au centre de la chanson pour embaucher enfin des professionnels. comment valider un tel résultat quand on sait qu’il y a iniquité entre les candidats ?

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  9. Annie Hall 3 novembre 2014 à 21 h 55 min

    Merci aux Enchanteurs de lancer un tel débat (c’est pas le premier et ça fait du bien). D’accord avec Marc Rebond : même si on ne connaît pas bien la province (pour reprendre Jean Michel Tomé) c’est pas sorcier de considérer que toutes les voix se valent et qu’on doit compter pareil que l’on soit au Mans ou à Toulouse. Le gagnant de ce soir sera pour toujours mal élu parce qu’il y a un doute, un vice de forme dans la procédure. A moins qu’il vienne du Mans ou de Lyon :)

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  10. Michel TRIHOREAU 4 novembre 2014 à 11 h 34 min

    Pour avoir participé au jury de nombreux concours, rencontres, tremplins etc., y compris en qualité de président, j’aurais beaucoup à dire, tant en bien qu’en mal, sur la façon dont ils sont organisés et sur les motivations des membres du jury.
    Aujourd’hui, il me semble que c’est surtout la pluralité de ces manifestations qui en fait l’intérêt. En effet, parmi les finalistes on retrouve souvent les meilleurs selon des critères à peu près objectifs. De plus, la confrontation est enrichissante pour tous. Ces diverses occasions, le plus souvent en diverses régions, ont remplacé en ce domaine les cabarets parisiens où les chanteurs se découvraient, échangeaient, s’évaluaient. Quelles que soient leurs limites ou leurs défauts, elles sont très positives pour les artistes un peu ouverts, donc perfectibles. Elles jouent leur rôle dans une synergie de qualité professionnelle.

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