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Blanzat 2016 : Paccoud, tant qu’on peut encore chanter

« Les impressions résultant de la lecture des journaux sont fugitives et facilement oubliées, tandis que la chanson est répétée dans les ateliers et les cabarets à chaque moment. La chanson populaire est altière et menaçante, elle excite, elle entraîne, elle est souvent plus violente que la prose des écrits périodiques. Au lieu de consoler, elle aigrit » (lettre adressée au ministre de l’Intérieur par un préfet de police, en 1850).

Christian Paccoud, sur la scène des Rencontres Marc-Robine (photo Serge Féchet)

Christian Paccoud, sur la scène des Rencontres Marc-Robine (photo Serge Féchet)

A écouter Paccoud, on sait pourquoi il faut combattre la chanson, l’éradiquer si on ne sait bien la dompter, la formater. Vous vous rendez compte si, comme au temps de Pottier et de Clément, la chanson de Paccoud faisait tâche d’huile, irriguait manifs, même celles en rond, et nuits debout, si elle montait les cages d’escaliers, si virale elle se reprenait encore aux lèvres des passants ? Si, insolente et résolue, elle chantait « C’est pas vrai, etc ! » à chaque mensonge d’un Macron, chaque reniement d’un Hollande, chaque saloperie d’un Sarko, chaque atteinte aux libertés d’un Valls, d’un Medef ou d’une multinationale ? Paccoud, c’est la survivance d’une chanson drapée dans sa dignité, le refuge du temps où la chanson était chanson, où elle était l’arme du peuple, où les chanteurs avaient d’la voix et le courage d’en faire usage : « Pour l’instant on a le droit de chanter. Dépêchez-vous, ça ne va pas durer ! » nous dit-il avec certes malice mais non sans réalisme.

Paccoud, ce ne sont pas des chansons, c’est une chanson, une seule, un cri dans lequel notre société n’ose se regarder. C’est la somme de nos espoirs et de nos désespoirs, nos luttes et nos résignations, ces verres de rouge pour quand on se révolte, ces verres de blanc pour quand on vote dans leur parodie de démocratie (mais le blanc ça compte pas !) : « J’en suis à bar + 30 / J’ai ma maitrise en descente / Et je chante ». C’est la promesse qu’un jour, ou peut être une nuit, le peuple se lèvera, se soulèvera (« Je te pends au nez, je te pends au nez »). C’est une plainte partagée, une complainte, la promesse ténue de jours meilleurs, de lendemains qui chantent. Christian Paccoud est exemplaire, qui entretient en nous cette petite flamme fragile, lumière vacillante qui éclaire tant bien que mal les ténèbres d’un libéralisme destructeur. Il est notre conscience.

 

Le site de Christian Paccoud, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. http://www.dailymotion.com/video/xdbxbk

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