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Le grand dessein de Cyrille Gallais

cache_2467786712Qu’est donc ce (grand) dessein ? A bien entendre et hors l’histoire qui nous est chantée, le retour à une chanson classieuse, presque crooneuse. D’une chanson à nœud pap’, pas forcément à papa.

Arrêtons nous dès la première plage sur la chanson-titre. L’écriture est précise et lettrée, pesée : pas un mot ne dépasse, ne trouble le bel ordonnancement. On y parle de dessin, de dessein, pas de seins, n’osant les contours féminins : « Le dessein qu’elle à fait sien n’était pas le mien… » L’ombre du mot aussi évident que pudiquement absent plane sur les chansons qui suivent, par cette femme-araignée qui chaque soir vient dans la chambre à coucher, par cet amour adolescent, le désir, le mirage… Les six premiers titres forment une histoire, passionnante dramaturgie, amour impossible qui vire au tragique : « A quoi bon offrir des fleurs ? » quand on sait que tout est fini (Chrysanthèmes).

Les vers de Gallais nous instruisent de situations et d’ambiances, ils sont en eux littérature… De mots qui en écrivent d’autres, qui décrivent. D’émotions, si bien servies.

La voix, l’interprétation peuvent faire songer à Michel Jonasz (écoutez Châteaux de sable, ça crève les tympans : y’a des Vacances au bord de la mer dedans…) et on se dit que Gallais peut aller loin avec telle tessiture, telle écriture, telle musique. Jadis, dans nos soirées télé à deux chaînes, il aurait pu être indifféremment programmé chez les Carpentier ou chez Chancel. Car dans ces chansons-là, dans cette interprétation idéale, il y a le talent et l’instinct de l’intelligent allié au populaire. Chancel, car il eut mérité d’en être l’invité principal. Les Carpentier ? Sans doute pour ce duo surprenant, brillant, émouvant, entre Gallais et sa marraine de cœur, Annie Cordy, sur L’indifférence de Gilbert Bécaud (paroles de Vidalin).

Ce disque nous arrive dont ne sait où, d’un jusqu’ici inconnu à nos oreilles. Pas un nouveau, un p’tit jeune pour autant. Son premier album, il y a douze ans de cela, est, il est vrai, passé inaperçu. Gageons que celui-ci, signé chez EPM, sache dompter vos oreilles même les plus exigeantes. Cyrille Gallais est plus connu, dans sa région (Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes : ça commence à faire de ces noms à rallonge…), pour la création et la production de beaucoup de spectacles sur la chanson. Car il aime la chanson, tant qu’il n’a pas attendu la mode des reprises à tout-va pour en faire. Là, c’est de sa plume inspirée qu’il signe huit des onze titres. Les trois autres ? Outre le Vidalin-Bécaud sus-nommé, un poème d’Arthur Rimbaud et Qui d’Aznavour.

Piano et accordéon prédominent majestueusement avec le fidèle Laurent Esteva et Sébastien Farge. Bel hymen que ces deux instruments-là, en des notes jazz, parfois argentines, que rejoignent basse et batterie.

En écoutant ce disque de Cyrille Gallais, on a l’impression, avec inexcusable retard, avec déjà sincères regrets, d’un grand classique qu’on ne savait pas, d’un chanteur tellement évident que ça ne se discute même pas.

 

Cyrille Gallais, Le Dessein, EMP/Universal 2016. Le site de Cyrille Gallais, c’est ici.

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2 Réponses à Le grand dessein de Cyrille Gallais

  1. cel 17 avril 2016 à 18 h 12 min

    Votre article enchanteur est magistralement bien orchestré.
    Bonne continuation à ce chanteur aux mots joueurs, à la voix chaleureuse et la class’ du nœud pap.

    Répondre
  2. cel 18 avril 2016 à 23 h 39 min

    bonjour, j’aimerais partager ce bel article et le lien ne fonctionne pas.
    Avez vous une solution a m’apporter.
    merci d’avance.

    Répondre

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