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Teófilo Chantre chantre, sodade et morabeza

Teófilo Chantre (photo)

Teófilo Chantre (photo Maxence Coulon pour Le Petit Duc)

23 avril 2016, Le Petit Duc, Aix-en-Provence,

 

Teófilo Chantre, artiste capverdien vivant en France, compositeur notamment de Cesaria Evora, n’est pas un inconnu pour Gérard Dahan et Myriam Daups, alias Vis à Vies, eux-même duo musical de chanson et musique jazz ouvert sur le monde et les autres musiciens. D’où ce Morabeza Project partagé en 2011. Gérard Dahan a d’ailleurs comme Teófilo composé pour la diva capverdienne.
La morabeza, c’est en quelque sorte le bonheur d’être ensemble, une façon d’être bienveillante typiquement capverdienne, en empathie avec ses hôtes, et c’est bien dans cette atmosphère que se sent enveloppé le public du Petit Duc.

Est-ce le retour de quelques jours passés au pays natal qui donne encore plus de nostalgie aux mornas interprétées en créole par l’artiste, de sa voix caressante, claire, chaude et légèrement voilée qu’il souligne parfois d’un sifflement mélodieux ? La sodade, version créole de la saudade portugaise, nostalgie du passé et de la disparition, y prend pour les capverdiens, souvent obligés de s’exiler, une place prépondérante. Ces mornas nous bercent de leur infinie douceur tendre et amère, le regret d’un pays salé-poivré-vanillé s’élargissant en un plus vaste questionnement sur le sens de la vie, très sensible même si l’on ne saisit pas la signification précise des textes. Teófilo nous en dévoile les inspirations : la séparation, le départ, le retour, l’amour, la lune, la mer, les îles, des contes de grand-mère où se côtoient sorcières et  sirènes, et puis la roue de la vie, la roue du temps avec cette Roda vida de l’album Roda tempo de 2000.

Le franco-marocain Idriss El Mehdi Bennani l’accompagne au piano avec un jeu de scène sobre et efficace, mélodique avec de belles envolées jazz. Dans une sphère musicale parallèle, il a trois autres cordes à son arc, celles en boyau de chèvre de son guembri gnaoui, dont il s’accompagne en chantant en anglais, baigné qu’il est de culture classique, jazz, rock, pop et soufie. C’est dire s’il participe de cette morabeza ambiante.

C’est aussi le cas du batteur guyanais Fabrice Thomson, également choriste, spécialiste des percussions world et soul-jazz (Brésil, Afrique de l’Ouest…) qui a accompagné souvent le groupe Vis à Vies. Indispensable pour donner une rythmique syncopée africano-brésilienne de ses cymbales, caisse claire, cajón et bongos.

Voici cette chanson à la fois en créole et en français, Oli me ma bo enregistrée pour l’album Mestissage (2011), dans la version d’origine duo avec Bernard Lavilliers « Partir sans aucun message, partir très loin sans visa / Sans visa et sans visage», puis d’autres entièrement francophones dont il s’est réservé la composition : «  Tout en ce monde te parle d’amour mais tu ne l’entends pas / Tout en ce monde cherche encore ton cœur mais tu ne le vois pas. »

Pour rompre un peu la mélancolie, Teófilo nous offre aussi des coladeiras, versions dansantes des mornas, sortes de biguines  capverdiennes, « On vit comme on aime / Et il n’y a que ça », une  samba triste comme la Sina[destin] de Mamae Terra, une Fonte di nha sodade très jazzy contant des amours adolescentes.

Et puis « Écoute l’harmonie / Qui flotte entre deux mondes » qui réunit le fado des collines, la bossa du toulousain Nougaro, les volcans capverdiens et le Brésil dans Un monde honorable. Un texte de Marc Estève (auteur pour Art Mengo et Juliette Géco notamment) tout comme ce « Tu verrais tu vivrais ici / Sans avoir à rêver d’ailleurs » repris en chœur et en rythme par le public.

Un survol complet de l’univers de l’artiste depuis 1997, qui nous offre en rappel la merveilleuse Des bleuets dans les blés écrite par Estève en 2004 : « Il y a de l’eau salée dans les yeux des passants (…) Il y a des bleuets dans les blés / Et des boutons d’or sur ta robe / Qui brillent dans mon regard troublé / Chaque soir quand tu te dérobes. »  Et l’incontournable Sodade créée par Césaria en 1992, reprise longuement par le public.

 

La page facebook de Teófilo Chantre, c’est ici : ce que NosEnchanteurs en a dit, c’est là. Le site d’Idriss El Mehdi Bennani, c’est ici. En concert le samedi 21 mai Chez Céleste à Paris.

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