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Hélène Grandsire, un sixième opus hors collection

lFLcn0--r1E6Hi3Lu1nFRVKmTMU@380x342Chaque année nouvelle les voyait compiler leurs chansons, en fait celles de l’année précédente, en piano-voix. Ça a duré cinq ans, de 2011 à 2015. Et… rien en ce début 2017 : l’absence, la disette ! C’est que, dans un grand silence, ils nous préparaient autre chose : un disque un vrai, avec un titre, non un millésime. « Quelques mots qui diraient : les chansons qui sont enregistrées sur ce disque, nous les avons trouvées tout au fond de la rivière, là où un énorme bazar, silencieux comme la pierre, nous raconte des histoires. » Et dieu ou diable seuls savent le fond du lit de la rivière : « Y’a les lourds pavés des rues / Enfoncés dans la poussière / Des révolutions perdues (…) Y’a la carte d’électeur / D’un citoyen en colère / Que ne croit plus à ce leurre… »

Eux, ce sont Hélène et Jimmy Grandsire. L’une chante ce que l’autre écrit. Ils vivent d’amour et de chansons fraîches. Parfois de chansons d’amour, mais pas tout le temps. Comme nous, ils sont en prise sur le monde, de ce qui leur parvient. Alors ils constatent, commentent, désabusés, en colère : « As-tu vu le grand blond avec les idées noires / Qu’ils sont sorti des urn’s pour une autre Amérique (…) As-tu vu l’ex-ministre dans son dernier costume / Ce châtelain hautain avec tout’s ses casquettes / Qui goûtera peut-être au goudron et aux plumes / Tant on a découvert des sous dans ses chaussettes (…) As-tu vu l’enfant mort échoué sur le sable / Ce soir à la télé au journal de vingt heures ». Leur chanson est vigie qui consigne et déplore le monde tel qu’il est. De l’actu, les Grandsire font feu de tout bois. Le réchauffement climatique (« Et si la nuit sur les av’nues / c’est pir’ qu’le désert de Lybie / On fera tomber nos habits / Et on s’baladera tout nus »). La vie ordinaire d’une caissière qui encaisse : « Assise derrière la vitrine / Marionnette trime et s’échine ». L’homme – un clodo ? – qui a « perdu la bonne idée de vivre »… Grandsire & Co nous parlent de la vie en observant les gens. Des gens ainsi que ceux qui tentent la contrebande : « J’ai connu des brigands qui sortaient du chapeau / Le vol étourdissant et libre de l’oiseau / On a cloué vivants, les deux ailes en croix / Aux portes des maisons leurs abracadabras ».

Libérée du strict piano/voix, la nouvelle formule discographique permet parfois à Hélène Grandsire d’ajouter aux touches de son piano les notes inspirées et bienvenues d’un saxo ou d’une clarinette. La veine (la chance ?) sera à exploiter plus encore dans l’avenir tant elle est heureuse.

Sauf si vous le commandez en masse et que, partageux que vous êtes, vous le faites connaître, il y a peu de chances que ce nouvel album soit un grand succès de vente. Les oreilles bien manipulées par les médias dominants sont toujours occupées à autre chose : actuellement nos ouïes nos oies sont gavées de Barbara. Quitte à faire, les artistes, adoptez-les, aimez-les de leur vivant. Ce disque est certes un bijou ordinaire, ça n’en est pas moins un bijou, un de ceux qui nous disent la beauté et l’utilité de la chanson.

 

Hélène Grandsire, Tout au fond de la rivière, autoproduit 2017. Le site d’Hélène Grandsire, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

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Une réponse à Hélène Grandsire, un sixième opus hors collection

  1. Brian Thompson 13 octobre 2017 à 17 h 14 min

    Merci, Michel. J’espère la programmer sous peu dans « French Toast » sur wmbr.org.

    Répondre

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