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Joel Favreau. Quelques notes… en toute modestie

Georges Brassens et Joël Favreau (montage photos DR)

Georges Brassens et Joel Favreau (montage photos DR)

La lumière donne de la lumière. C’est un phénomène physique observable, faute d’être une loi. Comment s’en étonner ? Brassens est plus près des phénomènes que des lois.

Je suis un peu obscur ? Je vais tenter d’éclairer votre lanterne. Avez-vous remarqué que, parmi tous les Moi et Brassens qui résument une bonne partie de son abondante production hagiographique, ceux qui étaient les plus proches de la lumière de l’artiste ont toujours été les plus discrets, les plus pudiques, les plus dignes, à l’image de leur « maître ». Ce n’est pas la fidélité aveugle des chiens ou des domestiques, mais une reconnaissance acquise. Celle des valeurs essentielles qui se dégagent de l’œuvre de celui qui demeure une référence dans le monde de la chanson et bien au-delà. Pierre Onteniente, son secrétaire, a attendu longtemps pour se confier enfin à Jacques Vassal. Pierre Nicolas, son contrebassiste, est mort avant d’avoir écrit une ligne, et Joel Favreau, la seconde guitare, se décide plus de trente-cinq ans après la disparition du « Vieux ».

Le plan de ses Quelques Notes avec Brassens est simple et chronologique.

91bnf7a8uQLAvant : l’enfance douloureuse qu’il décrit comme un témoin de sa propre vie, avec recul et humour ; déjà Le Gorille et Les Sabots d’Hélène assurent ses premiers succès dans les fêtes de fin d’année scolaire, avant les premiers pas en public avec Paco Ibaňez, puis les cabarets.

Pendant : La rencontre avec Brassens alors qu’il assure l’accompagnement de Colette Chevrot en première partie ; la seconde guitare pour les enregistrements et les émissions télévisées ; les premières tournées de Joel Favreau chanteur.

En même temps : A l’écart de Brassens, la vie continue. C’est le mouvement de mai 68 ; les aventures musicales avec Le Forestier, Moustaki, Barouh, Duteil ; la découverte des arts martiaux, du soufisme, de la moto et des portes qui s’ouvrent sur la vie.

Après : La mort de Brassens et les hommages en chanson, concerts et CD , la maison de production Le Sourire du Chat. L’après se prolonge avec les interprètes de l’album Ils chantent Brassens et un recueil des variantes insolites et inopinées des paroles de chansons recueillies au gré des circonstances.

Mais, bien au-delà des anecdotes, de l’humour, des détails techniques, des souvenirs émouvants, on découvre Brassens sous un angle rarement abordé. La chance pour un jeune artiste de rencontrer et de travailler avec un tel personnage est un privilège que Joël Favreau reconnaît avec une grande honnêteté. Jamais Brassens n’aurait accepté l’idée qu’il fut un maître. Pourtant il espérait, disait-il, que les gens, après l’avoir écouté, soient « un petit peu meilleurs ». Toute la subtilité du livre de Joel Favreau est là. Brassens ne donne pas de leçons. Il dégage plutôt une sorte de lumière qui permet d’éclairer les gens et les situations, de faire apparaître autre chose que l’évidence à qui veut bien s’en approcher. Et Joel Favreau nous raconte sa quête depuis l’enfance de cet éclairage de la vie et comment Brassens a contribué, par petites touches, à le faire avancer, à trouver son chemin. Pas de vantardises, pas d’idolâtrie, pas de petits profits sous la statue du Commandeur. Ce n’est pas le genre. Joel Favreau, narrateur, ne se donne pas le meilleur rôle. Il se défend d’être un proche et ne revendique même pas l’amitié ; une intimité de travail seulement semble-t-il dire modestement. Pourtant, par les attitudes, les attentions, les petites phrases qu’il a reçues de Brassens et aussi de quelques autres « maîtres », il est devenu lui-même plus lumineux. Ce n’est pas lui qui le dit bien sûr, mais on le sent à travers ses lignes. Son livre plein de vie, agrémenté d’un cahier de photo rares et émouvantes, ne manque ni de lucidité ni du sourire bienveillant qui donne un certain charme à l’intelligence.

 

Joël Favreau, Quelques Notes avec Brassens, préface de Maxime Le Forestier, L’Archipel 2017, 200 pages, 18 €. Le site de Joël Favreau, c’est ici. Sortie le 8 mars 2017. 

11 Réponses à Joel Favreau. Quelques notes… en toute modestie

  1. Odile 7 mars 2017 à 9 h 10 min

    J’ai beaucoup de livres sur Georges Brassens.
    Mais cet ouvrage écrit par Joël Favreau, me tente beaucoup.
    Ces quelques notes sur sa propre vie e puis celles du poète doivent être passionnantes .

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  2. Lanatrix Alain 7 mars 2017 à 12 h 04 min

    C’est très intéressant de voir Joël Favreau sortir de la pénombre.
    Qui mieux que lui pourrait encore aujourd’hui évoquer Georges Brassens dans la préparation et la réalisation des émissions télévisées et des enregistrements audio et vidéo ?
    Son livre est certainement très instructif pour qui veut éclairer cette pénombre.
    Il continue cette année encore, et peut-être pour la dernière fois, à transmettre ses conseils aux guitaristes-chanteurs lors de sessions organisées vers la mi-août.
    Les détails sont sur son site.

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  3. Patrick Engel 7 mars 2017 à 14 h 53 min

    A noter pour les plus parisiens de nos lecteurs que l’excellentissime Joël Favreau sera en rencontre concert-dédicace autour de cet ouvrage,
    le samedi 18 mars à 15h30 à la médiathèque Valeyre, 24 rue de Rochechouart, métro Cadet. Entrée libre sous réserve des places disponibles…

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  4. Schuller 7 mars 2017 à 17 h 41 min

    Bel article !

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  5. Jacques L 7 mars 2017 à 19 h 29 min

    Eh bien voilà un livre qui devrait être fort intéressant pour qui, comme moi, est un admirateur inconditionnel de notre Georges national.
    J’ai eu la chance de voir le discret et excellent travail de Joël Favreau derrière Brassens (enregistrements télés ou studios).
    Mais le Joël Favreau interprète de Brassens ne m’a jamais convaincu.
    Je préfère de beaucoup les interprétations de Maxime le Forestier, et Favreau dans son répertoire personnel, digne d’intérêt.

    Jacques

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  6. Odile 7 mars 2017 à 20 h 32 min

    Comment peux t’on se procurer le livre.
    Peux t’on l’avoir par correspondance, ou bien directement chez un disquaire?

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    • Michel Kemper 7 mars 2017 à 21 h 19 min

      Par correspondance, oui, chez les fournisseurs habituels (même Amazon, mais on n’est pas obligé). Mais aussi dans sa librairie de quartier, à compter de ce mercredi 8 mars ! si votre libraire ne l’a pas, il peut facilement le commander

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  7. Odile 13 mars 2017 à 20 h 35 min

    Voilà, j’ai trouvé le livre directement chez mon libraire, sans le commander, déjà en rayon depuis le 10 Mars.
    Je pense que je vais le dévorer!!!
    Je ne manquerais pas de vous dire ce que j’en pense…

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  8. alain-mulhouse 31 mars 2017 à 0 h 27 min

    Un article qui fait du bien! Les en-chanteurs méritent bien leur nom !
    Mieux vaut ne pas parler de certains autres commentaires, qui sont tout sauf à la hauteur des personnages, ni de Georges Brassens, ni de Joël Favreau!
    Comme c’est difficile de trouver le bon ton pour parler d’autrui en général…alors pour parler de Brassens, quel tour de force…
    Brassens, c’est quand même lui le personnage central, non?
    Ne le « parlons » pas, chantons-le, comme nous le pouvons, aussi bien et sincèrement que possible…
    Et Joël, dont je suis un peu l’élève, nous entraîne à sa manière dans le sillage du poète…
    Quoi dire d’autre, sinon rien…, et plutôt tenter de rester des humains debout (quitte à décevoir la brave horizontale…), et dignes de ces hommes et de leur talent qu’il nous donne en partage, « pour être un peu meilleurs », peut-être, …depuis les profondeurs des racines à notre source commune, et avec la tête dans les étoiles de la musique et de la poésie…
    Oui, Merci Brassens, qui a éclairé ma vie des jeunes années jusqu’à maintenant, et que je n’ai jamais entendu qu’ »en différé »…et merci Joël, qui l’a fait revivre « en direct », aux années déjà blanchies sous le harnais!
    Les « petites » (mais ne nous fions pas aux apparences!) notes continuent à faire des résonances à travers nos chants, dans la fidélité, toujours réinventée, à cette recherche d’une humanité qui pourrait, peut-être, un jour se dire: « tout est bon chez elle, y a rien à jeter »…! »

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  9. Odile 4 avril 2017 à 12 h 18 min

    Je n’ai eu qu’une envie après avoir lu ce livre, ressortir mes 3 albums de Joël Favreau.
    « Salut Brassens » Vol,1 et Vol.2, et aussi Brassens autour du monde, tout trois dédicacés.
    Jean-Jacques Franchin et son accordéon vous emporte dans une très grande émotion, c’est magique…
    Contrairement au commentaire de Jacques L., pour moi Joël, c’est le meilleurs interprète du Grand Georges.
    Et je sais de quoi je parle, je possède environ une trentaine d’albums , tous différents dans leur interprétations.
    Je ne peux que vous conseiller de lire ce livre.

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  10. claude REY 2 octobre 2021 à 15 h 14 min

    Vous oubliez les grandes tournées « mondiale » avec philippe Chatel … excusez du peu !!!

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