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Spa 2019. Patrick Bruel, plein les yeux, plein les oreilles

Patrick Bruel à Spa en 2019 Photo ©François Evrard

Patrick Bruel à Spa en 2019 Photo ©François Evrard

Francofolies de Spa, 20 juillet 2019.

 

Avec un artiste comme Patrick Bruel, dont la popularité ne faiblit décidément pas, on pouvait s’attendre à la grosse artillerie en matière de spectacle. Ce fut le cas et son Tour 2019 marquera à coup sûr la mémoire de tous ceux et toutes celles (surtout ?) qui y auront assisté. Dans le genre grandiose, on a rarement fait mieux.

Pourtant, cela paraît presque banal à première vue : un fond de scène entièrement recouvert d’écrans, sur lesquels sont diffusées des images durant tout le show. Sauf qu’ici, le mur en question est gigantesque et que ces écrans s’avèrent divisés, permettant la projection simultanée de plusieurs films différents. Dit comme ça, c’est tout bête. En vrai, l’effet est saisissant et le dispositif réellement impressionnant. Qu’il s’agisse de décors d’un réalisme incroyable (durant la chanson Le café des délices, nous sommes réellement transportés au Maroc) ou d’images de Bruel et ses musiciens filmées en direct dans un noir et blanc glamour et classieux, la magie est là., renforçant encore, s’il en était besoin, le charisme de la vedette du jour.

D’accord, mais un concert, c’est avant tout de la musique, non ? Là aussi, nous frisons la perfection. Le son est excellent et la balance parfaite, les musiciens sont des pointures (Loïc Pontieux à la batterie, Antoine Reininger à la basse et contrebasse, Romy Chelminski et Yannick Chouillet aux guitares et Benjamin Constant aux claviers), la voix du chanteur est intacte et son articulation irréprochable… Tout est rodé et professionnel et l’on ne voit pas, sauf parfaite mauvaise foi, ce que l’on pourrait trouver à redire sur ces aspects du concert.

Reste alors le hic pour certains : Patrick Bruel et ses chansons ! Mais est-ce vraiment sujet à discussion ? Lorsque l’on mesure son succès – nous étions 20.000 présents dans la place – et la ferveur incroyable de son public, si prompt à reprendre ses tubes de bout en bout, sans qu’il soit besoin de l’en prier, ergoter sur la qualité du produit proposé semble pinaillage inutile. Disons simplement que Patrick Bruel a su chanter les mots et les mélodies que des milliers de gens attendaient. Toutes ses chansons devenues des classiques sont à présent ancrées dans les cœurs et rien ne pourra jamais les en déloger.

Zaz à Spa en 2019, photo non créditée prélevée à sa page facebook. ET ENCORE Au même endroit, deux jours plus tôt, devant une foule certes moins nombreuse, se produisait ZAZ. Gros dispositif scénique également mais concert décevant, tant la chanteuse – dont l’articulation défaillante rend ardue la compréhension de ses chansons – ne crée aucun lien avec les gens venus l’applaudir. Chaque morceau est introduit par une sorte d’explication de textes en forme de pensée profonde (« Accepter la mort pour aimer la vie », « On est tous différents et c’est ça qui est bon »), mais sans connexion aucune avec le public. Le changement constant de couleur musicale (jazz manouche, rock, zouk…) est certes fièrement revendiqué par l’artiste, « qu’on ne pourra jamais mettre dans une case », mais entraîne un show décousu qu’elle seule aurait pu rendre cohérent. Un jour sans, peut-être (à deux reprises, elle déplorera son manque de concentration !) ? Espérons-le pour elle. Mais dommage pour nous.

Zaz à Spa en 2019, photo non créditée prélevée à sa page facebook.
ET ENCORE
Au même endroit, deux jours plus tôt, devant une foule certes moins nombreuse, se produisait Zaz. Gros dispositif scénique également mais concert décevant, tant la chanteuse – dont l’articulation défaillante rend ardue la compréhension de ses chansons – ne crée aucun lien avec les gens venus l’applaudir. Chaque morceau est introduit par une sorte d’explication de textes en forme de pensée profonde (« Accepter la mort pour aimer la vie », « On est tous différents et c’est ça qui est bon »), mais sans connexion aucune avec le public. Le changement constant de couleur musicale (jazz manouche, rock, zouk…) est certes fièrement revendiqué par l’artiste, « qu’on ne pourra jamais mettre dans une case », mais entraîne un show décousu qu’elle seule aurait pu rendre cohérent. Un jour sans, peut-être (à deux reprises, elle déplorera son manque de concentration !) ? Espérons-le pour elle. Mais dommage pour nous.

Du reste, si le chanteur-acteur a souvent une fâcheuse tendance à surjouer les émotions (son hommage final à Johnny, à qui il adresse un signe vers le ciel, était à cet égard vraiment too much !), il n’en reste pas moins que ses chansons, récentes comme anciennes, sont bien écrites, avec leur lot de trouvailles, même si souvent trop démonstratives. L’ensemble est en outre remarquablement cohérent, l’artiste n’ayant jamais suivi d’autre ligne de conduite que ses propres envies, là où tant d’autres, mal entourés ou mal conseillés, se laissent entraîner dans des projets qui ne leur ressemblent pas.

Ce samedi soir, nous avons pu assister à un concert admirablement construit, mêlant nouveautés estimables et hits incontournables, variant intelligemment les ambiances (un passage jazzy-cajun bienvenu pour détendre l’atmosphère, une valse-musette pour Mon amant de Saint-Jean…), alternant les rythmes et les propos… Toutes chansons portées par un interprète de grand métier, qui a su créer un contact unique avec son public et se bâtir une aura d’authenticité, de sincérité et de sympathie comme peu d’autres. Même si l’on veut nourrir un doute sur son talent, au moins ne peut-on lui ôter son professionnalisme extrême et son immense respect du public. Qu’on se le dise : un concert de Patrick sera impeccable ou ne sera pas !

Mais surtout, en ce samedi soir, des milliers de gorges ont repris en chœur Qui a le droit, Casser la voix, Alors regarde ou Place des grands hommes, avec une joie et un bonheur visibles sur tous les visages. Tout est dit.

 

Patrick Bruel, Au café des délices
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Zaz, Je veux à Ostrava, extrait
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2 Réponses à Spa 2019. Patrick Bruel, plein les yeux, plein les oreilles

  1. André Robert 27 juillet 2019 à 9 h 52 min

    J’observe que, parmi les lecteurs de « Nos Enchanteurs », la disparition récente de Anne Vanderlove a provoqué plus de réactions que l’existence de Patrick Bruel.
    Oui, je sais, ça n’a pas de rapport, mais moi, ça me soulage.

    Répondre
  2. Pol de Groeve 29 juillet 2019 à 17 h 48 min

    A défaut d’article relatant un concert d’Anne Vanderlove, ne faudrait-il pas attendre le décès de Patrick Bruel pour avoir une comparaison valable ???

    Répondre

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