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Gil Chovet, délit d’éternelle enfance

Jean-Christophe Treille et Gil Chovet (photos Vincent Chambon/Dust)

Jean-Christophe Treille et Gil Chovet (photos Vincent Chambon/Dust)

Gil Chovet, « Tout ce qui m’passe par la tête », 18 février 2018, Le Pax à Saint-Etienne,

 

Nous faisons tout à l’envers, cul par-dessus tête. Si nous avons ici, maintes fois, chroniqué Gil Chovet, en disque comme en concert, ce fut toujours pour célébrer le chanteur jeune public devenu chanteur tout public, qui chante maintenant à la nuit tombée. Mais jamais tout à fait celui qui chante et enchante encore à l’oreille des mômes, presque dans la confidence. Et pourtant, tout Gil Chovet est fait dans cette complicité-là, face à des parterres de gosses tout plus ravis les un(e)s que les autres.

C’est un dimanche en fin d’après-midi au Pax. Peu d’enfants, finalement. Et paradoxalement pas mal d’adultes. Pas de quoi cependant bousculer un programme qui d’ailleurs se dit familial. Ce qui est dit est dit et se fera, na ! Je crois qu’il y a des gens ici, aux cheveux blancs, aux tempes grisonnantes, venus seuls ou à deux retrouver le parfum de leur enfance, avoir comme un peu de rab, faire comme s’ils étaient dix ou vingt fois plus jeunes, dix fois plus petits, pour réenchanter leur automne, leur hiver. Qu’ils le pensent vraiment et que ça marche puisqu’on les entend chanter aussi fort que les mioches d’à côté « C’est la mouche qui m’aime / C’est la mouche bisou » et autre « Tu nous enquiquines / Avec tes aubergines ». Ça et pas mal de sujets forcément d’importance, car, comme le chante Chovet « Tout c’qui m’passe par la tête / Je l’attrape / Et hop dans mon épuisette / Allez zou ! » Allons-y, zou !

GILCHOVET_JCTREILLE3_©DUSTJean-Christophe Treille, à la basse, et Gil Chovet, à la guitare, s’insèrent dans un décor tout en carton. En feront-ils un ? (la suite nous dira que oui, franchement oui !). Entre eux, une table pleine de quincaillerie, de trucs pas spécialement faits pour mais qui font du bruit. Des bidons de lessive liquide, des pots de confiture et autres machins qui se frottent et se cognent. Fouilla, que les bruits sont étonnement jolis !

Au rythme et à la façon des Fabulous Trobadors, l’idole des petits enfants comme des cheveux blancs lance et chante « C’est quoi ce monde / C’est quoi ce chantier / Quand on fait les choses / On les fait pas à moitié ». Celui qui l’dit c’est c’lui qui y’est : Gil Chovet fait tout comme il faut. Du reste il fait tout, sait faire tout. Conduire et bruiter de concert le boutateu qui fait teu-teu-teu, rappeler au maire étourdi qu’il faut décrocher le père Noël du balcon de la mairie, faire la cuisine pour ses deux filles qui n’aiment rien, sinon les frites au Nutella, faire le ménage aussi ce qui nous vaut un morceau de bravoure presque à la Caruso… Et, à mots doux, réveille un peu sa maman qui s’endort à petit feu, elle « qui passe toute sa journée / devant sa télévision / qu’elle n’a pas allumé ». Pas de gestes démesurés ici, pas d’effets de scène, ni de costumes rigolos et bigarrés ni de light à profusion : Chovet et son pote Treille font dans l’économie de moyens. Ils ne font en fait que dans l’épure, la simplicité. Et touchent le cœur des gosses (et pas qu’eux, nous l’avons vu). Coupables non d’être restés dans l’enfance, mais d’en posséder encore tous les codes et le vocabulaire, presque l’innocence. Coupables de fraternité avec eux. Et d’un peu beaucoup de bonheur.

 

Le site de Gil Chovet, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est làImage de prévisualisation YouTube

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