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Marie Leurent… traces vives

Marie Leurent (photo Anne-Marie Panigada)

Marie Leurent (photo Anne-Marie Panigada)

A l’écoute de ce premier album de Marie Leurent et après plusieurs concerts m’ayant permis de la découvrir « vivante » sur scène, une citation de René Char m’est venue à l’esprit comme une évidence: « Un poète doit laisser des traces de son passage, non des preuves. Seules les traces font rêver.». Ce disque est une trace de passage, une pierre sur le chemin emprunté en compagnie de Jean-Louis Beydon au piano, l’envie de graver ce moment pour le rendre, peut-être, éternel. Marie Leurent est une artiste qui se déploie, prend son essor en public tant sa présence marque par son mélange de force, de fragilité et cet enregistrement est une porte  entrebâillée, un espace entrouvert pour laisser entrer la seule émotion des mots liés à la mélodie.
 
Place alors à la voix déchirante entre souffrance et caresse, cri et larmes, plainte et  tendresse, une voix que l’on sent tour à tour volontaire ou écorchée vive, pour traduire toutes les béances, les blessures, les désirs inavoués, une voix qui touche par la justesse de ses intentions et une parfaite diction.
 
Place aussi aux mélodies, qu’elles soient à l’initiative de Marie ou de Xavier Besse, charpentes solides que Jean-Louis Beydon édifie avec la précision, la maîtrise et le talent qu’on lui connaît, une architecture où, sur trois titres, Johanne Mathaly vient placer les accents aériens de son violoncelle. Dommage qu’elle n’ait pu marquer de ses notes d’autres chansons !
 
13010595_516997048507627_8446362197434678617_nPlace enfin aux textes de Marie Leurent, « chanteuse et poétesse réaliste des états sensibles » comme la décrit si bien Henri Courseaux à qui elle emprunte le charnel Je viens. Excepté Flamant rose étonnant et délirant, alchimie du verbe qui transforme un embarras féminin en cocasse épopée, les autres titres signent un univers intimiste entre sensualité (Ta robe), amour fiévreux (Tremble), amour perdu qui laisse le cœur à vif (Sous la peau de l’autre) ou éphémère empruntant le chemin des errances nocturnes (La nuit, tous les chats sont gris). Marie Leurent sait trouver les mots qui émeuvent et bousculent, ceux qui disent des vies brisées ou décalées ou l’on peut Glisser, des existences broyées comme celles de ces femmes blessées dans le magnifique L’air des filles. Marie écrit avec émotion et ferveur, ose et se dévoile pourtant avec pudeur, chante les parts d’ombre et les plaies ouvertes, les fêlures de l’âme, déroule les pages de son cahier de souvenirs et nous provoque, nous incite, à ouvrir le nôtre.
 
« Tu chiffonnes
Le cahier aux souvenirs
Tes kilomètres de mots
Tes espoirs, tes babilles
Tes métaphores
Tout ce que tu n’as pu dire
Tu maquilles ton désir
En airs de pacotille… »
 
Alors ! Un seul souhait, bien plus une intime conviction, l’espoir que l’écoute de ces quelques « traces » vous pousse à aller voir et entendre Marie sur scène. La belle y déploie ses ailes et son chant, bien que mélancolique, ne s’entend jamais aussi bien qu’en prenant son envol vers l’horizon du ciel !
 
Marie Leurent, L’air des filles, autoproduit 2016. Contact : marie.leurent@orange.fr Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Marie Leurent, c’est ici.

Flamant rose Image de prévisualisation YouTube

5 Réponses à Marie Leurent… traces vives

  1. catherine Laugier 22 avril 2016 à 20 h 00 min

    La parenté avec Anne Sylvestre dans ce titre me paraît évidente. Dommage qu’on ne trouve pas trace de Marie sur le net, ni annonces de concert, ni site, ni page facebook, toutefois quelques enregistrements sont disponibles sur YouTube, sur son compte : https://www.youtube.com/channel/UCouk3yWgMg1pqnzt7PPJsIQ

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  2. Pol de Groeve 23 avril 2016 à 9 h 20 min

    Catherine m’a devancé ! Sans remettre en cause le talent d’écriture et d’interprétation, la vidéo proposée donne surtout à voir une sorte de clone d’Anne Sylvestre. On peut pas dire qu’on nage dans lé découverte et l’originalité !

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  3. Francis Panigada 23 avril 2016 à 21 h 36 min

    Le moins que l’on puisse dire est que ton commentaire Pol m’a fait bondir! Résumer une artiste en se bornant à la comparer à une de ses illustres aînées me semble un peu court. Il est évident que la parenté existe au sens d’une filiation qui est naturelle. Une artiste qui ose ainsi parler de la femme avec cet humour là ne peut qu’être d’une certaine façon en famille avec Anne Sylvestre mais le terme de clone est pour le moins réducteur ! Autant dire : circulez… il n’y a rien à voir ni à entendre ! A terme un tel jugement est destructeur pour quelqu’un qui emprunte son propre chemin d’auteur et d’interprète Pour ma part, j’ai eu l’occasion de voir Marie Leurent plusieurs fois sur scène et ni sa présence scénique ni son interprétation ne peuvent se comparer à celles d’Anne. Quant à ses textes, elle possède une originalité et un univers qui lui est propre, une écriture très personnelle. Une petite critique à Michel kemper qui a choisi de publier cette vidéo alors que je lui avais proposé un autre titre qui me semblait plus représentatif de l’ambiance de ce disque : https://www.youtube.com/watch?v=xgAYgsIje0s
    Quoiqu’il en soit je vous invite à aller plus loin dans la découverte de cette artiste pour en mesurer justement le talent. Mais après tout Pol… peut être que je me trompe, tu faisais un compliment ! Etre comparé à Anne Sylvestre n’est pas si mal ! Ce n’est pas donné à tout le monde !

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  4. Catherine Laugier 24 avril 2016 à 20 h 09 min

    Très belle chanson que ce Tremble, elle dégage énormément d’émotion.
    Dans mon esprit en signalant la parenté avec Anne Sylvestre, il s’agissait d’un compliment, une filiation spirituelle. Même capacité à émouvoir, audace d’écriture, variété d’inspiration. Anne Sylvestre ayant traité d’à peu près tous les sujets qui importent dans une vie, il est difficile pour n’importe qui de trouver un sujet dont elle n’ait pas parlé…

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  5. Pol de Groeve 24 avril 2016 à 21 h 26 min

    Au temps pour moi, la formule que j’ai utilisée était peut-être trop lapidaire. Je viens d’écouter la 2ème chanson que tu nous proposes (« Tremble »), qui m’a déjà plu beaucoup plus.
    Par ailleurs, ce n’est pas forcément rédhibitoire d’être comparé à Anne Sylvestre (à mon avis, c’est mieux que d’être la nouvelle Michèle Torr…). Simplement, cela indique clairement à quelle type de chanson on a affaire. Pour simplifier, un côté « rive gauche » : piano-voix, diction claire, paroles porteuses de sens, musique trop souvent limitée à l’accompagnement du texte… Bien des qualités dans tout cela, mais on a le droit également de trouver cela un peu démodé.

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