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Monique Brun et Michèle Bernard, nées sous le signe des gémeaux

Michèle Bernard et Monique Brun à Bessines (photo Michel Hartmann)

Michèle Bernard et Monique Brun à Bessines (photos Michel Hartmann)

Michèle Bernard et Monique Brun, Michel Boudaud, 3 février 2018, La Grange bleue à Bessines (79)

 

Deux dames, pas bien grandes, qui plus est assises. L’une est actrice, un peu chanteuse. L’autre chanteuse, un peu actrice. L’une est mains nues, l’autre porte son gros accordéon. A les voir ainsi devant nous on se dit que le mariage est d’évidence, que c’est simplement surprenant que ce ne se soit pas fait plus tôt. Mais Monique Brun s’est mise à la chanson sur le tard : il a fallu la rencontre avec les quatre chantistes d’Entre deux caisses, avec qui elle fit spectacle et disque, Ariette et chahut. Puis la rencontre en différé avec Léo Ferré, dont elle tira un spectacle tant de lectures que de chansons, Léo 38. Dont l’une des spectatrices, enthousiaste, fut Michèle Bernard, tant que cette dernière invita l’autre à une carte blanche qu’on lui offrait, dont est tiré ce spectacle. Pour être complet, précisons que Monique Brun vient même d’étrenner un nouveau spectacle avec Thibaud Defever, le Presque Oui de la chanson.

27459733_960931317393218_8546153548595140127_nDonc, Michèle Bernard et Monique Brun, à la même table, au même diner, mêmes plats partagés. La Mimi de Saint-Julien apporte ses chansons, des parfois tirées de loin, des pas chantées en scène depuis des lustres ; la Monique du bocage bourbonnais des bouts de textes grapillés qui à Norge et Supervielle, Rousselot et Dupuy-Dunier, Autin-Grenier, Rouzeau, Louise Michel et quelques autres. Le repas est bon, savoureux même. Monique Brun pique aussi dans l’assiette de Michèle Bernard, se mettant en bouche des bribes de ses chansons.

VOUS DIRE QUE C’EST BEAU, BOUDAUD Dès ses premiers mots, nous nous savons partir en pays de pure poésie, poésie rurale, campagnarde, si vous voulez, mais poésie. Le regard et le chant de Michel Boudaud s’attardent volontiers sur les paysages, les bosquets, les sentiers, le temps qui change. La terre nourricière féconde en profondeur ses chansons. Ça et l’âme. Homme de culture, Boudaud sait mieux que quiconque les mots pour le dire, le décrire. Poète paysan, on a envie de voir en lui comme la survivance d’un Gaston Couté. Et c’est vrai, aussi sûrement qu’il y a en lui du Philippe Forcioli, du Philippe Geoffroy. Et Beaucarne et Bertin. Tant de références devraient vous dire la qualité du bonhomme. Boudaud prolonge son sillon parfois plus loin que la terre qui l’a vu naître, « au-delà de la mer, au-delà des baleines » : le poète a toujours raison, qui voit plus loin que l’horizon. Parfois grondent les vagues mais il n’est pas sûr que ce soit l’océan, plus sûrement la colère des hommes qui défilent dans la rue, vue par le fenestron de la de télévision. Car, dans le calme apparent de ses vers, coule la vie et ses tourments. Il faut n’offrir aucune résistance à Boudaud, partir avec lui sur ses portées. Même les paroles deviennent musique, mélodies légères qui, comme le ferait la caresse du vent, bousculent la typographie soignée d’une écriture sereine et audacieuse à la fois. Baud termine sa prestation par un inédit, un rien surprenant car farfelu, de Jacques Bertin. On se dit que la boucle est joliment bouclée.

VOUS DIRE QUE C’EST BEAU, BOUDAUD
Dès ses premiers mots, nous nous savons partir en pays de pure poésie, poésie rurale, campagnarde, si vous voulez, mais poésie. Le regard et le chant de Michel Boudaud s’attardent volontiers sur les paysages, les bosquets, les sentiers, le temps qui change. La terre nourricière féconde en profondeur ses chansons. Ça et l’âme. Homme de culture, Boudaud sait mieux que quiconque les mots pour le dire, le décrire. Poète paysan, on a envie de voir en lui comme la survivance d’un Gaston Couté. Et c’est vrai, aussi sûrement qu’il y a en lui du Philippe Forcioli, du Philippe Geoffroy. Et Beaucarne et Bertin. Tant de références devraient vous dire la qualité du bonhomme.
Boudaud prolonge son sillon parfois plus loin que la terre qui l’a vu naître, « au-delà de la mer, au-delà des baleines » : le poète a toujours raison, qui voit plus loin que l’horizon. Parfois grondent les vagues mais il n’est pas sûr que ce soit l’océan, plus sûrement la colère des hommes qui défilent dans la rue, vue par le fenestron de la télévision. Car, dans le calme apparent de ses vers, coule la vie et ses tourments.
Il faut n’offrir aucune résistance à Boudaud, partir avec lui sur ses portées. Même les paroles deviennent musique, mélodies légères qui, comme le ferait la caresse du vent, bousculent la typographie soignée d’une écriture sereine et audacieuse à la fois.
Boudaud termine sa prestation par un inédit, un rien surprenant car farfelu, de Jacques Bertin. On se dit que la boucle est joliment bouclée.

Ça se nomme Un p’tit rêve très court, le titre d’une des chansons de la Bernard, «… le désir du bonheur sur la Terre en désordre ». Le rêve court le temps de ce récital à deux. Trop court. Et essentiel. Parce que, comme le vers de L’éducation sentimentale, on a envie de tout grignoter, paroles et partitions des chansons c’est sûr, mais aussi toute cette littérature qu’importe Monique Brun, ces rayons de bibliothèque. Et chanter tout son saoul ces chouettes chansons que sont Maria Szusanna, Quatre-vingt beaux chevaux, Je t’aime, Nomade, Nous les baleines… Et plus encore celles un peu oubliées, délaissées : Le Bar du grand désir, La Dame pipi, Le cœur en d’ssous d’zéro. Rêve très court : les mots bavardent en abondance, chacune des deux fait son lit dans les mots de l’autre, s’y love. On saute « un pied sur l’autre / d’une idée à l’autre / du coq à l’âne / Du vague à l’âme ». « Un petit rêve très soyeux » nous instruit le dossier de presse, « bordé de coton pour aussi parler de la beauté du monde. Pour chanter et dire l’espérance dans l’errance. Pour prendre le temps de caresser le temps qui passe, les pieds bien ancrés dans le réel où s’abreuvent les mots des poètes… Pour ne pas se laisser déborder par le mal à l’âme, croquer la vie à plein dents ». On ne saurait mieux dire, mieux traduire ce qui, pour le public, dans cette salle, est de l’ordre de l’intuition, de l’émotion et, pour tout dire, de l’enchantement.

C’est limite si cette salle de Bessines n’est déjà pas trop grande, trop de monde, de succès, pour non un concert, mais comme une confidence à deux, un délicat échange, un troc de mots avec nous pour témoins qui n’en loupons aucun, gourmands que nous sommes de si belles rimes et d’une telle chaleur, d’une telle intelligence.

 

 

Le site de Michèle Bernard, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Le site de Monique Brun, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

Le site de Michel Boudaud, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

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2 Réponses à Monique Brun et Michèle Bernard, nées sous le signe des gémeaux

  1. Mingot 10 février 2018 à 13 h 36 min

    Délices toujours à lire ces critiques, de vrais poèmes sur la poésie et la chanson… A quand un nouveau recueil ??? fanFan

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  2. Gerard Cerbelaud 11 février 2018 à 10 h 02 min

    J’ai découvert Michelle Bernard il y a trop peu de temps… ce fut un enchantement d’écouter son » best » et le dernier Cd. Son « Je t’aime » m’émeut toujours, me bouleverse même par certaine situation évoquée…
    J’ai hâte d’avoir l’occasion de l’écouter en direct!
    Aujourd’hui, je me « contenterai » d’Éric Frasiak qui fait étape près de chez moi!

    Répondre

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