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Avignon Off 2017. Gaston moins le quart (Romain Lemire), on a marché sur la lune

Romain Lemire en Gaston (photo d'archive  Marie Magnin, Forum Léo-Ferré)

Romain Lemire en Gaston (photo d’archive Marie Magnin, Forum Léo-Ferré)

7 juillet 2017, l’Arrache-Cœur à Avignon,

 

Romain Lemire, qui sait tout faire (il est également auteur de pièces radiophoniques ou de télévision, acteur, auteur-compositeur-interprète et musicien), se présente à Avignon  sous la double casquette de comédien-chanteur. Sous le personnage de Gaston. Un croisement improbable entre son homonyme, dit Lagaffe, et Pierre Richard. Le voici qui se présente, indécis, sûr de rien, mais ça, il en est certain : Gaston moins le quart.

Rebelle ringard, intuitif et bavard, c’est lui qui le dit, sauf quand il est devant sa belle et qu’il fait les yeux ronds. Et la bouche bée. Personnellement, je trouve qu’il en dit beaucoup aussi quand il est comme ça, tel le mime Marceau.

Alors que d’autres artistes présentent des chansons reliées par des anecdotes de présentation, Romain Lemire a plutôt choisi d’illustrer ses histoires, où il nous immerge sans peine dans son monde de buveur de lune, par des chansons dont il a l’art de la formule : « J’en ai pris, je me rappelle /  365 par année, plus un, un 29 février / des râteaux à la pelle …[tant] que j’avais de quoi ratisser / les prés, les jardins et les champs des cinq continents ». Ne vous inquiétez pas, son histoire finira bien, allez l’écouter pour savoir ! Il y conte sa vie sentimentale depuis le cours préparatoire, régal d’auto-dérision, ponctué d’imitations hilarantes des demoiselles de sa vie.

Auteur d’une rare chanson où c’est le Monsieur qui ne veut pas, il préfère regarder les yeux de sa belle, « Des yeux graciles, des cils gracieux », et dompter non les clairs de lune à Maubeuge, mais les couchers de soleil de Créteil.

Quant à cette superwoman qu’il nous décrit, Oh la fille, c’est pour mieux nous dire qu’heureusement elle n’existe pas… Comment pourrait-on en être amoureux ?

Il aime les personnages qui lui ressemble, cette Cécile Ballutin qui fait partie des rares policiers intuitifs, prête à enfourcher les coursiers de son imagination. Nous conduit à travers des contes absurdes et surréalistes où le feu, ignifugé, doit s’éteindre avec de l’eau étanche, sinon interdit sur scène (après tout, il y a bien de l’eau gélifiée !) Son électrophone passe des vinyles parce que, fâché avec les chiffres, il ne peut pas utiliser du numérique !

Entre tendresse et humour, nous voyageons dans ce monde  hors du temps, sans ordinateur ni « téléphone de poche ». La radio s’y mue en caisse enregistreuse, tenue par une bouchère philosophe du sens commun, qui analyse au passage la culture et le marché de l’art. Ou en machine à écrire des mots d’amour, chanson inénarrable a cappella sur symphonie pour clavier, parce que « le temps qu’on a pris pour dire des mots d’amour, c’est le seul qui reste pour toujours ».
Pesant  le bilan d’une vie, l’on passe du rire à l’émotion quand il évoque notre fragilité mêlée d’éternité, la mort, et les absents si présents. Entre cloches, clavier (« Le piano ça fait beau »), ukulélé, à lui tout seul homme orchestre de nos sentiments,  un spectacle étonnant, poétique et rafraîchissant qui nous réconcilie avec l’humanité.

 

Concert à 12 h à l’Arrache-Cœur, 13 rue du 58eme R.I., Porte Limbert, jusqu’au 30 juillet 2017. Relâche les lundis 10, 17 et 24. Un CD 6 titres du spectacle a été enregistré (et non, pas un vinyle !) Le site de Romain Lemire, c’est ici ;  ce que Nosenchanteurs a déjà dit, de lui, c’est là.

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2 Réponses à Avignon Off 2017. Gaston moins le quart (Romain Lemire), on a marché sur la lune

  1. Catherine Laugier 12 juillet 2017 à 16 h 30 min

    La bande annonce du spectacle a été filmée par Eric Nadot et donne une bonne idée de l’ambiance du concert.

    Répondre
  2. Jean Humenry 13 juillet 2017 à 19 h 49 min

    Voici un artiste sensible et unique. J’ai ce bonheur fier de l’avoir rencontré, invité, écouté. D’avoir produit avec mon petit label COMME CI COMME CA son premier album et d’avoir affrété LES DECHARGEURS à Paris pendant un mois pour produire son spectacle. c’était il y a 15 ans. J’y ai « laissé des plumes » mais je n’ai jamais regretté d’avoir réalisé et guidé « IL PLEUT DES PLUMES » qui a été sur la play-liste de FRANCE INTER.
    Un vrai, un authentique, un grand poète

    Répondre

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