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Liz Van Deuq, la singularité faite chanson

LizVanDeuqC’est le quatrième album de Liz Van Deuq, premier avec le label Neômme, où elle rejoint entre autre Amélie les crayons. Le disque s’appelle Vanités.

Pour rappel, les « vanités » sont des œuvres nous rappelant que nous sommes mortels, que notre vie s’achèvera un jour. Il peut s’agir de tableaux, de sculptures… Des œuvres littéraires, comme ces poèmes qui évoquent la vie éphémère, la mort. Et notre Van Deuq crâne de glisser ça dans ses vers parfois sévères.

Derrière une apparente naïveté, fausse légèreté (qu’elle chante pourtant : « Il y aura du léger / Il y aura hors saison / A s’y plonger enfin / Un ciel et un ballon… »), Liz Van Deuq est comme une araignée qui tisse sa toile et vous emprisonne, vous empoisonne dedans. Fausse et dangereuse innocence, proposition au rêve, gaieté qui n’est pas tout à fait rigolote. La vie, la mort et tout l’bazard (le foot, les disques d’or, les étoiles au Québec, l’amour tout court, les banlieues pavillonnaires…), c’est le commerce de Van Deuq. Avec le cœur pour épicentre ? Oh, pas forcément les grands sentiments, non : seulement les ventricules de cette pompe à sang aux battements réguliers ! Dans Le cœur est un muscle (c’est le titre de la chanson), Liz nous fait comme exposé bien en chaire, universitaire il va de soi, à destination d’étudiants en chirurgie cardiaque. Au demeurant elle peut chanter Le béguin, mais ça relève plus du débat que des ébats : « Tu m’as dit qu’on aurait dû s’ex / Primer au moins… » La belle nous avoue par ailleurs que « Moi et mon amant ne sommes unis que dans un poème ».

Exposé aussi sur nos dieux et la wi-fi dont elle recense, dans une étrange chanson parlée, les points communs, des lieux communs. De là, par elle, à se connecter sur le prétendu divin…

Tout ça, qui échappe et de loin au sens commun, elle le fait avec un sérieux qu’on se dit que fatalement elle va en rire sous cape, se trahir. Même si c’est gravé dans le disque, on est prêt à l’aider s’il le faut, à coup de plume et de guilis-guilis. Mais le disque est imperturbable, dans une sorte de surréalisme que vous écoutez tout sourire, épatés de tant d’audace. On est dans une autre dimension de la chanson, tant au-dessus qu’à côté. Ailleurs.

Liz Van Deuq est une tête chercheuse, qui gratte et triture le sol pour y trouver des vers. Le sol et les autres notes. Elle fouille, farfouille. Dans une musique tentée par la pop, aux ambiances aériennes où se mêlent tant piano et guitares, batterie et harpe, basson et synthés.

A la première écoute, certains trouveront ça incongru, déjanté, stupide, crieront à l’escroquerie. A la seconde, ils entreront dans cette douce folie. A la troisième ils se procureront les disques précédents. Vous pouvez bien rire, vous ferez pareil.

 

Liz Van Deuq, Vanités, Néômme/L’Autre distribution 2018. Le site de Liz Van Deuq, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Liz Van Deuq, la singularité faite chanson

  1. Franck Halimi 4 novembre 2018 à 11 h 50 min

    Très jolie vision d’une drôle de dame : bien vu (et bien entendu), Michel !

    Quant à l’artiste Liz Van Deuq, elle n’a certainement pas fini de nous embarquer très loin dans ses mirages vécus…

    Répondre

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