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Alain Chamfort, l’encours de l’amour

alain_chamfort_album_c_boris_camacaChamfort reprend son activité là où il l’avait laissée : en cours de l’amour. Très bel album sans titre, à plusieurs titres.

Depuis qu’un jour, en 1981, l’auteur fameux du Banana split de Lio le dépanna pour un titre, Paradis, alors que Gainsbourg venait de lâcher, Alain Chamfort est fidèle, à plus d’un titre, au belge Jacques Duvall, qui par ailleurs signe aussi pour Birkin, Bijou, Daho, Lavoie, Amina et d’autres encore. C’est même le cinquième album entièrement écrit par Duvall, entièrement composé par Chamfort il va sans dire. C’est dire la complicité.

Sans s’être vraiment éloigné du disque, Chamfort était ces dernières années sur d’autres projets (de l’évocation de la vie d’Yves Saint-Laurent à des compilations, dont celle – Elles et lui – en duo avec nombre de ses consœurs). Là, douze ans après Le Plaisir, il revient à ses amours, ses plaisirs de l’âme et de la chair, de la chère aussi, à la célébration de l’amour. Ce qui va comme un gant à cet élégant.

Treizième album certes, mais premier disque éponyme (s’il n’est pas resté sans voix, Chamfort est apparemment resté sans titre), cette fois-ci réalisé et arrangé par Frédéric Lo.

Album d’où nous retiendrons que la chanson de Chamfort ne pourra être accusée d’onanisme car, comprenez, L’amour n’est pas un sport individuel. Ici, c’est Ensemble, pour des histoires d’amour, « enfin, ça y ressemble… » Amour toujours, tant qu’on se demande comment peut-on encore trouver de possibles déclinaisons à cette thématique plus que rabâchée. Duvall et Chamfort trouvent, ouvrant d’autres voies, consignant d’autres verbes, de nouvelles émotions, de « grands mots, de belles phrases ». Des amours en souffre (ce sont eux qui brûlent le mieux) et en souffrances où chaque terme pèse son poids de délicatesse, décrivant au plus juste les états d’âme, les blessures, les regrets, les répits, ce qui va, ce qui vient.

Disque dans l’air du temps. Et l’air est, dit-on, légèrement pop. Avec, pour la partie musicale, François Poggio, Nicolas Fiszman, Johan Dalgaard, Philippe Entressangle, Laurent Vernerey et Frédéric Lo, joli lot qui fait son effet et taille des notes dans l’extrêmement délicat. Des chansons douces, mélancoliques, cabossées, désabusées parfois, dans la forme, un peu dans le fond, qui s’écoutent et s’apprécient ainsi, à accorder de l’importance à chaque mot, à chaque ver, à chaque note.

Si le titre phare, Joy, tourne beaucoup en playlist, on accordera plus d’importance encore à ce très beau duo avec l’actrice Charlotte Rampling sur Où es-tu ? De façon générale, c’est tout l’album qu’on considérera, reprise d’activité réussie pour ce dandy de la variété française dont, c’est vrai, nous commencions à nous languir.

 

Alain Chamfort, éponyme, 2015. Le site d’Alain Chamfort, c’est ici.

« Joy », making-off Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Alain Chamfort, l’encours de l’amour

  1. Pol de GROEVE 29 novembre 2015 à 14 h 19 min

    Comme il est doux de voir nos Enchanteurs se pencher sur Chamfort !
    Il faudra bien en effet qu’un jour, on le considère à la juste place qu’il mérite d’occuper dans la chanson française, dans le haut du panier, au pied du podium.
    Mais voilà, il a le malheur de donner dans la chanson pop et surtout, de ne pas écrire ses paroles lui-même ! Crime impardonnable pour les juges de la chanson, comme si composer une musique n’était pas aussi exprimer ses sentiments !
    Alors, comme son confrère Voulzy, on le regarde avec un certain dédain, voire on l’ignore tout à fait.
    Et pourtant, voilà bien un chanteur à la ligne artistique irréprochable, qui bâtit son œuvre contre vents et marées, sans se soucier des bons conseils de ceux qui savent (combien sa fidélité à Jacques Duval lui est reprochée, lui qui n’écrit que des textes second degré et qui, pour dire « Je t’aime » commence par lancer « Je te déteste »).
    Un jour, on ouvrira probablement les yeux.
    En attendant, les afficionados se régalent et savourent Chamfort entre eux, comme un secret malheureusement trop bien gardé.

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