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Les Nuits de la Pleine Lune, à l’unisson… [1/2]

(photos Anne-Marie Panigada)

Le grand chambellan Pierre Margot et ses comparses dignes des Frères Jacques (photos Anne-Marie Panigada)

Les choses sont bien faites, tout de même : gravissant gaillardement les hauteurs de Ménilmontant en cette belle nuit d’hiver, que croyez-vous qu’il advint au détour d’une rue au plus haut des cieux ténébreux ? La lune, la lune !, chers Enlecteurs !, la magnifique pleine lune, à peine nimbée d’un pâle halo d’agent, guidant de sa lueur bienveillante les pas affairés des aficionados de ce beau rendez-vous annuel. Semblant un énorme projecteur de scène, cet œil unique couvait obligeamment le Vingtième Théâtre, lequel accueillait donc pour la cinquième année consécutive les sélénites élucubrations du grand chambellan Pierre Margot, deus ex machina de ce rite païen, foutraque, gourmand et ô combien attachant… 

Comme à son habitude, c’est tout une petite troupe qui avait répondu à son appel. Et quelle troupe, quels bateleurs, quels beaux saltimbanques ! « Des noms, des noms ! », vous entends-je scander du fin fond de vos chaumines ? Pas d’impatience, vous l’allez savoir tout à l’heure, sacripants que vous êtes… Avant cela, et sans jouer les rabat-joie (et ne jouez pas les rabat-joie, ce pluriel est correct !), précisons que si cette édition des Nuits de la Pleine Lune est annoncée comme étant la dernière, c’est surtout que cela risque d’être le cas en ces lieux, le Vingtième Théâtre étant menacé par de hautes instances d’être transformé prochainement en tout autre chose que le magnifique navire qu’il est actuellement, aux larges voiles gonflées de musique, de théâtre et de chansons. Initié par ledit Margot, une pétition circule actuellement sur le net pour dénoncer cet état de fait, je vous laisse la trouver tout seuls, vous êtes grands, maintenant… 

Pierre Margot

Pierre Margot et Claire Guyot, une valse pour rien

Quoi qu’il en soit, c’est une salle quasi comble que nous retrouvons, ce qui est d’autant plus agréable que cette soirée de partage est donnée au bénéfice du DAL (Droit Au Logement) dont il n’est plus utile de rappeler l’engagement militant et l’utilité malheureusement toujours d’actualité. En toute fin de soirée, Jean-Baptiste Eyraud remerciera d’ailleurs sur scène l’ensemble des artistes présents. 

Mais avant cela, c’est une belle lune de théâtre qui illumine son pinceau lumineux le grand rideau de velours incarnat, lequel, selon une tradition désormais bien établie, s’ouvre un (trop) court instant pour dévoiler la photo de famille déjantée de tous les artistes que nous allons avoir la chance de découvrir ce soir… 

Avec dans la présence un petit côté Higelin lunaire, le fantasque Pierre Margot ouvre donc le bal de sa majesté sélène, flanqué de ses inénarrables acolytes Serge Duchesnes (dit Glops, vieil enfant espiègle et ex cor solo au sein de l’orchestre de chambre de Paris) et Jennifer Quillet (brillante pianiste à l’irrésistible moue très droopesque…), suivi d’un « T’es ronchonchon » d’anthologie par LA Miravette elle-même, en chair et en touches de piano. 

Garance

Garance

S’ouvrant plus que jamais aux nouvelles générations, cette Nuit de la Pleine Lune nous propose ensuite deux jeunes artistes bourrées de talents, Garance et Lise Martin, lesquelles nous charment bien vite de la magie pénétrante de leurs belles voix entremêlées. Si Lise nous gratifie de son très beau A zéro, présenté comme un blues à la française et accompagnée de son seul ukulélé, sa complice s’attache avec son titre J’n’écrirais pas de chanson sur toi à démolir un certain modèle de pensée machiste un peu trop répandu de nos jours. Garance et les enfants du paradigme, en quelque sorte… 

Après la confirmation du beau talent de Romain Lemire (« On dit les morts absents… »), c’est une découverte étonnante à laquelle nous avons droit : exceptionnellement réunis ce soir sur scène, Trenet, Brassens, Montand, Gabin, Dutronc et Aznavour viennent nous narrer une « Éternelle histoire » par le biais de Xavier Fagnon, véritable caméléon vocal et gestuel à la présence hallucinante. Prenant la suite d’un très touchant duo entre Margot et Claire Guyot sur la Valse pour rien du regretté Allain Leprest, voici une nouvelle découverte en la personne des bien-nommés Cheminots de la Lune, aux chansons aussi bariolées que la tenue du chanteur… Dans une formule accordéon/contrebasse/ukulélé/derbouka, entre une espèce de reggae du Cantal et un titre hispanisant, luit pour nous Du fond de mon cœur, belle valse lente et brûlante. 

Albert Meslay

Albert Meslay

Un grand moment ensuite, avec l’entrée en scène du sublime prince-sans-rire Albert Meslay, dit aussi l’Albert mondialiste ! Et là, c’est du grand art, du sans filet aphorisme et périls… ce pape du nonsense moustachu se situerait un peu, pour tout vous dire, entre Popeck et Raymond Devos, et je vous prie de croire que c’est un compliment ! Comment ? Qu’ouïs-je ? Vous en voulez un ou deux, comme ça, hors contexte ? Bon, c’est bien parce que c’est vous, chers Enlecteurs et Enlectrices… Le réchauffement de la planète est un sujet chaud qui fait froid dans le dos. Ou encore Le niveau de la mer culmine à 4810 mètres au dessous du sommet du Mont-Blanc. Si vous n’avez jamais vu Albert Meslay en scène, courrez-y, il saura poser les vraies questions existentielles (ou en mer) du type Est-ce que le poisson a conscience d’être mouillé ? et apportera de surcroit la preuve par A plus B que la pratique du scooter des mers est rigoureusement incompatible avec le bouddhisme… 

Autout du piano de LA Miravette

Autour du piano de LA Miravette

La suite est forcément difficile à prendre sur scène, et c’est Alain Souchon lui-même qui s’y colle, toujours sous les traits de Xavier Fagnon… Un vrai chouette boulot d’écriture et d’interprétation, pour un résultat vraiment bluffant. Un véritable plaisir ensuite de retrouver sur les planches la bonne bouille à la Boby Lapointe de Danny Buckton en solo, pour quelques titres entre Brassens et Renaud, dont une très belle chanson toute neuve dont il nous offre la primeur, Quand on a pas le cœur en hiver. Petit instant de grâce diaphane…

 

[suite de ce reportage demain]

5 Réponses à Les Nuits de la Pleine Lune, à l’unisson… [1/2]

  1. Bernard 28 janvier 2016 à 12 h 35 min

    Bonjour,
    J’ai lu quelque part que Mèche était un groupe, mais là, je ne suis pas très éclairé sur sa participation. Est-il possible d’en savoir un peu plus?

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    • NosEnchanteurs 28 janvier 2016 à 13 h 27 min

      Mèche est un groupe de chanson-pop-rock avec des textes en français, tendres, durs parfois, des chansons qui peuvent être aussi percutantes que douces. Clémence Chevreau a toujours joué sur les contrastes lorsqu’elle chantait en son nom. Après un moment de recul et de réflexion, elle est alors persuadée que ses chansons doivent prendre une autre teinte… Méchienne ! Le groupe est composé de Clémence Chevreau (chant), Damien Nison (claviers, choeurs) et Benjamin Riez (basse, guitare, choeurs)

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    • Mèche 29 janvier 2016 à 13 h 14 min

      Bonjour Bernard, Nosenchanteurs
      Pour rectifier, Mèche a bien commencé à plusieurs, mais elle reprend désormais les routes et ses chansons toute seule.
      La Bio ci-dessous est donc fausse…

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      • NosEnchanteurs 29 janvier 2016 à 17 h 50 min

        Il s’agit, Henri, d’une erreur de mise en page due, à l’origine, à des problèmes de réception de l’article d’une part, des photos d’autre part. L’article de Patrick Engel est en deux parties : on y retrouve Mèche dans la seconde. Merci d’ailleurs à elle pour les précisions utiles qu’elle nous apporte.

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  2. catherine Laugier 28 janvier 2016 à 15 h 33 min

    Qu’ils sont beaux Anne et Pierre sur cette photo…Cela donne une idée de la complicité des intervenants !

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